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« On aime bien dire qu’on a les pieds dans les bottes et la veste de costume à l’étage », sourit Charles Terrey. Alors qu’ils sont encore tous les deux étudiants à UniLaSalle Rouen, lui et son acolyte Pierre Wirenius viennent de lancer officiellement leur logiciel de gestion tout-en-un : TerraGrow.
L’idée ? Regrouper dans un seul et même logiciel des OAD (outils d’aide à la décision), la comptabilité, la gestion des ressources humaines, ou encore les cours du marché… Bref, « le but est de décharger l’agriculteur de tout ce qui est administratif et de lui faciliter le travail en regroupant tout ce dont il a besoin à un seul endroit ».
Pour cela, les deux jeunes hommes comptent sur l’intelligence artificielle, enfin, les intelligences artificielles (car elles aussi fonctionnent mieux en collectif) et sur le terrain.
Mais pour en arriver là, remontons un peu dans le temps. Pierre Wirenius, originaire de région parisienne, se passionne pour les sciences du vivant et le développement durable. Il décide d’effectuer ses études à UniLaSalle. Charles Terrey, fils d’agriculteur en Champagne, se passionne lui pour la “deeptech” et notamment pour les intelligences artificielles (IA). Deux parcours un peu atypiques qui ensemble permettent de créer TerraGrow.
« Le métier d’agriculteur a beaucoup changé ces dernières années. On y a ajouté de la complexité réglementaire et administrative », explique Charles Terrey, qui est en train de reprendre l’exploitation familiale. « Le logiciel vise vraiment cette facette de chef d’entreprise », ajoute Pierre Wirenius. Lier agronomie et économie dans un seul logiciel est pour eux un choix évident. « On va imbriquer des données pour que ces deux aspects soient reliés. C’est là qu’on utilise l’IA. Mais on en utilise plusieurs qu’on choisit et adapte à la fonctionnalité du logiciel. Par exemple, l’agriculteur peut indiquer quel plan de fertilisation il compte faire. Quand il fera un passage d’azote, le logiciel va lui indiquer avec l’IA l’effet pour ses cultures mais aussi son coût, tout ça en une seule et même manipulation. En fait, l’IA va prévoir ce qu’il va utiliser dans le futur et donc les incidences agronomique et économique », explique le duo.
Début 2025, le logiciel intégrera aussi un « indicateur social ». Concrètement, « c’est de la gestion RH. L’exploitant indique le nombre de personnes qui travaillent dans l’exploitation et pourra anticiper, en fonction des différentes tâches, les coups de pressions et donc les périodes de tensions qui pourraient survenir », développe Charles Terrey.
Évidemment, devant tant de fonctionnalités, on peut se demander comment s’y retrouver. « C’était une de nos prérogatives : rendre l’interface facile à prendre en main. Là aussi, l’IA joue un rôle car elle permet un maximum d’autonomisation des tâches. Par exemple, pour créer son compte, l’exploitant devra télécharger trois fichiers, dont son dossier réglementaire. Pendant que cela se télécharge, des vidéos d’explications du logiciel lui seront diffusées. En parallèle, l’IA se charge d’extraire les données utiles à la création du compte mais aussi aux futures fonctionnalités. »
Mais évidemment, l’IA ne fait pas tout. « On a lancé une phase de test en septembre qui nous permet d’avoir des retours et le cas échéant, faire évoluer TerraGrow. Par ailleurs, il est prévu que le logiciel permette une mise en relation entre les agriculteurs et les centres de gestion car, rien ne remplace un humain pour conseiller. Mais là aussi, l’idée est de décharger les centres de gestion de l’administratif et de pouvoir, grâce au logiciel, avoir les informations de leur client à jour et donc d’avoir plus qu’à s’occuper du conseil. »
L’idée va même plus loin, comme c’est apparemment l’habitude des deux comparses : « Par exemple, pour une transmission / vente d’exploitation, on pourra avec le logiciel faire des valorisations de l’exploitation et proposer des modèles de financements… »
Jusqu’à la fin de l’année, les agriculteurs qui s’inscrivent sur TerraGrow peuvent utiliser le logiciel gratuitement puis bénéficieront d’une réduction de 60 % sur leur abonnement. « L’idée est d’avoir le plus d’agriculteurs testeurs possibles ! On a actuellement 75 utilisateurs, mais on vise les 250 en décembre. »
En attendant, une première levée de fonds, en bonne voie, est en cours.
Eglantine Puel