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« C’est dommage, je n’aime pas le café ! » Si elle ne s’en excuse pas, Carmen Perrichot regrette de ne pas apprécier l’amertume du breuvage alors qu’elle a visité un pays producteur d’excellent café : ça, ce sont ses parents qui le disent et elle ne peut que les croire sur parole.
À 16 ans, la Marcquoise est interne à l’Institut de Genech en première STAV, pour Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant, option production agricole (production végétale et animale). Le projet de la jeune fille : devenir vétérinaire rurale et s’occuper des animaux de la ferme.
En mars dernier, elle s’est envolée pour le Costa Rica avec des élèves de filière générale et trois camarades de STAV : un séjour linguistique organisé par Maddalena Mesnier, la professeure d’espagnol avec l’accompagnement de monsieur Kemel, prof de sport. « C’est un échange, précise Carmen, nous avons été accueillis chez des correspondants qui viendront à leur tour passer deux semaines ici en octobre. » Un accueil en familles qui explique la faible proportion d’élèves des filières agricoles : la plupart sont internes, ce qui empêche l’accueil des camarades costaricains. Et si Carmen l’est aussi, elle et sa famille ont accepté les allers-retours quotidiens pour l’occasion.
La correspondante de Carmen s’appelle Paula, elle a 16 ans aussi et suit des études générales. Elle habite avec sa mère, son petit frère, Alejandro, « mais on l’appelle Ale », précise la lycéenne, et son petit chat, coffee. « Les jeunes là-bas sont très forts en anglais », rebondit celle qui explique les films en version originale, les nombreuses activités en anglais et la proximité, finalement, des États-Unis et de la culture anglo-saxonne. « D’ailleurs ils n’avaient jamais vu de Français et nous avons été présentés à tout le monde », sourit Carmen dans le combiné. Et pourquoi le choix du français ? « Parce qu’ils trouvent que c’est une très belle langue, même s’ils la trouvent très difficile. »
Les élèves nordistes ont atterri à San José, la capitale du petit pays d’Amérique centrale, après onze heures de vol et un décalage horaire de sept heures. Accueillis par les familles, ils ont eu droit aux présentations, à la visite des lieux, au premier repas… Ensuite, pendant deux semaines, les jeunes se sont rendus au lycée où ils ont suivi des cours avec leurs correspondants ou fait des visites de musées, cathédrales mais, surtout, de plages paradisiaques au sable noir ou très protégées et qui abritent singes ou ratons-laveurs.
Pour Carmen, logée à Heredia, grande ville de la banlieue de la capitale, c’était chaque jour lever à 5 heures pour arriver à 7h30, heure de début des cours. Ensuite, une succession de cours et de pauses repas : « C’est bien simple, nous avons passé notre temps à manger », se marre-t-elle. « Un deuxième petit-déjeuner dans la matinée, puis un énorme déjeuner le midi, puis un premier goûter l’après-midi et un deuxième chez la grand-mère de Paula où nous allions après les cours le temps que sa mère termine le travail, avant de manger tôt le soir. »
De la nourriture justement, elle retient d’abord les frijoles con arroz, riz aux haricots rouges dont pas une journée ne manquait. Pas mauvais, mais elle retient davantage ce plat à base de pâte de maïs et de fromage, ou les fruits… les fruits exotiques comme la papaye, l’ananas, la goyave… Et le café donc, « dont ils raffolent tous et qu’ils mettent à toutes les sauces ».
Le café a été l’une des destinations logiques du voyage. C’était à Alajuela. Les lycéens ont pu visiter la plantation ; assister à la récolte des fruits, appelés cerises de café en raison de leur forme et de leur couleur rouge à maturité ; au tri par des machines puis au séchage au sol, en extérieur. À cette étape il est important de retourner les grains afin qu’ils sèchent uniformément et ne fermentent pas à l’aide d’une sorte de grand râteau.
Outre cette plantation, les immenses troupeaux de vaches aux longues cornes, « mais aussi des noires et blanches, un peu comme les prim’holstein de chez nous », ce qu’a pu observer Carmen une fois sortie des grandes villes, c’est l’incroyable richesse de la nature : des paysages paradisiaques et des animaux féériques. Avec une température moyenne de 35°, c’était la fin de la période sèche avant la saison des pluies (les deux saisons de ce petit pays tropical).
« Le week-end, ma famille d’accueil m’a emmenée visiter les îles Tortues : après une mini-croisière nous nous sommes baignés dans les eaux turquoise, avons fait du snorkeling (palmes et tuba) et avons vu des centaines de poissons de toutes les couleurs », savoure la jeune fille qui réfléchit activement au programme du séjour automnal de Paula. « Nous avons pensé à Nausicaa pour l’instant. Dommage que ce ne soit pas en fin d’année, nous aurions pu visiter les marchés de Noël », regrette Carmen qui sait déjà qu’elle fera goûter des fromages à sa correspondante. « Au Costa Rica il n’y en avait que quatre et sans beaucoup de goût. »
La demoiselle se dit reconnaissante d’être tombée sur « une très bonne famille » avec qui elle a fait plein de choses extra et dont elle a reçu plein de cadeaux, bijoux, café, chocolats ou miel. Une famille dont elle a vite adopté la vitesse de parole. « J’ai des facilités en langue et je serais peut-être bilingue si j’avais pris plus de temps à parler en espagnol avec mon père », admet la lycéenne qui assure le faire davantage depuis son retour. Par contre, elle ne s’est toujours pas mise au café.
Justine Demade Pellorce