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Marie Fuzzati est directrice scientifique à France Parkinson, elle explique ce qu’est la maladie.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est Parkinson ? On l’appelle la maladie du mouvement parce qu’elle a trois principaux symptômes : la lenteur, la rigidité et les tremblements, auxquels on pense immédiatement, or 30 % des malades ne tremblent pas. À ces symptômes physiques s’ajoutent les autres, invisibles : une soixantaine de symptômes non-moteurs parmi lesquels l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil, de la digestion… L’apathie est aussi un symptôme récurrent, ce manque d’envie de faire des choses qui est souvent difficile, pour les aidants notamment, à conjuguer avec l’invitation à bouger faite aux malades. On sait que l’activité physique permet de préserver les fonctions, de ralentir la progression de la maladie sans oublier les bénéfices psychologiques et sociaux.
Comment agit la maladie et quels sont ses traitements ? Parkinson détruit progressivement les neurones en charge de la production de dopamine. Lors du diagnostic, ces cellules spécifiques sont détruites à 60 – 70 % en général. On ne sait pas arrêter la progression de la maladie mais améliorer les symptômes moteurs avec la prise régulière de précurseurs de dopamine, des médicaments qui favorisent l’augmentation de cette hormone ou en miment l’action. Le traitement est adapté à mesure que la maladie avance, jusqu’à devoir envisager souvent un traitement en continu via la stimulation cérébrale profonde ou la pose de pompe au niveau de l’intestin. S’ils ne sont pas suffisants, ces traitements sont nécessaires, adossés à un suivi kiné, orthophoniste…
Que savons-nous des causes de la maladie ? Dans 90 % des cas, l’apparition de la maladie résulte de la combinaison de facteurs environnementaux et génétiques, on parle de Parkinson idiopathique. Les facteurs extérieurs sont les pesticides, un rapport de l’Inserm identifie notamment les régions viticoles et arboricoles comme particulièrement touchées. La France est l’un des rares pays à reconnaître Parkinson comme maladie professionnelle chez les agriculteurs mais les données manquent sur la réelle nocivité des pesticides, notamment lorsqu’ils sont combinés : il faut une prise de conscience de tous et avant tout politique. Entrent aussi en jeu la pollution aux molécules fines ou aux nanoplastiques ainsi que le stress continu, qui pourrait causer des déséquilibres augmentant le risque sur la base d’un patrimoine génétique défavorable.
Quel est le profil des malades ? On parle de 270 000 malades de Parkinson et de ses maladies apparentées en France, avec une tendance toujours à la hausse. C’est la maladie neurodégénérative qui progresse le plus dans le monde et les pays les plus touchés sont ceux qui sont en plein boom industriel, comme la Chine. L’âge moyen de diagnostic est de 70 ans (avec 1,5 fois plus d’hommes que de femmes) même si 20 à 25 % des malades ont moins de 65 ans. Santé publique France évoque, pour 2020, 15 242 malades dans les Hauts-de-France, dont 3 828 cas dans le Pas-de-Calais et 6 196 cas dans le Nord.
On parle d’un traitement à base d’antidiabétique. Un espoir ? Rappelons que les espoirs ont été nombreux, souvent balayés. Dans ce cas, il est vrai que l’on connaît de mieux en mieux les mécanismes de Parkinson, dont certains se rapprochent du diabète. Une molécule a donné des essais cliniques prometteurs : prescrite à des malades diagnostiqués depuis moins de trois ans, elle a conduit à une stabilisation de l’évolution de la maladie après un an. D’autres molécules de la même famille iraient dans ce sens, donc l’espoir est réel. Il faudra attendre le résultat de deux autres essais, attendus pour 2024, pour confirmer ou non cette piste.
Propos recueillis par Justine Demade Pellorce
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