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On l’oublie peut-être, mais la région, et en particulier le Nord-Pas de Calais, possède un patrimoine précieux. Et qui “oblige”, comme aiment à le dire les responsables politiques. Une obligation d’entretien, parfois de restauration, et de valorisation qui a un coût. Certains dispositifs existent pour l’alléger. C’est la Région qui s’y colle, par sa compétence culture, patrimoine, langues régionales et relations internationales. Et son vice-président dédié, François Decoster le par ailleurs maire de Saint-Omer, se targue de rappeler que, « en huit ans, plus de 40 millions d’euros ont été investis pour restaurer près de 733 édifices de la région ». Et, c’est un sujet d’actualité, la Région a décidé de faire preuve de simplification dans ses dispositifs d’accompagnement, afin que ceux-ci profitent plus largement au territoire. En juin 2023, le vote du nouveau cadre d’intervention de la politique culturelle régionale définissait trois grandes priorités, parmi lesquels une meilleure lisibilité des dispositifs. « Pour répondre aux objectifs d’efficacité, de rapidité et de transparence accrue de la politique de restauration du patrimoine, trois nouveaux dispositifs ont été votés le 28 mars 2024, détaille la Région. Un dispositif d’aide ciblée au financement d’une étude préalable à la restauration du patrimoine, un dispositif d’appel à projet pour la restauration du patrimoine rural non protégé et enfin un dispositif pour la restauration du patrimoine protégé. » Chacun se déclinant selon la taille des communes concernées, la nature du patrimoine (protégé ou non) et bénéficiant à différents opérateurs publics, hors État, et privés.
Pour expliquer ces nouvelles modalités, cinq réunions se sont tenues du 17 au 25 septembre dans chacun des départements de la Région qui ont notamment permis de présenter la nouvelle aide ciblée au financement d’une étude préalable : elle vise à avoir une vision globale de l’édifice à restaurer afin de sécuriser les porteurs comme les co-financeurs. Sont éligibles les patrimoines non protégés dans les communes de moins de 3 000 habitants ainsi que les patrimoines protégés dans les villes de moins de 90 000 habitants. L’intervention régionale se traduit par un financement indicatif à hauteur de 80%, plafonné à 15 000 €. Les possibilités de financement des travaux sur le patrimoine protégé ou non protégé demeurent, intégrant notamment la question de l’équité : à ce sujet, la Région se dit « attentive à la répartition des interventions sur le territoire, en particulier pour accompagner les communes rurales aux moyens parfois limités. Le montant des subventions est ainsi déterminé en fonction du potentiel financier des communes. » Les notions de transition écologique et d’ouverture des sites restaurés au public, ceux-ci devant être accessibles plusieurs jours par an au plus grand nombre, habitants comme visiteurs, sont également prises en compte. Le dispositif d’appel à projet pour la restauration du patrimoine rural non protégé est réservé aux édifices des communes peuplées de moins de 3000 personnes. Le financement alloué peut atteindre 250 000 € pour un opérateur public et 75000€ pour un opérateur privé. Le dispositif pour la restauration du patrimoine protégé concerne les villes de moins de 90000 habitants. Peuvent être versés jusqu’à 600 000 € pour les opérateurs publics et 160000€ pour les opérateurs privés. Ce dispositif est aussi ouvert au mobilier ainsi qu’aux parcs et jardins.
La région Hauts-de-France compte :
• 45 sites patrimoniaux remarquables (SPR), dispositif qui a pour objectif de protéger et mettre en valeur le patrimoine architectural, urbain et paysager de nos territoires. Dans Le Nord-Pas de Calais sont notamment concernées Berck et ses villas balnéaires.
• 16 villes et pays d’art et d’histoire sur 202 au niveau national. Dans le Nord-Pas de Calais en particulier, il s’agit de Boulogne-sur-Mer, Calais, Cambrai, Lens-Liévin, Lille, Roubaix, Pays de Saint-Omer et Tourcoing.
• 6 ensembles de biens bénéficiant du label Patrimoine mondial de l’Unesco parmi lesquels le bassin minier mais aussi un tas de beffrois ou encore les fortifications de Vauban, notamment à la citadelle d’Arras. S’y ajoutent pas moins de 2 925 édifices et 31 102 objets mobiliers protégés sur l’ensemble du territoire.
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Plus médiatique mais véritable chance pour les heureux élus, la Mission patrimoine est confiée à Stéphane Bern depuis 2017. Déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des Jeux (FDJ), elle « contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité ». Partout sur le territoire, des édifices sont identifiés, qui peuvent bénéficier des dons du public via la Fondation du patrimoine. Chaque année, 18 sites emblématiques, un par région, sont retenus pour bénéficier d’une visibilité accrue et se partager les bénéfices de la vente de grilles de loto spécifiques, en date des Journées du patrimoine. C’est actuellement le bâtiment du jubé de la cathédrale de Noyon, dans l’Oise, qui représente notre région au Loto du patrimoine. D’un site gallo-romain à des tribunes de foot, d’une piscine art déco à des écuries sans oublier églises ni château, le patrimoine en péril fait légion dans le pays. Depuis son lancement il y a sept ans, 6 300 sites ont été signalés en France, 950 projets sélectionnés dont 620 pour lesquels les travaux sont en cours ou terminés, le tout mobilisant un montant de 280 millions d’euros.
Justine Demade-Pellorce