À peine arrivé au pas de son jardin qu’André Diéval vous plonge dans l’histoire des hortensias… ou il faudrait dire hydrangeas. Ces fleurs roses, bleues, blanches ou rouges occupent l’esprit de ce retraité depuis plus de 30 ans.
En 1984, il achète une pâture de plus de 3 000 m² à Villers-au-bois (62), où il construit sa maison et y plante des arbres, arbustes, vivaces et plantes annuelles. Horticulteur de formation et jardinier de métier, André Dieval ne se voit pas sans jardin et sans fleurs autour de lui. « J’ai baigné là-dedans depuis que j’étais jeune, mon père s’occupait d’une grande propriété près d’ici. J’ai d’abord planté des arbres de haute tige pour créer un écrin, se souvient-il. Une fois le décor planté, j’ai ajouté des touches de couleurs et d’exotisme en essayant d’associer les couleurs et les reliefs. »
Déambuler dans le jardin de ce passionné, c’est comme rendre visite à une famille. « Ici c’est Mme Emile Mouillère qui a plus de 110 ans », lance-t-il devant l’une des 300 variétés d’hydrangeas. « Là, c’est Anabelle, une variété très connue », ici « on trouve Mme Chaubert ! » Quelques pas plus loin, « c’est un hortensia qui vient de Nouvelle-Zélande, celui-là vient d’Asie, celui-ci d’Amérique du nord… Voyez, on fait le tour du monde rapidement ! »
Un voyage dans de nombreux pays… tout en révisant son Histoire. « Les hydrangeas sont originaires du Japon, explique André Diéval qui regrette de ne s’y être jamais rendu. Ça y pousse comme le sureau chez nous. Mais c’est l’explorateur Philibert Commerson envoyé par le roi Louis XIV qui a découvert cette plante sur l’île de France, devenue île Maurice depuis. Il n’a pas pu revenir, il est mort en voyage, mais son herbier est revenu en France grâce à Monsieur Bougainville. »
Ce retraité ne tarit pas non plus de connaissances sur la culture des hortensias et aime les transmettre. « C’est une plante qui vient d’une île volcanique, elle aime donc les sols acides et drainant, explique-t-il en cassant les préjugés sur les besoins en eau de la plante. Si la couleur des fleurs varie, c’est selon les variétés mais aussi l’acidité du sol. »
En ce qui concerne leur taille, il faut privilégier la période du 15 février au 15 mars. Mais attention, la taille, c’est tout un art. « Certains, ont une floraison sur deux ans, ce sont les variétés les plus communes, alerte le jardinier. Si on veut avoir des fleurs, il faut uniquement couper la fleur et les branches abîmées. Pour ceux qui ont une floraison sur un an, il y a moins de précautions à prendre. »
Outre les hortensias, André Diéval milite pour la reconnaissance des bambous, présents en nombre dans son jardin. « Tout le monde pense à tort que c’est une espèce envahissante, s’insurge-t-il. Mais ce n’est pas toujours le cas, il faut simplement bien savoir le choisir. Si on ne veut pas que les bambous prennent toute la place, il faut en choisir un cespiteux qui restera en souche pas avec des rhizomes. Il faut redorer les lettres de noblesse de ces plantes. »
Hêtre pleureur, conifères taillés en nuages, fleurs à bulbes et autres arbustes et vivaces permettent une floraison continue. « Mais le jardin, ce n’est pas que des plantes », aime-t-il rappeler. Ce sont aussi des oiseaux, des bouvreuils qui font leur nid à l’abri des prédateurs, des insectes et des mammifères.
En ce temps de sécheresse, le jardinier a rempli des petites coupelles d’eau pour tous les réhydrater. « La sécheresse, c’est quand même embêtant, reconnaît André Dieval, qui essaye d’arroser ses plantes avec l’eau de pluie récupérée. Mais c’est aussi l’occasion de voir comment les plantes s’adaptent et de sélectionner celles qui sont les plus résistantes. »
De belles surprises peuvent aussi éclore. « On ne sait jamais vraiment où les attendre, les plantes. On croit parfois que tout est perdu et elle reprend vigueur. »
La visite ne serait pas complète si on ne passait pas voir les « bébés » d’André, comme il les appelle. Pour développer les variétés d’hortensias, il a improvisé une pépinière avec les boutures et plants de quelques années. « C’est pour faire des échanges avec d’autres passionnés et promouvoir les hortensias. C’est aussi un moyen de tisser des liens et de nouvelles amitiés. »
Quand on demande à André s’il a le temps de profiter de son jardin, il répond qu’il y passe tout son temps mais ne s’arrête pas. Et de glisser des conseils pour réussir son jardin : « Il faut y passer du temps, être attentif, comprendre que rien n’est statique. Il faut aussi aimer ses plantes, je leur parle tous les jours… enfin, pas quand il y a des visiteurs, on me prendrait pour un fou ! »
Lucie Debuire
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