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Si certaines Régions ont choisi de voter leur budget avant Noël, malgré les incertitudes sur un budget national, les Hauts-de-France ont opté pour la prudence. Selon les informations de nos confrères de L’Aisne nouvelle, la décision avait été prise dès novembre 2024 par le président de la Région, Xavier Bertrand, de reporter à mars 2025 le vote d’un budget. La raison : trop d’incertitudes à l’échelle nationale pour y voir clair à l’échelle régionale.
Pour assurer la continuité des services, une sorte de « loi spéciale régionale » a été votée jeudi 12 décembre 2024. Concrètement, toujours selon les informations de nos confrères, l’idée est de modifier le budget 2024 pour qu’il continue en 2025 jusqu’à la fin du premier trimestre. Ces modifications du budget portent uniquement sur « l’ouverture d’autorisations d’engagement pour un montant de 426 millions d’euros (en fonctionnement) et sur l’ouverture d’autorisations de programme pour un montant de 183 millions d’euros », indique L’Aisne nouvelle.
Les arbitrages ainsi réalisés n’ont pas été du goût de tous. Thomas Hutin, conseiller régional de la Somme, observait ainsi dans les colonnes de notre confrère une volonté « d’austérité renforcée » avec « 276 millions de coupes budgétaires ». C’est notamment la situation des lycées qui préoccupent les oppositions : la Région prévoit de baisser leur budget de 12,6 % selon L’Aisne nouvelle.
De son côté, le budget des Pays de la Loire entérine une coupe de 100 millions d’euros dans ses dépenses de fonctionnement, dont 82 l’an prochain. Le gouvernement démissionnaire, qui envisageait une mise à contribution de cinq milliards d’euros pour les collectivités en 2025 afin de redresser les comptes publics, n’en prévoyait que 40 pour cette Région.
Un budget « de choix politiques forts pour l’avenir », assure la présidente Christelle Morançais (Horizons), qui, faute de levier fiscal, plaide pour un « recentrage sur les compétences prioritaires » de la Région, à savoir l’investissement dans les lycées et les trains TER.
Si la culture, le sport et la vie associative sont des compétences partagées et ne représentent que 10,5 % du montant des économies, les pourcentages à l’arrivée sont importants avec une amputation de 62 % pour la culture ou de 76 % pour le sport. Le conseil économique social environnemental des Pays de la Loire s’est dit « très inquiet des répercussions brutales sur des milliers d’emplois ».
Les Pays de la Loire ont-ils fait des émules ? « Les Régions ont préparé leur budget sur la base d’un projet du gouvernement qui les mettait fortement à contribution, avec un gel de la TVA qui constitue près de 60 % de leurs recettes », observe le spécialiste des finances locales Christian Escallier, pour qui les coupes dans la culture des Pays de la Loire ne sont « pas un cas isolé ».
L’Île-de-France a ainsi voté un budget d’investissement en baisse de 27 % pour la culture, soit 14,9 millions d’euros en moins sur un total de 760 millions d’euros d’économies.
Une « cure d’austérité sans précédent », selon l’opposition de gauche, qui dénonce aussi des « coupes à la hache » dans le logement, l’environnement, la formation professionnelle et les transports. Les Régionss dirigées par la gauche ont refusé publiquement de « sortir la tronçonneuse » dans leur budget culture ou vie associative.
« Il y a un vrai débat entre libéraux et sociodémocrates », a estimé le président de la Région Bretagne Loïg Chesnais-Girard (ex-PS). « Je ne crois pas aux coupes aveugles qui taillent dans la dépense publique comme une mauvaise graisse », a-t-il taclé en référence à Christelle Morançais, préférant « étaler les investissements dans le temps » ou « différer la rénovation des lycées ».
Pour leur part, en 2025, la Nouvelle-Aquitaine et la Normandie lèveront le pied sur le renouvellement des infrastructures ferroviaires et ont relevé la taxe sur les cartes grises. La Région Auvergne-Rhône-Alpes coupera dans l’apprentissage, mais se félicite d’un investissement « record » d’1,7 milliard d’euros.
D’autres Régions ont suivi la même stratégie que les Hauts-de-France, comme l’Occitanie. « On finance des associations qui luttent contre la précarité » mais « on ne va pas réduire massivement les subventions dans ce domaine, car on sait très bien qu’elles ne résisteront pas à une baisse », souligne un membre du cabinet du président Xavier Bertrand (LR).
Un « coup de rabot » global a en revanche déjà été passé en Région PACA, où le président Renaud Muselier (Renaissance) souhaite « éliminer tous les doublons de dépense avec l’État ».
Eglantine Puel Et Afp