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Chez les Bailleul, même les fêtes sont zéro déchet : deuxième épisode de notre série Noël autrement.
Sur la table de la salle à manger, des petits paquets en tissu. Les prémices de la hotte familiale. Ombeline, 11 ans, parce qu’elle ne croit plus au père Noël depuis « au moins deux ans » et que ce jour-là la chaudière du collège est en panne, donne pour la première année un coup de main à l’emballage des cadeaux dans des morceaux d’étoffes récupérées. « Ça s’appelle le furoshiki, une technique de pliage japonaise, mais parler de morceaux de tissu réutilisés est tout aussi clair », estime Gaëlle Bailleul.
« Si comme moi vous ne savez pas coudre, les foulards achetés dans les ressourceries fonctionnent à merveille ! Il suffit qu’ils soient carrés », suggère Gaëlle Bailleul, maman zéro déchet
Dans la famille, cette idée de remplacer le papier cadeau par du tissu a d’ailleurs une autre origine géographique. « Ma sœur étudie les coraux à Tahiti. Ma mère nous avait apporté de beaux tissus polynésiens lors d’un voyage, qu’elle avait utilisés pour emballer les petits souvenirs. J’avais trouvé génial ce double cadeau avec un contenant aussi beau que le contenu », se souvient celle qui se lance dans ladite technique il y a plus de cinq ans sans s’en rendre compte. Un coup de ciseaux cranteurs, un morceau de ruban récupéré et voilà le plus beau des emballages, qui lui reviendra, souvent, en janvier à l’occasion de son anniversaire. « Et s’ils ne me reviennent pas c’est qu’ils servent, et c’est génial », estime la quadragénaire qui partage une astuce : « Si comme moi vous ne savez pas coudre, les foulards achetés dans les ressourceries fonctionnent à merveille ! Il suffit qu’ils soient carrés », suggère celle qui a pu observer une fois ou l’autre ces foulards ensuite portés. Le papier cadeau, c’est cette quantité de papier – donc d’arbres, d’eau, d’énergie – dont l’espérance de vie ne dépasse pas quelques minutes. Un gâchis qui peut être évité, ou au moins limité (lire aussi l’encadré).
Une fois la question des emballages résolue, se pose celle du contenu : quels cadeaux privilégie-t-on dans cette famille ? « L’idéal c’est l’occasion, mais cette année je me suis fait avoir : les enfants ont fait leur liste au père Noël avec la nouvelle nounou, pas briefée, et il y avait des choses très récentes, que je pensais ne jamais trouver en seconde main », se désole encore Gaëlle Bailleul qui avait commencé à expliquer à sa cadette, Amandine, 6 ans, que « le père Noël ne connaissait pas ces espèces de Barbies d’Halloween ». C’était sans compter sur sa caverne locale, l’atelier des lutins version seconde main : la Remise enjouée, atelier d’insertion/ magasin de jouets d’occasion situé à Villeneuve-d’Ascq. « Quand je les y ai vues, pas cher et de seconde main, mon cœur de maman n’a pas su résister », sourit Gaëlle Bailleul en dévisageant la créature de plastique vert entre ses mains. On offrira aussi du fait maison, comme ce tour de cou Harry Potter confectionné localement qui devrait enchanter Titouan, 9 ans (on espère vraiment que les enfants ne tomberont pas sur l’article !).
Acheter d’occasion c’est finalement facile et ça ne fait aucune différence auprès des enfants. Ce sont les adultes qu’il faut convaincre. « J’ai expliqué à mes belles-sœurs, puisqu’elles avaient des enfants plus âgés que les miens, qu’offrir un ancien jouet était parfait. L’une s’est lancée en offrant un ancien jouet… assorti d’un jouet neuf parce que sinon le compte n’y était pas. Et l’autre, achète d’occasion pour nous faire plaisir et choisit d’en offrir trois au lieu d’un », détaille celle qui s’est reconvertie il y a trois ans en chargée de mission en développement durable à la ville de Hem.
Alors on parle de cadeaux c’est bien beau, mais le père Noël a besoin d’un sapin pour les y déposer le jour-J. Ici c’est sapin artificiel « qui date de mon premier petit copain », c’est dire. Sachant que Gaëlle Bailleul l’avait alors déjà récupéré de sa mère, ça nous mène bien à un âge d’environ 30 ans, autant dire qu’on est bon en termes de bilan carbone puisqu’il se dit que celui-ci est amorti au bout de 12 ans. Les décorations sont, elles aussi, récupérées. « Le secret, c’est de ne pas se lasser », se marre la mère de famille qui ajoute : « Et finalement quand on commence à récupérer on a l’embarras du choix » et on peut même se payer le luxe d’alterner.
Côté table, on fera comme d’habitude : on privilégiera le local de saison. Les fruits et légumes viendront de la ferme à Louvil, la viande du boucher et le foie gras d’un producteur local. Sans oublier « les escargots de Michael » à Flines-lez-Raches. « Miam », ponctue Ombeline en arrière-plan. Les boissons seront consignées, comme toujours, mais le jus de pomme sera servi chaud et épicé de cannelle fraîchement râpée ; la bûche comme les petits sablés seront faits maison. Et les tisanes seront agrémentées des peaux d’oranges (bio !) préalablement séchées. Bref, on se fait plaisir mais on s’organise un minimum.
Dernière astuce pour que le père Noël ne glisse pas sur les trottoirs gelés : le marc de café qui, outre ses mille vertus au jardin, se révèle excellent pour faire fondre la glace, avec un impact nul contrairement au sel qui va aller saliniser les cours d’eau environnants.
Justine Demade Pellorce