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Inondations : après la pluie, se reconstruire

15-11-2023

Actualité

C’est tout frais

Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d’émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles inondations. Débute désormais le temps des expertises et des visites ministérielles.

À Fauquembergues, les inondations ont commis de sérieux dégâts : 120 bâtiments sinistrés et des trottoirs creusés jusqu’à 60 centimètres de profondeur. © M. L.

L’adage a du vrai : passée la tempête, vient le calme. Dans la petite ville de Fauquembergues, d’un millier d’âmes à peine, les rues sont vides et le silence écrasant, en ce lundi 13 novembre. Les écoles y restent fermées, comme dans 279 autres communes du Pas-de-Calais. Huit jours après les premières inondations, on devine la catastrophe aux sacs de sable qui jonchent les pas-de-porte, à l’eau qui persiste en flaque, au macadam gonflé par endroits et à ces nombreux garages ouverts, où s’entassent des matelas, des chaises et des tables encore humides.

Coups de jet d’eau et meubles à la benne

Le lundi 6 novembre, Fauquembergues, qui est traversée par l’Aa, a tenu jusqu’à 17 heures grâce à ses champs d’inondation. Puis, ils sont arrivés à saturation et « l’enfer » a commencé, le pire de la crue ayant été dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 novembre. Alors que l’Audomarois, le Montreuillois et, dans une moindre mesure, le Béthunois, étaient toujours en proie à des inondations, lundi 13 novembre, le Boulonnais se trouvait à peu près dégorgé.

« Je fais le tour depuis 6 heures ce matin, et nous avons réussi à vider une grande partie de nos champs d’inondation grâce à la baisse d’intensité des pluies, rapporte Alain Méquignon, le maire de Fauquembergues. Ce qui signifie que nous avons de nouveau une capacité de stockage. » Les précipitations devaient se poursuivre, en cette deuxième semaine, mais le maire et ses habitants sont confiants : « Ce sera moins violent », prédit Alain Méquignon. Alors, désormais, on compte les dégâts.

120 bâtiments, publics et privés, sinistrés

Devant le Moulin de l’Aa, où se vendent des articles de pêche, de chasse et de jardin, une employée passe méthodiquement le jet d’eau. « Il faut que ça soit propre pour le retour des clients », dit-elle, concentrée par sa tâche. Le commerce, où l’eau n’a laissé qu’une boue épaisse, devrait rouvrir dès le lendemain. « On débute le temps de l’après, assure Alain Méquignon. On commence à remplir les bennes au fur et à mesure que les experts passent. » La mairie épaule les habitants dans leurs démarches vis-à-vis des assurances, quand la Région des Hauts-de-France vient de créer un guichet unique destiné aux entreprises sinistrées (lire aussi en page 7).

Certains habitants font des allers-retours avec des brouettes chargées de débris, d’autres discutent en petits groupes, les yeux cernés : « On ne dort pas depuis une semaine », lance Jean-Paul Decroix, dont la maison se situe dans l’une des rues les plus touchées de la ville. Lui a été épargné, grâce à l’aide de « ses deux garçons », il a pu protéger les meubles et placer deux pompes au sous-sol. « J’ai évacué plus de mille litres d’eau », dit-il.

Le temps de l’entraide

Mais « tout va si vite », rappelle-t-il. Il pense à sa voisine, malade et isolée, qui n’a pas pu sauver ses biens, aux « gens du fond » de la rue Saint-Sébastien, qui « ont tout perdu ». Il enjoint à aller deux numéros plus loin, chez Thérèse Cugnet. Elle est en train de nettoyer son sol et laissé ses meubles regroupés à l’étage « au cas où ». Elle héberge depuis trois jours sa sœur et son beau-frère, 83 et 86 ans, qui ont dû être hélitreuillés dans la nuit de vendredi à samedi, leur maison prise par la crue à Saint-Martin. « Vous vous rendez compte, hélitreuillés, à cet âge-là ! C’est miraculeux qui n’y ait pas eu de morts », souffle-t-elle. Elle essaie de leur réchauffer le cœur, et le moral, mais ses yeux, qui s’embuent légèrement, la trahissent : « J’ai eu très peur », confie-t-elle. Puis, elle se reprend : « Maintenant, il faut rester solidaire. »

Dans le local des Restos du Cœur, rue Jonnart, l’eau est montée jusqu’à 1,20 m, en atteste la trace sur le mur. Brigitte Méquignon, la responsable du centre (et épouse du maire), fait le deuil d’une partie de sa collecte. Des vivres ont pu être sauvés, sur les étagères les plus hautes. Des conserves et des pâtes, qu’il faudra « distribuer rapidement, pour éviter la rouille ».

Un appel urgent aux dons et aux bénévoles

Mais les couches, les documents, les congélateurs et l’électronique, eux, sont fichus. L’eau a arraché des étagères du mur : « Quelle puissance… », commente Brigitte Méquignon. Dès le mercredi 15, des bénévoles passeront le sol au jet d’eau, mais le centre ne pourra pas ouvrir pour le début de la campagne d’hiver, le 21 novembre prochain. Les Restos du Cœur de l’Audomarois, du Calaisis, du Dunkerquois et de la Flandre Intérieur ont lancé, lundi, un « appel urgent aux dons et aux bénévoles ».

En face de l’association, l’adjoint technique à la communauté d’agglomération Capso, pôle Fauquembergues, Michael Poly, s’affaire, lui aussi, à tout nettoyer. Il relativise : « Ce n’est que du matériel… ». Mais il reste vigilant, et montre du doigt le lit gonflé de l’Aa, à quelques mètres de là : à midi, il y avait un mètre d’eau, a-t-il compté, et trois heures plus tard, 1,10 m.

Brigitte Méquignon, responsable du centre des Restos du Cœur de Fauquembergues, tente de sauver ce qu’elle peut après les inondations.

Comment penser l’après ?

Tous bâtiments confondus, 120, environ, ont été sinistrés à Fauquembergues. « Cela inclut des locaux d’associations, d’entreprises, des maisons de santé, et une quarantaine de maisons de particuliers », détaille le maire de la ville. Une partie des trottoirs a été sévèrement endommagée par les inondations : certains ont été creusés jusqu’à 60, 70 centimètres. « On fait l’effort de remplacer le béton pour réduire les îlots de chaleur, et finalement, ça ne résiste pas aux intempéries. Avec ces événements, on se rend compte que les nouvelles pratiques doivent être certes vertueuses, mais aussi viables », assène Alain Méquignon, qui craint que les arbres de ses « espaces fraîcheurs » ne tombent sur les toits.

Cette crue, certainement « centennale », pousse à repenser l’après. En termes d’urbanisme, avec une côte de hauteur des bâtiments plus élevée, d’entretien des rivières (lire en page 5), d’agriculture aussi. « Il faut rappeler aux agriculteurs qu’il est obligatoire d’implanter une bande enherbée le long des cours d’eau et des plans d’eau de plus de 10 hectares, pour qu’elles servent de zone tampon », répète ainsi Roger Houzel, agriculteur et maire d’Offin, croisé à la station-service de Fauquembergues.

Le mardi 14 novembre en fin de matinée, le maire de Fauquembergues s’apprêtait à rencontrer le Président de la République et son épouse, en déplacement à Saint-Omer (lire notre article consacré aux annonces présidentielles).

Marion Lecas

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