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Rendre compte de l’évolution des pratiques agricoles des exploitations de la région au regard des relations qu’elles entretiennent avec leurs partenaires au sein des filières agricoles (fournisseurs, acheteurs, conseils…). C’est l’ambition du travail* mené par cinq sociologues, deux économistes et un anthropologue de la faculté des sciences économiques et sociales de l’université de Lille.
Hypothèse scientifique de départ formulée par les chercheurs : les pratiques culturales et la structure des relations socioéconomiques entre les exploitations, leur amont et leur aval sont corrélées.
« Notre travail a pour objectif de montrer les liens de causalité, explique Alexandre Guérillot, ingénieur d’étude en charge de la coordination du programme. Nous savons qu’il y a un lien mais nous cherchons à savoir quels types de relations entraînent quels impacts. À ce jour, il existe peu de littérature sur le sujet. »
Les chercheurs ont choisi de se concentrer sur deux productions spécialisées emblématiques de la région : le lait et la pomme de terre.
Dégager des statistiques
Après une première phase d’enquête de terrain, les chercheurs entament l’étape, dite quantitative, en diffusant à l’échelle régionale un questionnaire portant sur les pratiques culturales, les relations socioéconomiques des fermes et les évolutions du métier d’exploitant agricole.
« Pour des résultats probants, nous avons besoin d’avoir une diversité dans le type d’exploitations et, pour l’instant, c’est un peu difficile de toucher les plus grosses », concède l’ingénieur d’étude.
La pertinence des résultats passe en effet par une représentativité des exploitations interrogées. C’est pourquoi les chercheurs invitent les exploitants de la région à répondre en ligne au questionnaire, élaboré en partenariat avec la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais.
La plateforme garantit l’anonymat des répondants et permettra aux chercheurs de dégager des logiques statistiques.
Des entretiens qualitatifs
La première partie du travail consistait à réaliser des entretiens, dits qualitatifs, avec des exploitants agricoles. L’objectif de cette étape est d’obtenir des informations extrêmement précises. 24 fermes ont été visitées en tout.
« Nous avons cherché à savoir la place que tiennent les exploitations au sein de leur filière », avance Alexandre Guérillot. Les chercheurs ont interrogé les exploitants sur les relations qu’ils entretiennent avec leurs fournisseurs et leurs acheteurs ainsi que leurs rapports aux normes techniques, sociales, agroenvironnementales…
Les premières analyses montrent que, dans bien des cas, fournisseur et acheteur constituent un seul et même interlocuteur, qui prodigue au passage des conseils en matière de pratiques culturales. Sans grande surprise pour celui qui côtoie régulièrement le monde agricole, les chercheurs constatent aussi que les changements de pratiques des agriculteurs se font dans un environnement extrêmement contraint et s’opèrent selon des calculs économiques.
Les entretiens laissent aussi apparaître un certain désarroi sur la façon dont une partie du grand public les perçoit. À l’issue des travaux, une journée de restitution est prévue durant l’hiver 2019-2020.
Virginie Charpenet