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« C’est une reconnaissance de notre action d’accompagnement des agriculteurs. » En préambule de l’assemblée générale de Campagnes vivantes, qui s’est tenue à Terres en fête le 10 juin, Karel Lesaffre, son président se félicite : en septembre 2021, l’association a été reconnue d’intérêt général par les pouvoirs publics pour son travail auprès des agriculteurs pour les accompagner dans leurs démarches de progrès en lien avec la gestion du paysage et la protection de la biodiversité.
C’est dans cette logique que l’association, animée par Sandrine Joubert, travaille depuis près de deux ans à l’élaboration d’un projet autour des paiements pour services environnementaux (PSE). « Historiquement, l’association Campagnes vivantes travaille sur la préservation du patrimoine bâti, puis petit à petit, nous avons accompagné la mise en place d’actions en faveur de l’environnement et de la biodiversité », explique Emmanuel Leveugle, vice-président de Campagnes vivantes. Des actions qui ont un coût pour les agriculteurs.
Les grandes lignes de la mise en œuvre d’un système de PSE ont été présentées lors de l’AG. En 2021, Campagnes vivantes a bénéficié du soutien de l’Agence de l’eau pour mener une expérimentation, identifier les leviers et les freins des différents dispositifs existants en France et en Europe en matière de PSE, et définir une méthode. « L’objectif était de trouver un système qui fonctionne », avance Emmanuel Leveugle. Le travail mené a permis d’éliminer la piste de l’accompagnement public pour financer les PSE. « On s’est aperçu qu’il était plus pertinent de partir sur une logique de financement privé avec les entreprises », avance le responsable.
Différentes entreprises du territoire ont été rencontrées pour connaître leurs besoins et leurs attentes. Le même travail a été mené auprès des agriculteurs. Pour l’entreprise, s’engager dans une logique de PSE avec un agriculteur s’inscrit dans une démarche de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « C’est une manière d’afficher ses valeurs et de s’impliquer concrètement en faveur de la biodiversité, cela permet d’impliquer ses collaborateurs, tout en aidant les agriculteurs de son territoire à agir pour l’environnement et le climat », énumère Emmanuel Leveugle. Dans le cadre du partenariat établi entre l’entreprise et l’agriculteur, celui-ci est donc rémunéré « au juste prix pour services environnementaux. »
Campagnes vivantes cible notamment les petites et moyennes entreprises car les plus grandes structures semblent avoir d’autres stratégies RSE basées sur l’évitement, la réduction, voire la compensation de leur empreinte carbone. Une première expérimentation a été menée avec l’entreprise Actemium Maintenance à Dunkerque qui souhaitait contribuer à la plantation d’arbres au niveau local. Une première plantation de haies financée par l’entreprise a été réalisée chez un agriculteur. Cela a permis de peaufiner le dispositif pour qu’il réponde au mieux aux attentes de chacun.
« Nous avons mis en route beaucoup de projets ces dernières années, l’enjeu est désormais de mener à bien toutes les actions lancées pour continuer à jouer notre rôle auprès des agriculteurs », conclut Karel Lesaffre.
Parmi les actions menées par Campagnes vivantes, figure l’opération « Fleurs en ferme ». En 2021, une opération de mise en place de bandes fleuries pour les abeilles a été imaginée. « Nous avons proposé à près de 10 000 agriculteurs d’implanter un mélange mellifère dans leurs bordures de champs ou leurs zones de non-traitement », explique Jean-Pierre Clipet, administrateur de l’association. Au final, en 2021, 240 agriculteurs se sont mobilisés pour implanter 373 bandes fleuries sur 146 hectares. En 2022, ce sont 103 agriculteurs qui ont implanté 220 bandes sur près de 82 hectares. Des panneaux de communication sont positionnés aux abords des bandes fleuries et des documents explicatifs sont distribués aux riverains pour leur expliquer la démarche.
Virginie Charpenet
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