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Il est difficile de recenser le nombre de projets d’agriculture urbaine dans les Hauts-de-France : en effet, ils fleurissent à tous les coins de rue et prennent des formes variées. Ils connaissent en tout cas un véritable engouement de la part du grand public comme de certaines collectivités.
Recréer du lien social, accueillir la biodiversité, créer de l’emploi, apporter des îlots de fraîcheur dans des villes étouffant sous la canicule, dépolluer des sols contaminés, retisser un lien avec la nature, permettre à des populations fragilisées de se nourrir convenablement, encourager la créativité… les fonctions de l’agriculture urbaine sont nombreuses et la production de fruits et légumes n’est parfois qu’un support, un outil.
À Lille, plusieurs projets sont en cours de développement : au cœur du palais Rameaux, l’école Yncréa doit installer un centre de recherche et de production sur ce type de production. À Fives, le projet Tast’In fives a pour principaux objectifs l’insertion sociale et l’accès à une nourriture saine pour le plus grand nombre. Dans le reste de la région, d’autres villes ont aussi un pied dans la culture urbaine.
Le cadre juridique dans lequel l’agriculture urbaine évolue est encore flou : « Le droit rural se calque sur l’occupation du sol », souligne Marie Stankowiak, responsable du Grecat (Groupe de recherche et d’études concertées sur l’agriculture et les territoires) de l’ISA Lille. Et concernant le statut des producteurs ? « Aujourd’hui, très peu sont juridiquement dans des structures agricoles. Il y a surtout des Sarl, des start-up », précise-t-elle.
Le Cese (Conseil économique, social et environnemental), dans un avis adopté le 12 juin 2019, conseille d’intégrer dans la future réforme du droit foncier rural « une réflexion sur des dispositions spécifiques à l’agriculture urbaine dans le cadre du statut du fermage ».
Quant à la viabilité économique de ces projets, elle n’a pas été démontrée. Très peu d’agriculteurs urbains vivent de leur production. Mais il faut préciser que beaucoup de ces projets n’ont tout simplement pas vocation commerciale ; ils se revendiquent de l’intérêt général. La plupart des acteurs que nous avons rencontrés l’assurent : loin d’eux l’idée de l’autonomie alimentaire, c’est bien la campagne qui continuera à nourrir les villes.
Lire « En ville, on ne va pas pouvoir tout produire », notre interview de Anne-Cécile Daniel, cofondatrice de l’Afaup, association française d’agriculture urbaine professionnelle.
Du côté du monde agricole, on note une certaine perplexité et encore beaucoup de questionnements. Dominique Werbrouck, directeur du Pôle légumes région Nord et membre de la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais, met, lui, en garde : le verdissement de la ville ne doit pas être un prétexte pour grignoter encore davantage les terres agricoles.
Lire le point de vue de Dominique Werbrouck « Ce n’est pas parce qu’on a un potager qu’on est agriculteur ».
Mais l’agriculture urbaine ne serait-elle pas un moyen de rapprocher citadins et agriculteurs ? Un moyen de faire comprendre les problématiques des professionnels des champs aux habitants des villes. Peut-être peut elle aussi représenter une opportunité pour le secteur ?
Les agriculteurs peuvent avoir un rôle à jouer à travers la formation, mais aussi en prenant pleinement part aux projets, comme c’est le cas à Loos-en-Gohelle (62) où des maraîchers bio écoulent une partie de leur production grâce à la microferme Cocagne de Gohelle
Lire notre reportage :
« Un pont entre agriculteurs et consommateurs ».
Il est désormais temps de partir sur le terrain, à la découverte de cette agriculture des villes !
Feuilletez notre reportage photo à la découverte de la ferme du Trichon, qui a permis à des habitants de Roubaix de reconquérir une friche industrielle : « Une façon de se reconnecter à la terre ».
Et voyons, au fil du temps, à quoi ressemblera ce vert qui envahit le gris des villes ; ne serait-ce pas un juste retour des choses ?
Laura Béheulière