Selon une enquête réalisée en 2023 conjointement entre les chambres d’agriculture du Nord-Pas de Calais, de la Somme, de l’Oise et de l’Aisne, environ 400 distributeurs fermiers seraient présents dans la région (en plus de recensement, 43 agriculteurs ont été interrogés).
Décryptage avec Sarah Duqueyroix, responsable du service diversification de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais.
Selon l’enquête, environ 2/3 des distributeurs se trouvent dans le nord des Hauts-de-France. La raison est à la fois historique et démographique : « Le Nord-Pas de Calais est une région où la vente directe est fortement implantée par rapport au reste de la région mais aussi par rapport aux autres régions de France. On doit cela au passé minier, où il était commun d’aller chercher ses produits à la ferme, explique Sarah Duqueyroix. Par ailleurs, on est aussi sur un bassin de consommation important, ce qui explique cette concentration. »
Si depuis le début des années 2010, le nombre de distributeurs fermiers a considérablement augmenté, ces derniers temps, le rythme d’installation ralentit.
« Il y a plusieurs raisons à cela. La première c’est que l’investissement est plus conséquent qu’avant. Les premiers casiers étaient plus basiques : des casiers avec un monnayeur. Aujourd’hui ils peuvent être réfrigérés, avec un lecteur de carte, être ouverts sept jours sur sept, 24 h/24… Donc les prix ont augmenté. »
À cela s’ajoute « la conjoncture : les agriculteurs rencontrent des difficultés et sont peut-être un peu plus frileux. Mais on reçoit encore des dossiers tous les ans ! »
Car, même s’ils coûtent plus cher, les distributeurs fermiers sont rentables. « Globalement, ça fonctionne très bien. Quand ça ne fonctionne pas, c’est principalement à cause de l’emplacement. S’il est bien positionné et réfléchi dans son dimensionnement, un distributeur automatique est rentable. »
Ainsi, selon les chiffres de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, pour un distributeur de 60 casiers (en moyenne ce qui se fait dans la région), l’agriculteur débourse entre 25 000 et 35 000 euros et peut espérer un retour sur investissement entre un an et cinq ans.
« Je me souviens très bien qu’avec le premier agriculteur que j’ai accompagné sur l’installation d’un distributeur, en 2010, on avait tablé sur un retour sur investissement de huit ans. Un an après il m’a appelé pour que je l’aide à agrandir car il l’avait rentabilisé ! »
Autre point soulevé par l’enquête : un distributeur fermier nécessite du temps. « Il ne faut pas croire que cela permettra de remplacer un magasin à la ferme. Comme pour un magasin, ça nécessite du temps, notamment pour le réapprovisionner. C’est important car si un consommateur arrive et qu’il n’y a rien dans le distributeur, il ne reviendra pas ! »
Aussi, toujours selon l’enquête de 2023, sur les 43 enquêtés, 37 % indiquent consacrer plus de 20 heures par semaine au réassort, entretien et nettoyage du distributeur. Dans 60 % des cas, c’est l’agriculteur qui s’en charge, mais dans 35 % des cas, l’agriculteur fait équipe avec un tiers. « Tous les agriculteurs qui passent moins de cinq heures par semaine au réassort, à l’entretien, au nettoyage du distributeur le font eux-mêmes. À partir du moment où l’on y passe plus de cinq heures par semaine, une aide extérieure est nécessaire pour la plupart des personnes interrogées », indique l’enquête.
Mais ces chiffres dépendent beaucoup de la taille du distributeur, des produits et de la saison. Par exemple : « Lorsque c’est la saison des fraises, si le distributeur en propose, il y a la queue devant », décrit Sarah Duqueyroix.
Selon l’enquête, plus de 77 % des agriculteurs qui réapprovisionnent leur distributeur plusieurs fois par jour ont plus de 40 casiers.
Selon la responsable du service diversification, du fait des enjeux financiers et de rentabilité, se faire accompagner dans l’installation d’un distributeur est LA chose à faire : « Ce n’est pas simplement un distributeur qu’on pose là, il y a beaucoup plus de choses à savoir que ce que l’on pense. Il y a tout ce qui est réglementation par exemple, surtout si on vend des produits laitiers. Et puis il y a trop d’erreurs de dimensionnement : des casiers trop grands, pas assez optimisés… Il y a évidemment la chambre qui peut accompagner mais pas que, plusieurs organismes sont capables de monter des dossiers avec les agriculteurs. Le tout c’est de se faire aider. »
églantine Puel
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