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À 31 ans, Valentin Belleval est maire d’Hazebrouck, président de l’agglomération Cœur de Flandre, vice-président départemental en charge de la voirie et des infrastructures et récemment élu à la présidence du bailleur social Partenord Habitat. Des mandats complémentaires, juge celui qui ne voit pas de meilleur moyen de faire peser le territoire. « On aura réussi à faire investir quasiment 100 millions d’euros d’argent public sur la durée du mandat : sans précédent », pose l’ambitieux.
Ma famille n’est pas du tout dans la vie politique – mon père était poissonnier et ma mère est toujours coiffeuse à domicile – mais elle aimait bien ça. Je suis tombé dedans pendant l’élection de 2007 : j’ai 13 ou 14 ans et mon père m’emmène voir Nicolas Sarkozy en meeting à Paris. Je ressors de là en me disant « j’ai envie de faire ça », ça ne m’a jamais quitté.
Ce qui était un engagement militant s’est transformé en engagement pour le territoire. La question de l’ancrage est particulièrement forte en Flandre. J’ai impulsé la liste pour les municipales de 2014 sans en être tête de liste parce que j’avais 19 ans : je suis alors devenu conseiller municipal de la ville d’Hazebrouck et vice-président de la communauté de communes et j’ai terminé mes études en droit public.
J’ai ensuite travaillé pendant quatre ans au sein d’un groupe de promotion immobilière avant de tout quitter en 2019 pour me lancer dans la campagne de 2020.
Dès 16 ans je me suis engagé, à l’UMP à l’époque. Si je suis tombé dans la politique en voyant Sarkozy, je suis particulièrement admiratif du parcours d’un Chirac. Mais j’ai été un grand déçu de la succession en 2012 et des conflits dont la droite française ne s’est finalement jamais remise. J’avais tout quitté, me promettant presque de ne jamais y revenir.
Dix ans plus tard, la rencontre humaine et personnelle avec Édouard Philippe a été un vrai déclencheur. Un vrai espoir aussi de voix de la modération, pro-européenne. J’ai rejoint Horizons dès la création du parti. Sur la thématique de l’éducation, c’est justement parce que je ne connaissais pas le sujet qu’Édouard Philippe a pensé que je pourrais y réfléchir sans a priori.
La communauté de communes a été créée en 2014 en regroupant six intercommunalités et trois communes isolées. Il a d’abord fallu apprendre à travailler ensemble. Aussi, les élus de l’époque voyaient dans le concept d’agglomération quelque chose de trop urbain. L’étape d’après était le passage en agglomération, les conditions de seuil de population total, de taille de ville-centre étant déjà atteintes. Il fallait ajouter la prise des dernières compétences obligatoires que sont l’eau – la maîtrise publique de la ressource en eau est fondamentale -, l’assainissement et la mobilité. À ce sujet, nous faisons le choix de développer un réseau de transport gratuit qui s’appuiera sur des navettes ralliant les gares du territoire, des navettes urbaines et un transport à la demande.
On l’a souvent décrit comme un territoire insulaire, isolé, très gaulois dans l’approche. On a complètement changé de paradigme. Nous ne sommes pas au milieu de la région, nous sommes aux confluences d’autres territoires de premier rang, au cœur d’une sorte de grande mégapole européenne qui va de Dunkerque à Lille.
On est un territoire transfrontalier, avec une frontière commune à l’Audomarois aussi, donc au Pas-de-Calais. Nous avons un emplacement stratégique dans l’organisation régionale. Avec l’A25, le train, le développement potentiel de la Lys, nous avons une carte maîtresse à jouer de liaison et de plateforme tournante de tous ces territoires en termes de déplacements mais aussi de partenariats politiques. C’est notamment tout le sens du partenariat, informel pour l’instant, avec la communauté urbaine de Dunkerque.
Il y a en effet une forme d’identité culturelle, festive, traditionnelle, gastronomique… Quelque chose qui fait qu’on aime se retrouver sur le territoire et qu’on le revendique. On observe d’ailleurs beaucoup de jeunes s’installer, des jeunes qui reviennent par attachement après avoir fait leurs études à Lille, par exemple.
Il y a une forte attractivité du territoire, avec un cadre à un coût de la vie qui reste plus accessible que sur la métropole lilloise : c’est un des seuls territoires régionaux qui gagne aujourd’hui de la population avec une situation de plein-emploi (le taux de chômage est de 3 ou 4 % sur le territoire). Nous portons notamment un projet de pôle d’excellence agro-économique à Hazebrouck pour former aux métiers de l’agroalimentaire.
Le choix de la Région d’implanter sa Cité de la bière à Bailleul s’inscrit aussi dans cet élan. Nous avions une obligation historique, économique, agricole de postuler, mais l’évidence pouvait aussi se retourner contre nous et il a bien fallu veiller à proposer un projet de Cité régionale de la bière et non de Cité flamande de la bière. Un projet à 20 millions d’euros, dont la moitié de financements régionaux, qui devrait voir le jour fin 2027 avec des actions de préfiguration d’ici la fin 2024.
2007. Il “tombe” dans la politique lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
2014. Il impulse une liste pour les municipales d’Hazebrouck et y siège comme conseilleur municipal.
2020. Élu maire d’Hazebrouck, président de la comcom, puis vice-président départemental en 2021.
2024. Élu à la présidence du bailleur Partenord Habitat.
Propos recueillis par Justine Demade Pellorce