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Dans les Flandres et plus précisément à Haverskerque entre Hazebrouck et Béthune, la famille Labouré propose de vivre une expérience peu commune dans la région : faire du chien de traîneau. Une bonne idée pour occuper petits et grands…
« C’est génial ! », s’exclame Nina, le sourire aux lèvres. Il faut dire que pour la petite fille de 6 ans, c’est le paradis. Amoureuse des animaux, elle est entourée de 50 chiens et pas les plus petits. Huskys de Sibérie, Eurohound, borders collies, bergers australiens ou encore mudis viennent chercher des caresses.
Pour Léon, son petit frère de 4 ans, plus craintif (et surtout à hauteur de truffes), il faudra attendre quelques minutes avant qu’il ne se détende face à cette meute aussi impressionnante que sympathique.
Cette meute, c’est celle de Martine et Michel Labouré à la tête du domaine de Mi-Loup. Le couple propose des baptêmes avec des chiens de traîneau.
Tous deux sont mushers depuis 1989. « C’est une passion que j’ai depuis toujours. J’adorais l’univers de Jack London, et notamment Croc-Blanc. Et lorsque j’ai rencontré Michel, je lui ai transmis le virus », sourit Martine Labouré aujourd’hui âgée de 60 ans.
Les deux enfants du couple, Jean-Baptiste et Gabriel, ont aussi hérité de cette passion. « Ils savaient faire du chien de traîneau avant même de savoir marcher », plaisante la musheuse.
Et la famille a du talent : Michel Labouré a été champion d’Europe en la matière et, pendant plusieurs années, il s’est classé dans le top 5 au niveau international. Le fils aîné, Jean-Baptiste Labouré, a, lui, été champion du monde et champion d’Europe entre 2005 et 2011.
Quant à la mère de famille, elle s’est longtemps investie au sein de la fédération française des sports de traîneau (FFST). « J’y ai notamment occupé le poste de directrice technique, j’étais chargée de sélectionner les attelages pour les compétitions internationales pour y envoyer les meilleurs. » Leur fils, Gabriel Labouré étant en situation de handicap, le couple a aussi milité pour développer le handisport au sein de la FFST.
En 2016, suite au licenciement économique de Michel Labouré, la famille décide de changer de vie. Le couple achète des bâtiments agricoles dans les Flandres, qui servaient jusque-là pour un élevage de volailles, et les transforme pour y accueillir leurs 25 chiens.
Leur idée ? « Partager notre passion, mais aussi y faire une pension et un élevage », détaille Martine Labouré. Depuis, la famille Labouré, entourée aujourd’hui de 50 chiens, ne chôme pas. Martine a gardé son activité d’infirmière libérale qu’elle exerce le matin, dès 6 h 30, et l’après-midi, elle poursuit sa journée sur le domaine. Elle gère plus particulièrement la partie administrative et la communication, tandis que son époux et leur fils cadet s’occupent des chiens.
Chaque semaine, ils accueillent particuliers et groupes (centres de loisirs, Ehpad ou encore centres pour personnes en situation de handicap…). « Et plus qu’un baptême de chiens de traîneau, c’est une expérience de musher que nous leur proposons de vivre », insiste Martine Labouré. Car avant de s’installer sur le kart tracté par 14 chiens, les participants en apprendront davantage sur ces chiens de race de travail, ils visiteront le domaine, iront à la rencontre de la meute avant de préparer les chiens pour l’attelage. Ensuite, ils s’installeront sur le kart où ils parcourront 2,5 kilomètres autour du domaine à une allure de 30 à 40 km/h. « Ça décoiffe », lâchera d’ailleurs Léon.
Et lorsqu’ils n’accueillent pas de public, Michel, Martine et Gabriel Labouré chouchoutent leurs compagnons à quatre pattes qui font partie intégrante de la famille. Impensable de se séparer de l’un d’eux, « lorsque nous les sélectionnons pour faire partie de notre meute, nous les gardons jusqu’à leur mort, ils font partie de la famille », insiste Martine Labouré. En témoigne Éclipse, un Husky de 14 ans qui profite de son statut de retraité dans le canapé de la maison !
Michel et Martine Labouré essuient parfois des critiques de certains les accusant de maltraitance animale. « Nos chiens, on les aime. Ce sont des races de travail qui ont besoin de se dépenser. Tirer un traîneau est un jeu pour eux, il n’y a qu’à les regarder trépigner d’impatience lorsqu’on sort les harnais ! » Et la musheuse d’ajouter : « Ils voient tous le vétérinaire au moins une fois dans l’année. Nous faisons aussi appel aux services d’un ostéopathe. Le chenil est nettoyé tous les matins, et ils sont nourris comme des athlètes de haut niveau. Et lorsque nous n’accueillons pas de public, nous les emmenons s’entraîner dans la forêt de Nieppe. »
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Si pour le moment, Martine Labouré travaille à mi-temps sur le domaine, elle espère bien, un jour, y passer à temps complet. D’autant que la musheuse a plein d’idées : « J’aimerais proposer des ateliers filage de poils de chien. Car ces derniers peuvent se tricoter ! »
En attendant, vous pourriez croiser, d’ici quelques semaines, le kart du domaine transformé – « pour des demandes de municipalités pour des animations lors des fêtes de fin d’année » – en traîneau du Père Noël.
Hélène Graffeuille