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Elle se considère comme une « pâtissière du confinement ». Dorothée Leroy s’est aventurée dans son tout premier fraisier pour l’anniversaire de sa compagne et ne s’est, depuis, plus vraiment éloignée du tablier. « On a été toutes les deux surprises de ce que j’avais fait », se souvient-elle. Nous sommes en 2020 et la chargée d’affaires en métallurgie pénètre un nouvel univers que tout oppose – ou presque – à son métier.
“Presque”, parce que, dit-elle, on retrouve certaines de ses qualités en cuisine comme à l’usine : celle d’être « quelqu’un de très carré, de très organisé. » Et puis, « avec le boulot, j’ai une bonne mémoire donc j’assimile beaucoup de choses. » Pour le reste, son monde est complètement différent de celui de la pâtisserie. Son entreprise fabrique des chaînes de levage et l’Anzinoise reçoit les demandes des clients, définit leurs besoins, chiffre les produits souhaités. La pâtisserie… c’est la pâtisserie !
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Après le premier fraisier viennent d’autres gâteaux, d’autres goûts, d’autres formes, d’autres textures. Dorothée Leroy s’entraîne avec les basiques – crêpes, beignets, gaufres – puis lorsqu’elle maîtrise les crèmes et techniques, pousse de plus en plus loin les recettes. Elle intègre des groupes d’amateurs sur les réseaux sociaux et découvre les entremets avec glaçage miroir. « C’est ce que je veux faire », annonce-t-elle. L’autodidacte se plonge dans les livres et les tutoriels et devient peu à peu accro. « Le lundi, je ciblais un gâteau. Puis je me renseignais toute la semaine et je mettais en œuvre la technique le week-end », explique méthodiquement la native de Valenciennes.
Plus que tout, elle apprécie la chimie à l’œuvre en pâtisserie. « Selon la technique, la transformation des matières premières donne un résultat complètement différent », admire-t-elle. Ce qu’elle aime par-dessus tout concocter et qui est “boulot-compatible”, ce sont les entremets avec inserts. Car la pâtisserie prend du temps, comme le poste qu’elle occupe en horaires de bureau. Elle parsème sa semaine de quelques moments dédiés à sa passion naissante. Le mercredi, elle fabrique l’insert, qu’elle congèle. Le jeudi, elle confectionne le biscuit. Le vendredi, elle démarre le montage. Le samedi ou le dimanche, elle finit son gâteau et le déguste. Ou le fait déguster.
Et c’est ainsi qu’elle impressionne sa famille et ses amis qui l’encouragent à participer à l’émission Le meilleur pâtissier. « Ce rêve trottait un peu dans ma tête », confie-t-elle. C’est finalement une casteuse qui la contacte après avoir repéré quelques-unes de ses publications sur les réseaux sociaux (salivez sur do_lmp13 sur Instagram, ndlr). « Je publiais des photos des différentes étapes des gâteaux que je faisais pour avoir des retours avec d’autres yeux que ceux de mes proches », explique celle qui n’a jamais pris un seul cours de pâtisserie.
Elle fait ainsi partie de la première vague des 20 000 inscrits pour la treizième saison. « Participer au Meilleur pâtissier c’est pas de la tarte ! », scande-t-elle. Elle monte à Paris pour un premier casting avec 99 autres potentiels candidats. Ils ne sont plus que 40 pour le second casting, « un testing : comme une épreuve, un avant-goût de l’émission. » Le 9 février dernier, elle reçoit l’appel qu’elle espérait tant : elle fait partie des 14 qui vont intégrer la fameuse tente. Éclat de joie, puis stress, puis entraînement intensif car ce que notre candidate fait, elle le fait à fond, on commence à comprendre le personnage. Elle, la « grosse dormeuse », découvre les insomnies avant cette plongée dans le monde inconnu de la télévision. Elle réquisitionne sa compagne qui – en plus de la soutenir naturellement – devient commis, de corvées de courses et de plonge car, elle, a des horaires de travail postés. Parce que « pâtisser c’est bien, mais ça fait énormément de vaisselle », se marre Dorothée Leroy.
La voilà sur les plateaux, « fortement impressionnée » par la technique que demande un tel tournage, le nombre de caméras et puis les figures incontournables, Cyril Lignac et Mercotte – « elle a des nouvelles lunettes ! » – et la fraîchement arrivée Laëtitia Milot. Elle nage dans un environnement de passionnés de pâtisserie qui peuvent en parler tout leur saoul sans « saouler les autres », justement. Avec cette petite touche particulière qu’a la « famille LMP », comme ils disent, pas de tacle ni de ressenti d’être dans « une véritable compétition ». Les « très longues et très difficiles » journées au château d’Ormesson créent des liens entre candidats. « On est au château mais ce n’est pas une vie de château », plaisante la Nordiste. Elle comprend mieux les ratés maintenant qu’elle a connu les plateaux. « On ne pâtisse pas tranquillement tout seul chez soi dans sa cuisine, on doit continuellement parler de ce qu’on fait, montrer les points forts de sa recette : c’est assez spécial de telles conditions, même si on s’en doute lorsqu’on est une habituée de l’émission depuis quatre – cinq ans comme moi… »
Outre la nouvelle présentatrice, Dorothée Leroy découvre les nouveautés de cette énième saison : le cadre, déjà, ce nouveau château de Val-de-Marne, ou encore l’épreuve technique – et mythique – des « recettes du grimoire de Mercotte » qui a disparu du programme.
« Je ne cache pas que cette aventure restera gravée à vie », philosophe, déjà, la candidate qui a pu prouver, à elle et aux autres, qu’elle avait « d’énormes compétences » en pâtisserie. Elle qui a « la niaque » dans ce qu’elle entreprend a pu pousser son rêve jusqu’à la région parisienne. Et si elle n’envisage pas pour autant de changer de voie professionnelle – car elle veut « garder la pâtisserie pour le plaisir » – cette « généreuse par nature » ramène quelques-unes de ses créations à l’usine, prétextant quelque anniversaire.
La générosité se trouve également dans ses recettes, « le top de la crème à 35 % », « le beurre à minimum 82 % de matière grasse », « dans la pâtisserie c’est rare d’utiliser des produits light ! » Mais lorsqu’elle utilise des fruits, elle opte autant que possible pour le local car « il faut se rendre à l’évidence, la qualité est bien meilleure ». Comme la fraise de Lecelles pour n’en citer qu’une, celle qui a le plus de sens et qui lui rappelle la recette qui a tout changé. D’ailleurs, on ne dévoilera rien des secrets de l’émission (on n’en a d’ailleurs aucun) mais Dorothée Leroy a recomposé un fraisier lorsqu’elle cuisinait sous la tente du château d’Ormesson. Un clin d’œil à sa première recette. Des parfums qui lui tenaient à cœur. Ses premiers pas en pâtisserie.
Louise Tesse Ltesse@terresetterritoires.com