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“On voulait montrer la diversité du métier et faire découvrir une filière pas assez connue : ça donnera peut-être des idées aux jeunes.” Quand Clément, 17 ans, parle de jeunes, il évoque les collégiens en quête d’orientation. Pour lui pas de doute, la formation en horticulture du lycée de Coulogne remplit toutes ses promesses : des fleurs aux légumes en passant par les arbres fruitiers, “on touche un peu à tout“, dit-il.
“On voulait montrer la diversité du métier et faire découvrir une filière pas assez connue : ça donnera peut-être des idées aux jeunes.“
Clément… 17 ans
Et c’est ce que son petit groupe, en cours de finition de sa vidéo, s’est attaché à illustrer en alternant les plans sous la serre ou dans les champs. Idem dans le groupe de Victor J. qui, s’il doit encore aller sur le terrain, a prévu de “sensibiliser les jeunes (encore eux) à la diversité du métier : aménagement paysager ce n’est pas que tailler des haies“, balaie-t-il avant que son camarade, Mattéo, n’embraie : “C’est un métier super important pour le futur : pour la biodiversité, la végétalisation urbaine, la lutte contre la pollution ou l’érosion“, liste le convaincu, qui n’a plus qu’à mettre en forme ses belles idées.
Comme eux, trois classes de bac pro des trois filières représentées au lycée de Coulogne ont livré, ou s’acharnent plus ou moins activement à finaliser, une vidéo de trois minutes maximum pour présenter leur formation. Certains ont choisi d’en présenter deux, “pour démontrer les interactions“, explique Clémence qui voit dans l’horticulture et l’aménagement paysager des liens évidents. Pour Victor D. (et ses camarades), qui livraient ce jour-là sa vidéo à la professeure de français et d’éducation socioculturelle qui encadre le projet, le choix a été de mixer aquaculture et aménagement paysager, “parce qu’avec l’aquaponie par exemple, on est dans l’interaction végétal animal“.
Un projet qui permet de mettre ces élèves en action. Qui les présente sous un autre jour aussi. “Le concours leur permet de gagner en autonomie, savoure Hélène Austin, l’enseignante. Il doit aussi leur offrir un regard critique sur ce qu’ils ont fait, je leur demande d’ailleurs de me rendre un rapport où ils doivent remettre en question leur travail. Et ils pourront avoir une très bonne note même si leur vidéo n’est pas retenue“, distingue-t-elle. Une vidéo qui concourra donc au concours national “Je filme ma formation” – plusieurs milliers de vidéos chaque année, quelques centaines retenues en sélection officielle et une dizaine primée lors d’une grande cérémonie au Grand Rex, à Paris. L’an dernier, les BTS techniques de commercialisation avaient remporté le 2e prix national. Un concours soutenu par les ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et du Travail pour ” faciliter l’orientation en faisant connaître les formations, leurs débouchés et les établissements qui les proposent via une démarche active de création vidéo numérique“. De l’autopromotion en somme. Et pour parler aux jeunes, qui de mieux qu’un jeune ? “Ils viennent parfois nous interviewer, précise Isabelle Scoliège, enseignante en agronomie. Ça nous permet d’avoir un autre rapport et ça démontre aussi que nous faisons communauté dans le lycée.“
La vidéo vient aussi s’ajouter au CV de jeunes parfois moins scolaires que d’autres, qui n’en ont pas moins l’envie de partager ces formations, puis ces métiers (le lycée participait précédemment dans l’autre catégorie du concours “Je filme le métier qui me plaît”, une décision prise en 2019 alors qu’un certain Jean Dujardin était président du jury, pas impossible que cet élément ait pu jouer les déclencheurs, ndlr) qu’ils sont fiers de représenter. “Dans quelques jours, c’est la semaine d’insertion professionnelle avec la venue de nombreux professionnels : cette vidéo est aussi un moyen de montrer leur savoir-faire“, imagine Hélène Austin.
Il y a ceux qui improvisent, avec plus ou moins de réussite, et ceux qui avaient tout pensé en amont – scénario et dialogues. Il y a ceux qui invitent “les générations futures” d’un “Salut, tu es passionné par…, viens découvrir” ; ceux qui se posent déjà en professionnels, donnant du “Mes collègues et moi allons vous présenter” et les plus scolaires, qui annoncent dans leur vidéo un exposé en trois points suivi d’une conclusion. Tous partagent cette frustration côté technique – son et lumière – et auraient apprécié une météo plus clémente.
Tous ont à cœur de mettre en avant “un métier d’avenir“, “des formations qui n’attirent pas assez” et “des filières pas assez connues“, observent-ils. Quel intérêt, pour ces terminales qui quitteront pour la plupart l’établissement dans quelques mois ? “Le métier se perd or, plus il y aura de personnes qui l’apprendront, plus les terrains seront beaux“, se projette Raphaël.
Pour chaque vidéo retenue en sélection officielle, c’est un arbre planté à Madagascar. “Avec en moyenne sept vidéos retenues sur dix chaque année, le lycée a dû en planter quelques-uns“, savoure la prof. de français. Et quelques graines probablement aussi pour l’avenir des filières. C’est dans le viseur.
Justine Demade Pellorce