Le ruban tricolore n’est pas même encore coupé devant la première Maison Nord Santé du département que déjà plus de 200 patients ont été reçus en consultation. « Et 300 de plus sont prévus dans les deux semaines à venir », additionne Saliha Grevin, directrice de l’offre de soins du Département du Nord.
À quelques pas du clocher de Cuincy, le bâtiment compte six cabinets mutualisables et utilisables par les professionnels de santé. Médecins généralistes, gériatre, infirmiers et assistants médicaux sont déjà sur le front pour répondre à la colossale demande de soins sur le territoire.
Comme ses voisines alentour, la bourgade, qui frise les 6 500 habitants, a vu se consumer son offre de soin. Son maire, Claude Hego, a tout essayé pour tenter de remplacer les cinq médecins généralistes qu’a perdus la commune ces dernières années. « La proximité de médecins généralistes est une condition importante pour l’attractivité de la commune », justifie l’édile. « La santé est notre bien le plus précieux. C’est aussi un facteur d’attractivité sur le territoire, appuie Pierre Azzopardi, sous-préfet de Douai. La raréfaction des médecins peut entraîner le départ de population. »
Voici quelques mois, une « grande opportunité » se présente, relate Claude Hego. Des bâtiments en plein centre-ville de Cuincy se libèrent, idéalement desservis par une ligne de bus. « Un coup de fil à Christian Poiret puis il est venu, il a vu et il a appuyé sur le bouton », caricature l’élu municipal.
Si la santé n’est pas la compétence du Département, le Nord en a fait « la priorité de ses priorités » en prenant le sujet par un autre bout : celui de la prévention. « On veut protéger nos citoyens, abrège Christian Poiret. Cela ne sert à rien en ce mois de janvier de faire des vœux de bonne santé si l’on n’y met pas les moyens. »
Les moyens, ici, se traduisent par un bâtiment chiffrant à 325 000 €, auxquels s’ajoutent 350 000 € pour les premiers travaux et autant à venir. « C‘est une opération à 1 million d’euros », calcule le président du Département. Il enfile ici sa casquette de la communauté d’agglomération du Douaisis (CAD) pour parler des murs, tandis qu’il choisit celle du Nord pour évoquer la première d’une série de maisons de santé. «Notre volonté est de couvrir tout le territoire », décrit-il.
Il en aurait bien choisi un autre pour lancer la démarche. Le Douaisis, c’est chez lui, cela pourrait faire gage de traitement de faveur. « Mais nous avons été obligés car Saliha est allée trop vite. On n’allait quand même pas attendre ! », lance-t-il tout sourire à l’intéressée. Hugo Gilardi, directeur général de l’ARS Hauts-de-France, confirme « la rapidité du projet. Le premier échange était il y a dix mois ! » Preuve selon lui qu’« il n’y a pas de fatalité quand on prend les choses avec innovation et dynamisme » et quand les « forces s’unissent pour une même cause. »
« Ici, on teste une nouvelle association de professionnels de santé, défend Saliha Grevin. Un trinôme constitué d’un médecin, un infirmier en pratique avancée (IPA) et un assistant médical. » La première consultation dure 1 h 30, à domicile, au cabinet ou, le cas échéant, à l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, ndlr). Elle aboutit à l’écriture du plan personnalisé du soin du patient. « Le patient est vu dans sa globalité. On inclut par exemple l’aspect social », cite la directrice.
Le centre de santé devient le médecin traitant du patient au regard de la sécurité sociale. Le dossier médical est partagé par les professionnels. Le centre est conçu particulièrement pour accueillir les « patients fragiles » mais est ouvert à tous ceux sans médecin traitant. Ils sont près de 13 000 sur le Douaisis, nous dit-on en ce lundi 15 janvier. « L’IPA a étudié deux années supplémentaires, précise Saliha Grevin. Après la consultation, il revoit le patient chronique chaque mois. Si tout va bien, il renouvelle lui-même le traitement, ce qui libère du temps au médecin. » Car là est bien « l’originalité et l’innovation » du projet : un trinôme entourant le patient. « On surveille les patients fragiles comme le lait sur le feu », image celle qui a rejoint le Département il y a près d’un an.
À Cuincy, l’équipe médicale compte huit médecins dont cinq jeunes retraités qui voulaient poursuivre leur activité mais en tant que salariés, une gériatre à mi-temps, deux infirmières en pratique avancée, et une – bientôt deux – assistante(s) médicale(s). Le centre ouvre du lundi au vendredi de 8 h 30 à 19 h 30.
Car, reprend le sous-préfet de Douai, l’autre aspect du projet est de répondre « aux attentes des professionnels de santé eux-mêmes. Avec un nouveau mode de fonctionnement et d’organisation du travail. » C’est un phénomène de société, confirme Saliha Grevin. De plus en plus de jeunes médecins souhaitent être salariés, tout comme les plus âgés ne veulent plus poursuivre leur activité libérale mais acceptent de continuer à exercer leur métier sous une autre forme.
La maison de santé leur propose un contrat d’un an. Cela leur permet de concilier vie professionnelle et vie personnelle, qu’ils soient au démarrage ou en fin de carrière.
Après le Douaisis, l’Avesnois devrait accueillir au printemps un centre de santé départemental à Glageon avec une antenne à Landrecies (pour une vingtaine d’heures par semaine), puis une annexe (ouverte cinq jours par semaine) à Feignies à l’été. Suivront les Flandres à l’hiver 2024-2025. Le secteur n’est pas encore déterminé, Flandres intérieure ou maritime. L’enjeu est de « ne pas venir en concurrence avec l’offre locale mais en complément », précise la chargée du dossier pour le Département, qui écrit le projet de santé ensuite validé par l’ARS.
« On a besoin d’actes sur les territoires qui innovent, qui nous bouleversent, qui nous challengent, qui nous obligent à répondre aux véritables besoins en santé», assure Baptiste Marchand, directeur santé de la CPAM Lille Douai. Pour Saliha Grevin, « il n’y a pas d’autres solutions que de faire ça ! »
« Si on a fait cette maison de santé, reprend Christian Poiret, c’est surtout que mon médecin traitant partait en retraite au 29 décembre. Je vais pouvoir continuer à le voir ici », plaisante-t-il.
Louise Tesse
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