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La ferme du Fort, installée à quelques mètres du Fort d’Ennetières-en-Weppes (59) le long de l’A25, peaufine ses derniers aménagements. Cette installation représente la dernière étape d’un projet en recherche et développement initié en 2018 par Veolia.
Cette année-là, Euralimentaire accueille une ferme pilote sur une parcelle d’un hectare au MIN de Lomme. L’objectif : « tester des pratiques maraîchères diversifiées où l’on concentre les cultures sur de petites surfaces », détaille Loïc Couttelle, directeur du projet pour Veolia et agriculteur bio à Wambrechies.
La technique est loin d’être nouvelle. Les acteurs de ce projet sont remontés au XIXe siècle : « À cette époque, face à l’urbanisation, les maraîchers parisiens avaient développé des techniques de production très intensive sur des petites surfaces avec une approche faiblement mécanisée, beaucoup de travail manuel ou encore des associations de cultures…, relate Loïc Couttelle. Ces pratiques ont été consignées dans des livres. Nous n’avons donc rien inventé. Il existe quelques fermes pionnières dans le monde qui se sont aussi inspirées de ces méthodes. »
Les tests de la ferme pilote ont porté leurs fruits puisque 400 variétés de légumes (et de tomates) y ont été produites en bio. La permaculture bio-intensive fonctionne donc à petite échelle. Le pari aujourd’hui est de la faire à plus grande échelle. Une ferme au monde y est parvenue, au sud de Montréal, au Canada. C’est avec cet objectif qu’a été lancée la ferme du Fort. Elle a pris ses quartiers sur sept hectares, dont un hectare sous serre (non chauffée), en face du centre commercial d’Englos. Et tout a été minutieusement pensé.
La méthode repose sur trois piliers. D’abord, une gestion optimale de la ressource en eau. « L’eau est une question centrale dans notre projet. L’ambition est de produire beaucoup avec le moins d’eau possible. Cela passe notamment par l’augmentation des capacités de rétention d’eau du sol grâce au humus, mais aussi des systèmes de récupération d’eau de pluie », souligne Loïc Couttelle.
Puis par la gestion de la fertilisation avec le recyclage de matière organique. Et enfin par la biodiversité, « on concentre nos cultures sur de petites surfaces afin de libérer de l’espace pour héberger de la biodiversité. Un agrosystème qui permet ainsi de réduire les bioagresseurs sans utilisation de produits phytosanitaires », explique le directeur du projet avant d’énumérer : « La parcelle est bordée de buttes où des milliers d’arbres, qui ont tous un intérêt d’un point de vue de la biodiversité, aussi bien pour les oiseaux que pour les insectes, vont être plantés. Une bande de plantes vivaces de cinq mètres entoure la ferme, il y aura des zones pour accueillir des fleurs messicoles, y compris dans la serre, mais aussi des haies entre les parcelles… »
Pour créer cette ferme en permaculture bio-intensive XXL, Loïc Couttelle et son équipe se sont entourés d’experts : « Nous avons fait appel à des scientifiques, des écologues, des pédologues (spécialiste des sols, ndlr)… Cultiver un grand nombre de variétés requiert un grand nombre de connaissances, un outil numérique a donc été spécialement conçu pour piloter la planification des cultures », souligne Loïc Couttelle.
L’objectif : produire 140 tonnes de légumes et plantes aromatiques par an. Ces légumes seront vendus aux magasins Auchan de la métropole lilloise car le but est « d’augmenter la production locale à destination de la consommation locale. »
Et de préciser : « Et cela sans faire de concurrence aux autres agriculteurs puisque l’idée est de compléter ce qui n’est pas acheté localement en bio par Auchan. » Tomates, betteraves, laitues… et quelque 200 autres variétés de légumes et de plantes aromatiques seront ainsi cultivés sur les terres d’Ennetières-en-Weppes. « Nous n’allons pas nous lancer dans la pomme de terre, par exemple, ce serait un non-sens puisque c’est un territoire où il y en a déjà », ajoute l’agriculteur. Il y a quelques jours, la première culture a justement été plantée, il s’agit de l’ail. Les autres suivront au printemps.
D’ici quelques mois, la ferme du Fort devrait également doubler sa surface. « Nous sommes en train de réfléchir à un partenariat avec la restauration collective. Nous serions contents de pouvoir alimenter en légumes les cantines des écoles du territoire ».
Un autre objectif de Loïc Couttelle est également de faire de cette exploitation inédite un support de sensibilisation à destination des enfants aux enjeux de l’agriculture, de l’environnement ou encore de l’alimentation et de la santé. Si les vertus environnementales du projet ne font aucun doute pour Loïc Couttelle, ce dernier espère dorénavant que le modèle tient économiquement parlant. « Nous serons fixés dans un an. Mais on est confiant », sourit-il.
Hélène Graffeuille