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« Je suis célibataire par choix », explique Alexis (les prénoms ont été changés), la vingtaine. Redevenu célibataire il y a un an, il a eu le temps de se retrouver. « Le secret pour être heureux, c’est de pouvoir rester seul, j’ai appris cela au premier confinement ». Très heureux, assure-t-il, il pousse le raisonnement plus loin : « Est-ce obligatoire d’être en couple officiellement, de se montrer ? Pour qui, pourquoi nous obligeons-nous à vivre en couple ? » Le jeune homme surprend. « Je ne me vois pas vivre en couple, à deux. Je ne veux pas de mariage, pas d’enfants… pour l’instant ! C’est plus intéressant, plus respectueux d’être avec quelqu’un juste pour le plaisir d’être avec cette personne et pas pour être présenté à la famille, aux amis, ni pour travailler sur la ferme. L’idéal pour moi est qu’on ait chacun nos vies et qu’elles nous plaisent. Je suis indépendant, je souhaite que mes amies le soient aussi ».
Anthony, qui a le même âge, se confie lui aussi. « Moi, je suis bien sur ma ferme. Je ne fais pas grand-chose pour chercher une compagne. J’attends que les salles, bars, restaurants rouvrent car je préfère draguer en vrai. Cela permet de voir réellement la personne : son langage corporel, ce qu’elle dégage. » Danseur, il aime particulièrement les fêtes populaires, les bals et les soirées dansantes. « Je ne suis pas pressé. Je passe de bons moments, seul, avec ma famille. Je travaille et je suis content de ma vie », explique-t-il.
Sébastien, quadra dynamique, est aussi célibataire depuis un an. Il a choisi Facebook et ses groupes privés pour trouver l’âme sœur. Il enchaîne les rencontres mais fait souvent chou blanc. « 99 % des inscrits ne savent pas écrire et/ou ont des problèmes psychologiques. Je discute avec très peu de femmes car j’opère un gros tri. Je cherche une relation sérieuse. Les femmes que je rencontre ont 40 ans, si nous n’avons pas assez de choses en commun ou si elles ne veulent pas déménager, parce que je suis attaché à ma ferme, on arrête de se voir », confie Sébastien.
De son côté, il avoue souffrir de la solitude. Il est conscient que les femmes qu’il rencontre n’ont pas forcément envie d’être en couple avec un homme qui travaille autant : « Des histoires s’arrêtent à cause de ça. Je passe plutôt 70 h sur l’exploitation que 35 mais je vais abandonner certaines cultures pour me libérer du temps ». En cette période particulière, Sébastien requiert surtout l’anonymat car il n’a d’autre choix que de braver le couvre-feu, comme bon nombre de célibataires.
Arnaud, 20 ans, ouvrier agricole et célibataire depuis neuf mois, témoigne à visage découvert. Au fil des années, il a lié ses amitiés et a multiplié les contacts heureux. Il possède aujourd’hui un carnet d’adresses qu’il peut à tout moment mobiliser. « Je vis au jour le jour, pour le moment je ne cherche pas vraiment de petite amie. En plus, ce n’est pas la meilleure période et puis à mon âge, il faut surtout en profiter ! ». Arnaud cherche d’autant moins qu’il a trouvé une femme qu’il fréquente depuis quatre mois tout en gardant une autre dans un coin de sa tête. « J’ai beaucoup d’amis, c’est par leur biais que je rencontre des jeunes femmes. Quand on est accompagné des bonnes personnes, pourquoi s’embêter à en chercher de nouvelles ? ».
Alexis aussi s’épanouit avec deux femmes, sans autre engagement que celui d’être honnête. « Je me suis inscrit sur Tinder et OKCupid à la fin de l’été, je n’avais jamais fait ça avant », raconte-t-il. « Je reste plus friand des rencontres dans les bars et les discothèques mais c’est compliqué actuellement. Je pourrais « matcher » chaque semaine, voire plus, mais je ne suis pas un serial lover. Je viens d’ailleurs de supprimer mes comptes. J’ai rencontré deux femmes avec qui je m’entends bien et ça me suffit ». Alexis ne s’interdit rien mais ses partenaires, comment le vivent-elles ? « Si une femme s’attache et moi non et qu’elle en souffre, nous nous séparons. Celles avec qui je partage de bons moments, aujourd’hui, sont sur la même longueur d’onde que moi ». Il confesse par ailleurs ne pas dire à ses amies son métier d’agriculteur : « Entre les idées reçues et les sujets qui fâchent, c’est compliqué. Et ce n’est pas plus mal de montrer qu’on sait aussi parler d’autres choses que de tracteurs », sourit Alexis.
Anne Frintz