Votre météo par ville
Jean-Marie Vanlerenberghe, maire d’Arras de 1995 à 2011 et sénateur (UDI) du Pas-de-Calais depuis 2001, réagit à l’attentat qui a frappé sa ville de cœur, le vendredi 13 octobre.
Je ressens au-delà de la peine. Je m’associe évidemment à l’émotion, la tristesse de la famille de la victime et de toute la communauté éducative. Une peine d’ailleurs partagée par les Arrageois, on l’a vu dimanche, avec les 5 000 personnes présentes place des Héros. J’ai aussi de la colère : comment un jeune qui a été élève dans ce lycée peut-il devenir un assassin ?
Le terroriste était sur écoute, mais il a agi avant que les conclusions de ces écoutes ne soient tirées. Actuellement, ce sont 27 lois qui ont été promulguées pour endiguer la montée du terrorisme. L’arsenal juridique et policier existe, mais il est à l’évidence insuffisant : cet attentat a souligné les failles du dispositif existant. Il nous faut donc le compléter. Le Sénat va prochainement examiner le projet de loi gouvernemental sur l’immigration, qui ne vise pas particulièrement le terrorisme, mais qui est l’occasion de trouver des réponses justes et fermes. Je crois qu’aujourd’hui les Français veulent une réponse ferme mais il faut rester dans l’état de droit, on ne peut pas faire n’importe quoi sinon on ouvre la porte à tous les abus.
J’attends d’abord de mes collègues que tous voient au-delà des postures politiciennes et des clivages, afin que l’on trouve ensemble des réponses adaptées. On sait très bien, par exemple, qu’il y a un problème avec l’interdiction d’expulser les jeunes entrés sur le territoire alors qu’ils n’avaient pas 13 ans (c’est le cas de l’auteur de l’attentat d’Arras qui n’avait pas pu être expulsé en 2014 car arrivé en France à 5 ans, ndlr). Il faut supprimer cette interdiction : ce n’est pas parce qu’on est entré enfant sur le territoire qu’on ne peut pas y commettre des horreurs.
Il faut aussi sortir de la situation rocambolesque qui fait que nombre de personnes sont aujourd’hui employées dans des entreprises françaises, y touchent des salaires et y paient des cotisations, et ne sont toujours pas régularisées. Ces cas de figure sont assez nombreux, notamment dans le bâtiment, l’hôtellerie, la restauration et l’agriculture, et apportent une contribution cruciale à l’économie française.
Être le doyen ne donne aucun pouvoir particulier, si ce n’est prononcer le discours d’ouverture de la session, ce que j’ai fait le 2 octobre dernier, et présider l’élection du nouveau président. D’ailleurs, j’étais déjà doyen il y a trois ans, ce n’est donc pas nouveau pour moi. Ce qui l’est, toutefois, c’est que j’ai accueilli ma fille, Isabelle Florennes, qui a été élue dans les Hauts-de-Seine le 24 septembre. C’était donc un moment très fort, émotionnellement parlant.
Je dirais aussi qu’en tant que doyen, je bénéficie d’une expérience dans la vie politique et parlementaire qui me permet de prendre de la hauteur par rapport aux contingences du quotidien, de regarder plus loin, de plus haut, de mesurer ce qui est important et ce qui l’est moins.
Effectivement, c’est acté, même si je n’ai pas donné de date. J’ai toujours souhaité donner la place à des plus jeunes, qui apportent leur fougue, leur vitalité, leurs idées nouvelles, afin que chacun puisse s’épanouir et que la démocratie respire. Je l’ai d’ailleurs démontré il y a 12 ans, lors du passage de témoin que j’ai effectué à la mairie d’Arras.
On m’a demandé de conduire cette liste aux élections sénatoriales car j’avais l’avantage de l’antériorité et de connaître nombre d’élus dans le département. J’ai accepté tout en prévenant que je me retirerai au cours de mon mandat. C’est ma colistière, Brigitte Bourguignon, qui prendra la relève. Elle a de grandes qualités humaines et de l’expérience, puisqu’elle a été ministre, députée, et est conseillère départementale. Je ne doute pas de l’intérêt qu’aura le Sénat à la compter dans ses rangs.
Propos recueillis par Marion Lecas