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Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée

30-11-2023

Actualité

#Tracetonsillon

Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale “À l’ombre des fougères”, à Camphin-en-Pévèle. Après une période de test concluante, elle est désormais en quête d’un terrain définitif, avec des critères très précis.

Les reconversions en agriculture, d’autant plus lorsqu’elles concernent des actifs non issus du milieu, sont parfois perçues comme étant des ” lubies passagères “, qui vacilleront, voire céderont à la réalité des champs. “ Au tout, tout début, avant que je ne me sois lancée et que je prouve mon assiduité, certains ont pu ne pas y croire “, confirme Émilie Roibet.

Il faut alors, pour les nouveaux venus comme elle, redoubler d’efforts afin d’être crédible. La jeune trentenaire est l’heureuse propriétaire de la ferme florale ” À l’ombre des fougères “, située à Camphin-en-Pévèle (59). Elle y fait, depuis deux ans, une promesse engagée : des fleurs de qualité, locales, de saison, cultivées sans pesticides au rythme de la nature. Durant sa première année de vente, en 2023, ses quelque 30 000 à 40 000 tiges se sont écoulées pour la moitié sur les marchés environnants et pour l’autre, chez des fleuristes du coin. Des résultats ” concluants “, sourit la jeune femme. ” Ceux qui me connaissent vraiment savent que je ne fais jamais les choses à moitié “, dit-elle, fière d’avoir “fait ses preuves”.

Renouer avec la terre

Après le baccalauréat, parce qu’elle a ” toujours aimé le végétal “, Émilie Roibet se lance dans un BTS en aménagement paysager à Lyon, dont elle est originaire. Elle intègre ensuite l’école d’architecte paysagiste de Villeneuve-d’Ascq et découvre le Nord qu’elle ne quittera plus. Ou alors très peu.

En sortie d’école, elle rejoint un bureau d’études, à Lille, et déchante rapidement : ” En ce qui concerne la palette végétalisée des projets dans l’espace public, en général s’il y a quatre arbres à mettre, ça inclut trois arbustes, et ce sont toujours les mêmes qui reviennent… “, regrette-t-elle. Elle démissionne au bout de deux ans. C’est au cœur de l’entreprise horticole familiale Les Serres du Carembault, installée à Camphin-en-Pévèle, qu’elle renoue avec la terre. ” La semaine, on fait de la production et le samedi, on vend la même production. On sait parler de ce qu’on vend”, dit-elle saluant le “concret” du travail.

Le woofing comme apprentissage

Émilie Roibet y travaille comme saisonnière puis salariée, le temps d’acquérir les bases de l’horticulture, puis part sillonner la France en woofing (ou wwoofing, le fait d’être nourri et logé en échange de petites tâches sur une exploitation, ndlr), à la découverte de la production de fleurs coupées. De ferme en ferme, elle est témoin des réussites des uns et des échecs des autres. “C’est une expérience extrêmement instructive”, commente la jeune femme.

C’est finalement son histoire d’amour et une belle opportunité qui la rappellent dans le Nord : ses anciens patrons, qu’elle apprécie beaucoup, cèdent Les Serres du Carembault et lui proposent ” le petit bout de terrain “ du fond, en prêt d’usage. Pas de quoi hésiter longtemps : Émilie Roibet y monte sa ferme florale en avril 2022. Et parce que, ses années d’apprentissage l’auront prouvé, la Lyonnaise prend le temps de la prudence, elle débute en “test”, au sein de la couveuse d’entreprises À petits pas.

En quête du terrain idéal

Les pieds dans la boue et le sourire jusqu’aux oreilles, elle présente le terrain qu’elle occupe depuis un an et demi : 4 000 m2, dont 1 500 cultivés, une serre de 300 m2 et une plus petite de 80 m2 environ, pour les semis. ” Le contrat avec À petits pas prévoit que j’y reste trois ans. Le temps de voir ce que donnent les chiffres et la réalité travail”, explique la trentenaire.

C’est durant cet automne, qu’elle a réalisé, par exemple, l’étendue du nettoyage auquel elle avait échappé à ses débuts, puisqu’elle s’était lancée ” sur du neuf “, avec, entre autres, l’arrachage des fleurs annuelles mortes. Déterrer les énormes bulbes de dahlia notamment, autour desquels s’agglomère une terre lourde et argileuse, lui est assez pénible.

Quant aux chiffres, il lui fallait attendre cette première année de vente, pour déterminer si oui ou non elle rentrait dans ses frais. ” Et c’est le cas. Le piège, en revanche, c’est qu’ici je ne paie ni la location du terrain, ni l’assurance du hangar, ni l’eau… “, nuance-t-elle. Mais elle sait, grâce à son année de woofing, à combien chiffrent ces coûts et reste très confiante.

Un choix conforté

” Cette année m’a confortée dans mon choix. Maintenant que l’hiver approche, il me faut trouver un terrain définitif “, explique la jeune femme. C’était d’ailleurs la raison de sa présence au Farm’dating, le 17 novembre dernier, à la rencontre de cédants. Si l’expérience s’est révélée ” hyper intéressante “, elle n’a pas été concluante pour autant, malgré de très belles propositions.

Il faut dire que la Lyonnaise ” fait la fine bouche “ en ce début de recherches, avec un éventail de critères fort précis : le terrain doit se situer à une distance de 30 à 40 minutes de route autour de Lille, car elle s’y rend tous les samedis pour le marché, idéalement au sud, à côté de Camphin-en-Carembault où elle se sent si bien et où le pouvoir d’achat est suffisamment élevé. Car ” les fleurs, dit-elle, ça a un certain prix “. “Il me faut au moins l’eau et l’électricité. Et soit un bâtiment déjà existant, soit la possibilité de construire”, abonde la trentenaire. Appel aux cédants du coin qui liront ces lignes, ou aux maraîchers qui auraient un bout de terrain inutilisé : ” On pourra même mutualiser le tracteur ! “, rit la floricultrice.

Marion Lecas

Lire aussi notre article : Floa Poa, des fleurs séchées naturelles et du Nord

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