Lorsque Nicolas Delcroix reprend l’exploitation familiale en 1994, l’élevage se concentre sur les porcs et les vaches. Mais à cette époque, les prix s’effondrent et il devient impératif de trouver une activité plus rémunératrice. C’est ainsi que naît l’idée des autruches. Avec audace, il fait venir quatre autruches d’Afrique : la Ferme des autruches de Zutkerque (62) venait de voir le jour. Séverine, sa femme, qui ne se destinait à travailler sur l’exploitation, rejoint finalement Nicolas après leur mariage.
Aujourd’hui, sur 93 hectares, ils cultivent 11 productions : pommes de terre, oignons, betteraves sucrières, chicons, pois de conserve, lin, blé, orge, maïs et même du miscanthus. L’élevage de 150 autruches complète ce tableau agricole diversifié, dans une logique d’autosuffisance où rien ne se perd : le miscanthus cultivé sur place devient la litière des oiseaux.
Tout est allé vite pour les Delcroix. Dès 1995, grâce à la méthode d’incubation des œufs, la ferme peut vendre des poussins. En 1997, l’élevage prend forme et permet de développer le débouché de la vente de jeunes reproducteurs.
Mais chez les Delcroix, il ne suffit pas de produire, il faut aussi valoriser. En 2001, ils franchissent une nouvelle étape en aménageant un local dédié à l’élaboration de produits à base d’autruche. Terrines, bocaux, viandes transformées… Séverine et Nicolas se retroussent les manches et se lancent dans la cuisine avec une seule ligne directrice : proposer des produits de qualité issus de leur propre élevage.
Le couple propose donc toute une gamme de morceaux de viande d’autruche, mais aussi des produits cuisinés comme des saucisses, de la viande fumée ou encore du pâté.
Pour toujours mieux maîtriser leur production, le couple installe un abattoir agréé en 2002, qui sera ensuite agréé aux normes européennes en 2009.
Leur volonté de rapprocher les consommateurs des producteurs prend une nouvelle dimension en 2022 avec l’ouverture d’un distributeur automatique baptisé « Aux délices de la grange », à Audruicq, où 600 casiers proposent les produits de 30 autres agriculteurs locaux. Un projet dont Séverine est particulièrement fière, « c’est le petit bijou de Séverine », confie Nicolas avec un sourire complice.
Au-delà de l’aspect économique, c’est une philosophie qui anime la famille Delcroix, celle de transmettre, de partager et de créer du lien. Chaque année, le premier dimanche de septembre, la ferme ouvre grand ses portes au public. Une journée phare, où l’on se rassemble autour d’un grand repas, dans une ambiance conviviale portée par plus de 200 bénévoles. Le moment fort ? La naissance d’une autruche en direct, un spectacle fascinant qui émerveille petits et grands. « Le but, c’est de rassembler les gens », expliquent-ils avec simplicité.
Si aujourd’hui la Ferme des autruches est un modèle de diversification et de dynamisme, c’est aussi parce que chaque décision est prise avec un regard tourné vers l’avenir. La transmission de l’exploitation est une réflexion constante. « Le plus beau métier, c’est de vendre ce qu’on produit », souligne Nicolas. Être maîtres de leur production, assurer la pérennité de leur entreprise tout en restant fidèles à leurs valeurs, le pari semble réussi pour le couple pour qui la passion ne s’arrête jamais.
Après avoir temporairement mis de côté les visites de groupe à cause du manque de temps post-covid, ils ont aujourd’hui l’objectif de les relancer. Toujours en quête de nouveaux projets, toujours animés par cette envie de partager. Ici, on ne se contente pas de produire, on fait vivre une histoire, avec le cœur.
Mathilde Quelderie, étudiante Junia
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