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La fierté et l’émotion ont envahi Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’Autonomie, quand elle a inauguré, vendredi, en compagnie de Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l’Insertion, le nouvel atelier de préparation traiteur de l’association Le Panier de la mer 62. Une association créée, en 2002, par… Brigitte Bourguignon.
La ministre a retracé le chemin parcouru depuis la première épicerie sociale qu’elle a montée dans le Boulonnais et rappelé cette question qui la taraudait à l’époque : « Pourquoi ne trouve-t-on pas de poissons dans les denrées alimentaires données aux bénéficiaires ? »
Elle est alors allée frapper aux portes des professionnels de la mer pour savoir si elle pouvait récupérer leurs excédents. Ces derniers, après lui avoir donné très facilement leur accord, lui demandent de quel véhicule elle dispose pour récupérer la marchandise. Ils rient encore de la réponse de la future ministre. À l’époque, elle roulait en Twingo. Ici, les invendus se comptent en tonnes : 100 ont ainsi été récupérées l’an dernier par l’association à la criée. L’aventure du Panier de la mer 62 était lancée.
Le concept repose sur trois piliers indissociables : la récupération des invendus de la criée pour éviter qu’ils ne soient transformés en farine animale ou jetés, leur transformation par des salariés en insertion et leur redistribution aux associations d’aide alimentaire. Et ça marche ! L’association emploie 27 salariés, dont 19 en contrats aidés (CDDI).
Sophie Cazenave, directrice de l’association précise : « Même si les contrats peuvent aller jusqu’à deux ans, nous ne signons que des contrats de six mois car les opérateurs occupent des postes professionnels, comme dans une entreprise de transformation des produits de la mer, et pourraient se croire installés dans l’emploi alors qu’ici, il ne s’agit que d’une étape, d’un passage vers un emploi pérenne. »
Apporter du poisson à ceux qui ont faim, c’est généreux mais pas forcément suffisant. Comme le rappelle Sophie Cazenave : « Au début, on ne disposait pas de surgélateur, on distribuait le poisson frais à des familles qui ne savaient pas le cuisiner. Conséquence, il était jeté. »
Les bénéficiaires ne savent pas préparer le poisson ? Qu’à cela ne tienne : on va leur apprendre. D’où la création d’ateliers cuisine, pour le poisson, étendus aux produits alimentaires – le chou-fleur ou les poireaux – qui ne suscitaient pas l’engouement.
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Ces ateliers continuent au rythme de 310 par an. À raison de dix personnes par atelier, 2 000 personnes différentes sont sensibilisées tous les ans à une alimentation plus saine.
L’histoire ne s’arrête pas là. « Ces ateliers nous ont amenés à l’idée que la préparation culinaire pourrait intéresser des personnes en recherche d’emploi », décrypte Sophie Cazenave. Voici comment est née l’activité traiteur qui emploie sept salariés et possède un avantage non négligeable aux yeux de la directrice : « On équilibre nos comptes avec cette activité, qui dépend du secteur marchand. »
Et puis, patatras ! Arrive la Covid-19. Plus de réception, plus de restaurants pour écouler une partie de la pêche, mais des salariés de l’atelier traiteur désireux de travailler malgré le confinement et de plus en plus de bénéficiaires à nourrir. La fabrication de plats préparés en barquettes par l’atelier traiteur a été LA solution. « En 2020, nous avons confectionné plus de 10 000 parts », explique Maxence Joachim-Arnaud, chargé de mission. Conséquence : le chiffre d’affaires a bondi de 30 % pour atteindre les 130 000 euros… rendant les locaux trop petits.
À son tour l’État entre dans la danse avec France Relance, le plan lancé en 2020 pour contrer les effets délétères de l’épidémie. L’association a reçu une subvention pour l’aménagement d’un nouvel atelier destiné à accueillir l’activité traiteur et la production des barquettes alimentaires. Coût de l’opération : 500 000 euros intégralement pris en charge par l’État, la Région, l’Ademe, la Fondation Crédit Agricole Nord-de-France et la Fondation AG2R La Mondiale. L’objectif est de produire 20 000 barquettes la première année avant d’atteindre 35 000 par an d’ici trois ans.
Des barquettes made in Boulogne, qui, espèrent leurs promoteurs, pourraient être distribuées au niveau national auprès des réseaux d’aide alimentaire.
Brigitte Klinkert s’est félicité que cet atelier entraîne la création de trois emplois supplémentaires à l’horizon 2022-2023 et a souligné que le volet insertion du plan de relance avait permis de verser 14,3 millions d’euros dans le Pas-de-Calais entraînant la création de 1900 emplois dans l’inclusion.
Hervé Vaughan