Votre météo par ville
Fêtes de fin d’année ou pas, il y a des secteurs dont l’activité doit être maintenue. C’est le cas des services d’urgence des hôpitaux, qui restent ouverts de jour comme de nuit. Les 24 et 25 décembre, tout comme, d’ailleurs, les 31 décembre et 1er janvier, sont des jours « toujours particuliers », confirme Alain-Eric Dubart, chef du service des urgences au centre hospitalier de Béthune-Beuvry, dans le Pas-de-Calais.
« Ce sont des fêtes très familiales, on sait que nos proches réveillonnent ensemble et nous, on se retrouve au travail », détaille le médecin. Chaque année, quatre médecins urgentistes – sur 17 au total – sont de garde la journée, trois la nuit. Une garde dure 24 h, les soignants en font six par mois. Celles qui ont lieu à Noël ou au Nouvel an ne sont pas mieux rémunérées que les gardes ordinaires.
Mais elles ont un petit quelque chose en plus : « Spontanément, pour compenser, une ambiance familiale se crée entre les agents », explique Alain-Eric Dubart. L’hôpital prévoit, pour les patients comme pour les soignants, un repas spécial. L’équipe médicale reçoit aussi la visite des ambulanciers, d’un agent de la préfecture et d’un autre de la mairie qui leur offre un panier garni de produits du terroir. « Chacun essaie de ramener un amélioré, c’est-à-dire un gâteau, une pâtisserie, que l’on essaie de déguster ensemble dans la nuit, aux alentours de 2 heures du matin », explique encore le médecin.
Si, certaines années, les agents trouvent le temps de célébrer, d’autres années l’activité est trop intense. L’hiver, de fait, est une période très chargée en milieu hospitalier, les virus sont nombreux : bronchiolite, gastro, grippe, covid… Le 24 au soir, le schéma est presque toujours le même : les urgences sont calmes de 16 à 17 h, jusqu’à 22 h environ. Puis, le nombre d’entrées explose. « À Noël il y a aussi, c’est cliché mais c’est vrai, les gens qui s’alcoolisent trop, ceux qui se blessent en ouvrant des huîtres… Mais aussi ceux qui souffrent d’une pathologie et qui font un peu trop d’excès et décompensent aussitôt », rapporte Alain-Eric Dubart.
Plutôt que de répéter une énième fois les consignes de prévention classiques – boire avec modération, porter des gants pour ouvrir des huîtres – le médecin insiste : soyez attentif aux autres. « On oublie les personnes isolées qui se retrouvent seules alors que tout le monde festoie autour. La tristesse et la détresse psychologique peuvent atteindre des pics ces soirs-là », rappelle-t-il.
Les gardes qui l’ont le plus marqué sont celles durant lesquelles il a dû affronter des décès. « On compte 200 morts par an aux urgences, c’est énorme, donc on se doit de mettre l’affect de côté. Mais quand cela arrive le soir de Noël, ça touche forcément… », témoigne Alain-Eric Dubart.
Heureusement, il y a aussi de belles histoires, et un peu de légèreté, dans le service, grâce aux initiatives des soignants. Ainsi l’hôpital organise depuis dix ans une distribution de cadeaux pour chaque enfant contraint de passer par les urgences le 24 ou le 25 décembre. Les jouets sont neufs, à la norme CE, milieu hospitalier oblige. À l’origine de cette opération, mise en œuvre dans tous les services d’urgence du Nord et du Pas-de-Calais, le collège de médecine d’urgence 59-62, d’ailleurs présidé par Alain-Eric Dubart. « Il y a deux ans, à l’hôpital Jeanne de Flandre, on a eu un Père Noël qui est venu livrer ses cadeaux dans l’hélicoptère du Samu », décrit le médecin, photos à l’appui.
Pour la première année depuis 25 ans de service, Alain-Eric Dubart ne sera pas de garde à Noël. Il profitera de sa famille mais gardera, « sans aucun doute », une pensée pour ses collègues du centre hospitalier.
Marion Lecas
Retrouvez aussi l’épisode 1 de notre série Noël autrement : Un moment de solidarité
L’épisode 2 de notre série Noël autrement : Des fêtes (presque) zéro déchet
L’épisode 3 de notre série Noël autrement : Une fête aux accents d’ailleurs