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Contrairement aux pays asiatiques et, plus récemment, aux régions du sud de la France (mais aussi l’Île-de-France dont la forte densité a accéléré le phénomène), le moustique tigre n’a pas encore envahi le nord de la France puisqu’il est observé sporadiquement.
Vous lisez bien, pas encore car cela finira par arriver. Un problème sanitaire notamment, en raison des maladies dont il peut se faire le vecteur, qu’il convient d’appréhender sereinement, mais avec toutes les connaissances possibles.
En apprenant à le reconnaître, en prenant les bons réflexes pour éviter sa prolifération et en sachant comment signaler sa présence le cas échéant, on retardera au maximum son invasion.
C’est pourquoi Fredon Hauts-de-France organise une réunion d’information ouverte à tous mercredi 26 avril de 14 h à 16 h dans ses locaux à Loos-en-Gohelle. Pour ceux qui ne pourraient s’y rendre, Ophélie Jezequel, chargée d’études en préservation du patrimoine naturel et en questions de santé humaine, explique.
« Fredron travaille notamment à la surveillance et la sensibilisation de certaines espèces envahissantes, des végétaux comme la berce du Caucase ou l’ambroisie à feuilles d’armoise, mais aussi des animaux comme la chenille processionnaire ou le moustique tigre. »
La plupart se caractérisent notamment par une nuisance, voire un danger pour la santé humaine.
« Le moustique tigre est fortement présent dans le sud de la France depuis quelques années. Il se déplace avec l’homme (dans des véhicules, des valises ou encore des conteneurs en ce qui concerne les échanges commerciaux) car il vole très mal par ailleurs et ne parcourt pas plus de 150 mètres autour de son lieu de naissance », pose Ophélie Jezequel.
Un moustique dit « urbain », car ses déplacements sont liés à l’activité humaine, et qui s’adapte très bien. Et pose de fait un vrai souci de santé publique car il est le vecteur de trois maladies : la dengue, le chikungunya et le virus zika.
Si elles sont très rarement mortelles, elles peuvent être très handicapantes et, parce qu’elles n’ont pas de traitement, peuvent s’installer sur le long terme.
Fièvre, maux de tête, douleurs musculaires ou oculaires font partie des symptômes. Des maladies qui ne sont pas répandues sur le territoire métropolitain mais qui, si elles sont contractées lors de voyage, peuvent alors être transmises par les individus de moustiques tigres désormais présents.
« Nous ne sommes pas énormément impactés dans les Hauts-de-France, rassure la chargée d’études. Car à chaque fois qu’il est identifié, une lutte est mise en place qui évite sa prolifération. Mais ça ne tiendra pas éternellement, c’est pourquoi nous bénéficions du retour d’expérience des régions du sud. »
Alors comment reconnaître le petit nuisible pour commencer ?
« C’est un tout petit moustique, mesurant de 4 à 5 millimètres, noir avec des rayures blanches. Il est donc plus petit que le moustique commun et se distingue notamment par sa très longue rayure blanche sur le thorax ainsi que sur les pattes et l’abdomen », décrit Ophélie Jezequel.
Quel est son comportement ? « Contrairement au moustique commun, le moustique tigre est diurne et pique surtout le matin et en soirée. Comme tous les moustiques, il se nourrit de sucs végétaux et il n’y a que la femelle qui pique pour alimenter grâce au sang, ses œufs avant la ponte. Il est actif entre mai et novembre et si les adultes meurent en hiver, les œufs peuvent se mettre en pause, on appelle ça la diapause. »
La ponte justement, est le principal enjeu.
« La femelle va pondre ses œufs par grappes de 80 le plus souvent, à 150 à la verticale sur une surface solide et sèche à proximité d’une source d’eau qui va permettre l’activation des œufs qui, autrement, peuvent rester de très longues périodes en sommeil ce qui leur permet de traverser les océans dans des conteneurs par exemple. »
Raison pour laquelle le principal réflexe sera d’éviter les surfaces d’eau stagnantes : coupelles de pots de plantes, brouettes, bidons de récupération d’eau de pluie, jouets d’enfants, gamelles d’animaux.
« Il suffit d’un bouchon de bouteille pour qu’il se reproduise », prévient la spécialiste. Au contraire, les étangs, mares et autres surfaces plus grandes font de mauvaises nurseries à moustique tigres.
Conseil donc : vider, retourner tout ce qui peut contenir de l’eau stagnante une à deux fois par semaine, changer l’eau des animaux, couvrir d’une moustiquaire les bidons d’eau et ne pas oublier les bâches recouvrant les piscines ou les productions après la pluie, les gouttières bouchées par des feuilles…
« Si chacun s’y met, nous pouvons gagner du temps », enjoint Ophélie Jezequel qui donne quelques autres conseils de bon sens.
D’abord, ne pas hésiter à consulter un médecin en cas de symptômes en retour de voyage (en Asie du sud mais aussi en Afrique ou en Amérique du sud) afin d’éviter aux virus de circuler. Le moustique ne naît pas contaminé mais il peut être vecteur s’il pique une personne contaminée. « Le problème étant que les trois virus transmis par le moustique tigre présentent de forts taux d’asymptomatisme (70 % pour la dengue, 80 % pour zika et seulement 15 % pour le chikungunuya). »
Si vous apercevez un moustique tigre, il est important de la signaler sur la plateforme dédiée*.
« Le mieux est de la prendre en photo avant de l’écraser (il faut toujours le tuer) pour renseigner le signalement car de nombreuses erreurs d’appréciation ont encore lieu », explique la chargée d’études.
Une photo et quelques questions sur la couleur, les pattes ou les rayures permettent une veille régionale assurée par l’ARS. Et que faire si on a la certitude d’avoir été piqué par un moustique tigre ? « Il faut être attentif à la survenue de symptômes potentiels dans les 8 jours, et consulter un médecin en cas de doute », suggère Ophélie Jezequel.
Justine Demade Pellorce
Lire aussi : Le moustique tigre : Mieux le connaître pour prévenir
*Si vous voyez un moustique tigre, indiquez-le sur la plateforme dédiée : signalement-moustique.anses.fr qui regroupe également de nombreuses informations.
La réunion organisée par Fredon et l’ARS a lieu mercredi 26 avril de 14 h à 16 h dans les locaux de la Fredon à Loos-en-Gohelle (265 Rue Henri Becquerel). Elle est gratuite et ouverte à tous, sur réservation au: 03 21 08 64 96 ou ophelie.jezequel@fredon-hdf.fr