« Tiens, celui-là, je ne l’ai pas encore lu. » Dans une salle de la maison de quartier du Méridien, à Dunkerque, Marie-Claude fait ses emplettes. Mais ce samedi 25 novembre elle partira sans payer : c’est le principe du troc aux livres organisé par l’association de défense environnementale Adèle.
Une opération mise en place en 2010 avec un succès grandissant, l’édition annuelle s’étant peu à peu mue en rendez-vous semestriel jusqu’à ce que le covid puis la fermeture de la Maison de la nature et de l’environnement qui accueillait le troc et le siège social de l’association, ne stoppent net cet élan. Il fallait ressusciter l’opération : chose faite le week-end dernier. C’est Catherine Buin, ancienne troqueuse ayant rejoint les rangs de l’association, qui a orchestré cette édition, relocalisée à la maison de quartier de Malo-les-Bains.
« Une tonne de livres = 20 arbres sacrifiés, 60 000 litres d’eau utilisées et 5 000 kW d’énergie », rappelle Huguette Flament, présidente d’Adèle de 2004 à 2016. Cette ancienne professeure de mathématiques « s’amuse » à reporter, sur un tableau complété au fil de la journée, le bilan sous forme de nombre de livres échangés et de poids de papier préservé.
Un argument qui résonne chez les plus jeunes, auprès de qui le troc avait été étendu autrefois. C’était Claude Cormont, l’une des littéraires, qui s’y collait : « Nous faisions un troc de livres dans les collèges et ça marchait drôlement bien, se souvient-elle. Chaque enfant venait avec un livre qu’il avait lu et aimé, ils le présentaient aux copains qui se les échangeaient ensuite. Ça faisait un sacré brassage de bouquins « , se souvient la professeure de français dans un sourire.
Le principe avait été développé dans les écoles primaires. C’est la même qui raconte comment ce papa – ou ce papi elle n’est pas sûre – est passé quelques heures plus tôt accompagné d’un petit de 2 ans. Il ne voyait pas l’intérêt de regarder les livres pour enfants, le petit ne sachant pas lire. « Eh bien on lui a trouvé un livre, avec de belles images : il a réalisé qu’il pouvait lire des histoires à son enfant« , se réjouit-elle autant qu’elle trouve « ahurissante » cette révélation ainsi faite sous ses yeux.
Alors voilà, le troc aux livres de l’association Adèle est relancé avant, on l’espère, le retour dans les écoles. Bilan de cette renaissance : 75 personnes ont échangé 226 livres et 30 CD et DVD pour un poids total de 75,361 kg très précisément. Et si dans les rangs de l’association on se dit « un peu déçus du bilan« , – une bonne centaine autrefois – et qu’on n’a pas sauvé un arbre, on en a sauvé quelques branches au moins. « Et on a démontré à ce papa – ou ce papi – que son enfant pouvait découvrir les livres« , rappelle Claude Cormont.
Le directeur de la maison de quartier, Alexandre Havier, estime, lui qui a organisé avec une autre association locale une journée d’animations zéro déchet en parallèle du troc, que le bilan ne se fait pas à l’aune de ce que coûte l’organisation d’un atelier de fabrication de produits maison, par exemple, mais de ce que les habitants embarqués gagneront par la suite. Une série de petites graines.
Justine Demade Pellorce
L’opération troc de livres s’est tenue en plein cœur de la semaine européenne de réduction des déchets mais aussi le jour du fameux « Black friday » et, si c’est un hasard, ça fait quand même « un pied de nez à cette semaine d’ultra consommation et d’achats parfois inutiles« , pense Alexandre Harvier, président de la maison de quartier de Malo-les-Bains qui a accueilli l’événement. Il voit dans la multiplication de ces initiatives « des intentions nobles de réduction des déchets » liées à « un engagement de longue date à de vraies valeurs« . Une prise de conscience croissante chez les citoyens, observe-t-il, dont les associations ont souvent été pionnières.
Du côté des maisons de quartier, si on fait déjà des choses sans s’en rendre compte, « la prise de conscience est en accélération depuis un an ou deux, notamment en lien avec la crise climatique que nous connaissons et ses fréquentes alertes« , analyse le directeur. L’accueil de ce troc de livres était donc naturel, pour son directeur, qui rappelle combien ce type d’action s’intègre dans la philosophie mais aussi dans la pratique de l’association À tes côtés dont il dépend. « L’association opère elle-même une démarche de transition appelée J’€logise (prononcez “J’écologise”), détaille Alexandre Harvier. Standing transition, un module d’ateliers do it yourself déploie une dizaine de recettes lors d’événements : des sticks à lèvres, des cakes vaisselle solides ou du liniment : un catalogue qui est amené à s’étoffer », promet-il avant de poursuivre : « Une brigade d’€llègues (écollègues) rassemble au minimum un salarié par structure de l’association – de l’agent d’entretien au directeur – qui se retrouvent tous les trois mois pour échanger questions et bons plans sur la mise en place d’actions zéro déchet. On peut encore citer la dizaine de jardins partagés où l’on cultive ce que l’on consomme. »
Ce troc aux livres est l’une des actions menées par l’association de défense de l’environnement du littoral est (de Dunkerque) Adèle. Née en 1989 à Leffrinckoucke dans l’objectif initial de lutter contre l’extension d’un camping, l’association a toujours œuvré à la réduction des déchets par des ramassages, le long du canal et jusque sur les plages ; par la sensibilisation des principaux producteurs de déchets du secteur (les grandes surfaces), et par la signature ensuite d’une convention avec la ville de Dunkerque. Aujourd’hui, opérations Ospar (comptage de déchets sur les plages en vue d’en transmettre l’inventaire aux organismes en charge du suivi de la protection du milieu marin) et autres nettoyages font le quotidien des bénévoles.
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par Justine Demade Pellorce
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