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Elles seront seize. Une multiplication des listes de candidature aux prochaines élections sénatoriales qui s’explique notamment par la scission de plusieurs d’entre elles : pas moins de trois pour le centre, deux pour les socialistes. Sans oublier « les élus qui se disent de la majorité présidentielle mais qui ont chacun leur clef d’entrée : sensibilité Horizons pour Dany Wattebled (DVD), Renaissance pour Frédéric Marchand… », égraine la centriste non-candidate Valérie Létard qui passe sur la potentielle liste menée par Franck Dhersin (vice-président du conseil régional et maire de Téteghem, il a quitté LR dans la foulée de Xavier Bertrand). À droite, on compte encore la liste menée par Marc-Philippe Daubresse (mis en examen pour prise illégale d’intérêts le 28 août) et sa numéro 2, la sénatrice sortante Brigitte Lherbier, fidèle revendiquée de Gérald Darmanin.
« Divisions favorisées par un mode de scrutin qui pousse tous les sortants à se mettre tête de liste », observe aussi Valérie Létard qui choisit de soutenir non pas son ancien colistier Olivier Henno mais le dissident Guislain Cambier (vice-président de Xavier Bertrand à la région), « l’un des rares candidats issus de la ruralité (maire de Potelle, dans l’Avesnois, ndlr) », observe-t-elle. S’ajoute la candidature de Marie-Hélène Quatrebœufs, conseillère départementale UDI. « Une multiplication des listes dont le seul programme est “ma pomme” », regrette Patrick Kanner (PS) qui y voit un mauvais signal vis-à-vis des grands électeurs. « Nous serons très peu à passer la barre des 500 voix, ce n’est pas bon », déplore-t-il.
À l’image de l’hémicycle, les sénateurs nordistes se répartissent en deux tiers de droite et assimilé et un tiers de gauche. Parmi les anciens, les communistes Éric Bocquet (tête de liste) et Michelle Gréaume (n°2) tenteront de conserver leurs sièges. Comme Valérie Létard, un sénateur ne se représente pas aux élections sénatoriales : Jean-Pierre Decool sera remplacé sur la liste de Dany Wattebled, par Marie-Claude Lhermitte (maire de Brouckerque).
Parmi les nouveaux candidats, on note l’ancien président des maires ruraux, Luc Waymel (sans étiquette menant une liste DVD), ou encore l’écologiste Céline Scavennec (EELV). Une liste Résistons !, le parti de Jean Lassalle, pourrait être conduite par Jean Meurisse (ex-conseiller municipal de Wasquehal). Et La France insoumise sera représentée par le député insoumis Ugo Bernalicis.
« Une chance », exprime Olivier Henno, c’est que l’extrême droite part « elle aussi divisée » avec un candidat du Rassemblement national (Joshua Hochart, élu d’opposition à Denain) et un probable autre, proche du parti zemmouriste Reconquête (Stéphane Maurice, élu au Conseil municipal de Cambrai). Un éparpillement des candidatures façon puzzle qui touche toutes les sensibilités. Si les grands électeurs sont moins tentés par le vote extrême que les électeurs, « n’oublions pas que le score de Marine Le Pen va de 19 à 82 % lors des dernières municipales », alerte Eric Bocquet qui reste vigilant : « Ils n’étaient pas à zéro il y a six ans et ils ont gagné des députés et un groupe à la Région depuis. »
Pourtant, « être sénateur ce n’est pas être un super conseiller municipal. Être sénateur c’est faire la loi et contrôler l’action du Gouvernement ». Là-dessus, on peut compter sur Patrick Kanner, chef de l’opposition au Sénat qui défend avec ses homologues toutes couleurs politiques confondues le nécessaire rôle de contre-pouvoir que porte la chambre haute, d’autant plus appuyé depuis que le Gouvernement n’a plus de majorité à l’Assemblée nationale.
Sur le statut du Sénat, Olivier Henno se souvient « de cette question récurrente sur l’utilité du Sénat en 2017. Avec ce qui s’est passé pendant la réforme des retraites et la crédibilité acquise depuis, la question ne s’est pas posée une seule fois cette année. » Valérie Létard rappelle par exemple « le rôle de la chambre haute dans l’Affaire Benalla », et dans les commissions d’enquête en général. « Un contre-pouvoir au sens constructif du terme, déconnecté de l’élection présidentielle quand l’Assemblée nationale, depuis le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ne l’est plus ».
Dans cet esprit, comme ses homologues nordistes, Olivier Henno défend « une sérénité sénatoriale » qui s’opposerait « aux débats houleux de l’Assemblée nationale ». Marc-Philippe Daubresse salue lui la capacité de travail transpartisan d’un hémicycle d’élus d’expérience qui « ne compte pas d’extrémistes, tout juste une douzaine d’écologistes un peu turbulents ». Une approche non dogmatique tout juste modérée par « le sain retour au clivage traditionnel gauche /droite dans le débat sur les retraites », pense Eric Bocquet.
Retrouvez notre article sur le bilan de mandat des sénateurs sortants.
Justine DEMADE PELLORCE