Votre météo par ville
Prévue pour entrer en vigueur au 1er juillet 2021, la suppression du gazole non routier (GNR) a été reportée au 1er janvier 2023. Le point avec Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA.
Cette suppression du GNR, et donc le surcoût occasionné par l’achat de gazole blanc, ne devait concerner directement que les entreprises réalisant des travaux publics. L’impact pour les exploitants agricoles était donc faible, dans la mesure où peu d’entre eux réalisent ce genre de prestations. Par ailleurs, il est important de rappeler que ces mesures ne touchent pas la taxation spécifique du carburant pour usage agricole : le GNR employé par les exploitants agricoles pour leurs travaux agricoles et forestiers continuera d’être taxé, au final, à 3,86 € par hectolitre, une fois le remboursement partiel perçu.
D’un point de vue général, nous comprenons le choix du gouvernement. Mais une fois de plus, ce calendrier a été pensé et acté en dehors des réalités techniques et économiques. Tant que des alternatives décarbonées n’existeront pas, à un coût économiquement viable pour les entreprises, ces transitions à marche forcée ne pourront prospérer. Les marges des entreprises de nos secteurs ne doivent pas servir de variables d’ajustement ! Des innovations abordables et opérationnelles devraient être le seul moteur à ces transitions, qu’elles concernent le carburant, les produits phytosanitaires ou les intrants !
L’intégration du remboursement partiel de la TICPE réservé aux usages agricoles et forestiers était une mesure découlant directement de la suppression du GNR. Avec désormais un seul usage autorisé, ce gazole ” agricole ” n’avait plus de raison d’être taxé différemment selon les usages. Il faudra donc attendre la suppression effective du GNR, le 1er janvier 2023, pour voir arriver ce gazole agricole, taxé dès l’achat, à la pompe, à 3,86 € de TICPE par hectolitre. Cette avancée n’est pas négligeable, car cela représente environ 1 500 € de trésorerie supplémentaire, pour une consommation de 100 hectolitres annuels.
Ces deux mesures avaient pour ambition de lutter contre une prétendue concurrence déloyale des exploitants agricoles envers les entreprises de travaux publics. Il s’agit là d’un non-sens, car d’une part, les exploitants qui ont fait le choix de cette diversification réalisent ces prestations dans le strict cadre de la loi, et bien souvent, ils le font par nécessité, dans la mesure où les entreprises de travaux publics rechignent à se déplacer en campagne pour de faibles volumes de prestations.
Il a donc été voté, sans concertation aucune avec les acteurs du monde rural, la mise en place d’un registre de suivi des prestations de travaux publics réalisées par des exploitants agricoles, et l’élaboration d’une liste de matériels typés ” travaux publics “, donc inéligibles aux usages agricoles ou forestiers, donc à la taxation ad hoc. À ce jour, il est acté d’un report de ces mesures au 1er janvier 2023 également, alors même que le bien-fondé et l’utilité de ces mesures sont questionnés de toutes parts. Si l’État avait employé la moitié des moyens mis en œuvre dans cette réforme à l’application des textes actuels, la question de cette liste et de ce registre ne se poserait même pas…
Actuagri