Emmanuel Macron a salué mardi le coup d’envoi d’une usine de batteries électriques flambant neuve à Douai (59), appelant au passage à ne pas « détricoter » la « politique écologique à la française ».
« Soyez fiers de l’équipe de France », a lancé le chef de l’État devant les quelque 600 salariés du site du groupe sino-japonais AESC, sorti de terre en trois ans et qui a tout juste commencé à produire. En 2018, les constructeurs européens jugeaient impossible l’installation d’usines de batteries à leurs portes, a-t-il affirmé. « Nous prouvons le contraire avec AESC à Douai. Il n’y a pas de fatalité, pas de morosité à avoir. Les temps sont durs (…) Mais ce que vous incarnez ici aujourd’hui montre que l’écologie et l’économie, ça peut aller ensemble si on investit, si on a une stratégie de long terme et de la constance », a-t-il martelé. Les batteries équipent les nouvelles Renault 5 (R5) produites juste à côté, deux symboles du renouveau industriel du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
La mise au point du chef de l’État intervient alors que plusieurs mesures environnementales emblématiques sont attaquées au Parlement : suppression des Zones à faible émission, recul du dispositif Zéro artificialisation nette. « Le discours que j’entends en ce moment (…) m’énerve au plus haut point, a insisté le chef de l’État. On ne peut pas revenir en arrière et détricoter ça. »
La « gigafactory », qui compte 650 salariés, entend recruter 350 personnes supplémentaires d’ici fin 2025. Elle aura le potentiel d’équiper jusqu’à 200 000 véhicules électriques par an. « Ce lancement marque une étape décisive dans l’engagement d’AESC à faire progresser la réindustrialisation de la France et son leadership dans la transition énergétique mondiale », a déclaré le président du groupe, Lei Zhang. « Le transfert de technologie doit se faire parce que c’est la Chine qui maîtrise le mieux cette technologie », a renchéri Emmanuel Macron devant le dirigeant d’AESC. Face à ce constat, « il faut essayer de sortir du caractère démagogique du quotidien qui consiste à dire « l’écologie c’est forcément mauvais » », s’est-il aussi emporté en inaugurant un peu plus tard la maison France services de Wallers.
Depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, 1,3 milliard d’euros ont été engagés dans la valorisation du Bassin minier, un territoire de 1,2 million d’habitants, des transports à la santé, indique la présidence. L’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, un vaste plan sur 10 ans signé par l’État en 2017, prévoyait la rénovation de 23. 00 logements énergivores sur 35 cités minières. À ce jour, 15 500 ont été refaits à neuf et 10 000 sont en chantier, soit plus que « l’objectif fixé en 2017 », s’est félicité le président.
Côté industriel, 2 200 emplois ont été créés entre 2022 et 2024, grâce notamment à l’émergence d’un pôle de batteries pour voitures électriques. Mais si le nombre de demandeurs d’emploi y a chuté de 19 % depuis 2017, le taux de pauvreté reste à un niveau de 21 %, de six points supérieur à la moyenne nationale. « On ne doit rien lâcher », a insisté le chef de l’État, en saluant le « travail collectif » avec des élus de droite comme de gauche dans le Nord.
Afp
À deux ans de l’achèvement de l’Engagement pour le renouveau du bassin minier (ERBM), quelles sont déjà ses réussites ? L’État, le Département et la Région ont tenu leurs engagements, en termes de nombre de maisons rénovées ; et on travaille main dans la main pour les infrastructures. Les logements sont une chose, mais l’aménagement extérieur permet aux gens de se sentir bien chez eux, dans leur environnement, quand ils ouvrent leur porte. Le Président nous a confirmé ce matin que les 36 millions qui restaient pour les espaces publics étaient sacralisés. Les planètes s’alignent, on continue le renouveau du bassin minier, il n’est pas terminé.
Quels objectifs reste-t-il à atteindre ? Quand on aura utilisé les 36 millions d’euros restants, ce sera de se poser la question : est-ce qu’on a bien rénové toutes les maisons. Je ne suis pas sûr. Pour moi, il y aura encore des plans à faire sur l’ERBM. Mais c’est normal : quand on rénove des dizaines de milliers de logements, ça ne peut pas venir du jour au lendemain.
Sur la réindustrialisation du territoire, l’usine de voitures électriques AESC visitée ce mardi par Emmanuel Macron, le Douaisis veut-il se poser en exemple ? On fait le travail. Je me suis investi énormément pour qu’AESC vienne dans le Douaisis, ce qui n’était pas prévu à l’origine. Nous avons une usine qui va sortir environ 250 000 batteries par an avec une fiabilité hors du commun. Notre objectif est maintenant d’en avoir une deuxième. Ce serait une belle chose.
Quelles autres implantations sont à retenir ? L’objectif du président Macron- mais on a le même- est de dire : moins on a de composants qui viennent de Chine, mieux c’est ! D’où l’intérêt d’avoir les sous-traitants ici. Le but est de faire un écosystème du véhicule électrique. On a des parcs d’activité prévus autour du site. Il nous reste également quelques hectares. On a fait un échangeur très important, à 10 millions d’euros pour desservir l’ensemble. On est au cœur de l’Europe, c’est stratégique.
Louise Tesse
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