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Dans le salon ? Ou plutôt dans l’entrée ? Gregory Nocqs n’a pas encore choisi le mur pour accueillir les affiches des Jeux olympiques et paralympiques réalisées par l’artiste Ugo Gattoni. L’agriculteur nordiste les a tellement aimées qu’il n’a pas hésité à acheter les deux dès que possible, émerveillé par tant de détails. D’ailleurs, il le répète à l’envi : avoir les Jeux en France, « c’est exceptionnel ! »
« Je crois qu’on ne réalise pas l’impact positif que ça peut avoir. Le regard du monde va être tourné vers nous… » Les Jeux olympiques représentent pour Gregory Nocqs le meilleur du sport : des valeurs, « une attitude. » S’il a de belles références sportives, le Nordiste le dit : « Je ne suis pas un champion. » Non, son truc à lui, « c’est la beauté de l’effort » et l’humilité qui en découle.
Le Thiantais d’origine a toujours aimé courir. « À 22 ans, je me suis lancé aux 100 kilomètres de Steenwerck, se souvient-il. J’en ai fait 75 ! » Puis, le temps a passé. Les enfants sont arrivés, l’installation aussi. À 28 ans, il reprend la ferme de ses beaux-parents pour cultiver du blé, des betteraves, des pommes de terre… « Ça a été boulot, boulot, et mes enfants… j’ai bossé pas mal. Je ne courrais quasiment plus ! »
Un événement malheureux va alors le ramener vers le sport. En 2009, son papa se retrouve du jour au lendemain handicapé, quelques mois après sa retraite… Il décède six mois plus tard. Gregory Nocqs a 39 ans. « Je me suis dit : “Hors de question de me retrouver dans la même situation, bosser toute ma vie et me dire que je ferai ce que j’ai envie de faire à la retraite…” »
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Il adhère en 2010 à un club de course à pied. Très vite, il se donne du temps pour le sport avec trois entraînements par semaine. Moins d’un an après, il fait le marathon de Paris en 3 h 15 ! « Je me suis dit : c’est pour moi ce sport ! Adhérer à un club m’a apporté de la régularité et j’ai eu aussi une activité sociale. J’ai découvert que les gens avaient tous des soucis, pas que les agriculteurs, dit-il en souriant. Et que chacun avait son lot d’emmerdes et de joies. »
Le sport, ce remède magique, lui donne la banane. Plusieurs fois par semaine, il retrouve les copains, une émulation se crée. Il fait le tour des différentes distances (marathon, semi, 10 km.) pour se tester, se faire des références de temps.
Puis les années passent et il découvre autre chose que la course sur bitume : la course nature ou trail. « Là, on ne peut pas comparer (les chronos), dit-il. Un 15 km dans la boue, ce n’est pas la même chose qu’un 15 km dans les roches, qu’un 15 km avec une montée… » En 2018, il se lance dans un premier grand défi, en binôme, la Pierra Menta, à Arêches-Beaufort, en Savoie.
« Je découvre des spécialistes du trail ! J’ai les chocottes, je me demande dans quoi je me suis embarqué », se rappelle-t-il. Pour le symbole, il se rase la tête, prêt à aller au combat. Il faut dire que le menu est gratiné : 80 km en trois jours, avec 8 000 mètres de dénivelé positif (D +)… « Là, les montées sont compliquées, mais je descends comme un enfant ! À chaque fois, j’ai la musique de La petite maison dans la prairie dans la tête ! Après le marathon de Paris, ça a été une révélation de ce que pouvait m’apporter la course en montagne. » La beauté des massifs, se sentir tout petit face une montagne toute puissante, Gregory Nocqs parle avec des étoiles dans les yeux : « Vous vivez le moment présent ! »
Le trail est sa nouvelle passion. Courir sur de longues distances devient un moment « de méditation ». C’est un dépassement de soi qui lui apporte du bonheur, un « antidépresseur » dont le Nordiste de 53 ans ne compte pas se passer, malgré les difficultés du quotidien. Car il doit s’adapter aux périodes chargées dans l’année où il lui est difficile de courir : « Quatre mois dans l’année c’est très compliqué ! »
Malgré tout, il s’est fixé plusieurs objectifs pour cet été : la Grande traversée du Queyras (100 km, 6 800 m de D +) en juillet, puis L’échappée belle de Belledonne (150 km, 11 000 m de D +) en août. Son gros défi de l’année, lui qui n’a jamais réalisé cette distance… Entre deux, il aura pris le temps de regarder les Jeux olympiques. Et les affiches auront trouvé leur place chez lui !
Kévin Saroul