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Les vols au champs et plus généralement dans le milieux agricole se multiplient, selon certains Jeunes agriculteurs.
« De plus en plus. » Si le vol de légumes au champ a toujours existé, il s’est accru ces derniers temps, atteignant des sommets cette année. La faute à l’inflation ? En partie probablement, mais pas seulement pour certains qui, ayant déjà pris des voleurs sur le fait, n’ont jamais « eu l’impression qu’ils étaient dans le besoin ». Romain Vernielle est président de la section des Jeunes agriculteurs de Flandres. C’est lui qui a organisé une action coup de poing jeudi 14 septembre, rassemblant une vingtaine d’agriculteurs du secteur, tous touchés un jour ou l’autre par un vol et qui ont brandi cette pancarte devant les caméras : « Stop aux vols. »
C’est la découverte, à Hazebrouck, d’une parcelle grossièrement débarrassée de nombreux potirons qui a joué la goutte d’eau. « C’est bien simple, sans surveillance, en une semaine le champ d’un hectare aurait été nettoyé », estime le syndicaliste.
Qu’entend-il par surveillance ? « L’agriculteur a fait des rondes et la gendarmerie a été prévenue », explique celui qui prévoit aujourd’hui de « mettre en place l’achat de caméras de chasse » : ces petites caméras à détection automatique placées de façon aléatoire sur les parcelles les plus exposées, c’est-à-dire les plus isolées ou celles qui accueillent les productions les plus faciles à voler.
Potirons, poireaux, carottes mais aussi pommes de terre que certains ne se privent pas de déterrer. Résultat : de grands sacs et parfois des coffres de voiture remplis de ces butins que Romain Vernielle imagine difficilement être destinés à la consommation personnelle.
Au bord des routes ou sur le Bon coin observe-t-il, sur les étals des marchés pense encore son confrère du Calaisis, Adrien Ferrant : ces productions volées viennent alimenter un petit trafic. D’autres servent encore à la consommation personnelle : quelques poireaux par-ci, un ou deux potirons par-là : par ici la bonne soupe. « Sans oublier les trous que l’on observe parfois dans nos champs mais qu’on ne s’amuse pas à compter », dit l’agriculteur des Flandres.
Et que répondent les personnes prises en flagrant délit ? « Des excuses à tomber par terre, déplore Romain Vernielle. Ils disent ne pas savoir, ou avoir pensé que le champ était récolté et que ces produits étaient restés car hors gabarit, et ça même quand le champ est plein. On m’a même dit un jour que nous n’avions qu’à mettre des barrières. »
Le jeune Flamand estime que, si elle n’est pas l’unique raison, l’inflation permet probablement à ces voleurs de se faire un petit pécule. « L’agriculteur volé la semaine dernière avait planté ses potirons le long de la grand-route, à proximité des maisons car la culture ne nécessite pas de traitement. Il s’est dit que ça ferait plaisir aux habitants. On parle de produire local, consommer local, or ces vols ne favorisent pas le local : ils vont finir par décourager certains maraîchers qui se tourneront vers les légumes d’industrie », prévient celui qui, en tant que syndicaliste, passe son temps à combattre les prix, les normes… mais ne conçoit pas devoir commencer à combattre le vol.
De son côté, Adrien Ferrant a récemment eu connaissance de vols de monnaie au niveau des distributeurs de produits fermiers. Dans ses champs, ce sont les poireaux qui disparaissent régulièrement à la nuit tombée : « Deux ou trois parcelles l’an dernier, six ou sept cette année », compte celui qui s’alarme aussi de la comestibilité de produits dont le délai légal entre le dernier traitement et la consommation n’est pas respecté.
Dernier secteur touché par les vols et pas des moindres : le matériel. « Il y a quelques années, c’étaient des tracteurs entiers qui disparaissaient », observe Adrien Pecher. Le JA de l’Avesnois, moins concerné par le maraîchage et donc les vols au champ, a par contre observé une vague de vols de systèmes GPS l’an dernier, « sur une période de deux mois ». Par dizaines, ces systèmes coûtant entre 5 000 et 20 000 euros ont été démontés pour être revendus dans les pays de l’Est.
Lui-même, comme d’autres, a surpris des rôdeurs, cagoulés, dans la cour de leur ferme et qui avaient « probablement repéré le matériel, invisible depuis le chemin sinon ». Des vols qui ont également eu lieu chez des concessionnaires, aux grilles fermées et caméras allumées. « On nous conseille de démonter le système chaque jour, ce qui représente une demi-heure de démontage le soir, puis une autre demi-heure de montage le matin : on n’a pas que ça à faire. C’est dramatique d’en arriver là pour protéger nos outils de production », lance le JA du secteur d’Avesnes-sur-Helpe.
Justine Demade Pellorce