Pâques marque, avec Noël, l’un des deux temps forts de l’année pour les catholiques : c’est le retour à la vie de Jésus. C’est, par extension, le retour de la lumière. Raison pour laquelle c’est à cette date que sont baptisés les adultes et adolescents souhaitant « entrer en religion » comme ils entreraient dans la lumière, si on file la métaphore.
Et, alors que le nombre de baptêmes de bébés et de jeunes enfants fond comme neige au soleil à mesure que la pratique religieuse a reculé en France*, ceux des adolescents et des adultes connaissent un récent regain, vraisemblablement nourri par une quête de sens dans un monde où tout part à vau-l’eau.
Si la loi française interdit la tenue de fichiers en fonction des croyances, les estimations oscillent entre 2 % – le parti pris du diocèse d’Arras qui avance « environ 30 000 pratiquants » – et 8 % de la population – c’est l’estimation nationale que reprend notamment le diocèse de Cambrai qui table sur 48 000 personnes. Le Nord-Pas de Calais compte trois diocèses – Lille, Arras et Cambrai – eux-mêmes divisés en 243 paroisses. À l’image du pays, tous ont observé une augmentation du nombre de baptêmes de jeunes et d’adultes l’an dernier, qui se confirme cette année encore (voir l’infographie).
Anne-Laure de La Roncière, responsable du service du catéchuménat au diocèse de Lille, explique le cheminement, symbolique et concret, que doivent emprunter les candidats au baptême : les catéchumènes. « Quand quelqu’un veut devenir chrétien, il s’adressera le plus souvent à l’église près de chez lui. De cette rencontre et des échanges qui suivront dépendront sa réponse à la question « êtes-vous d’accord pour vous mettre en marche et commencer votre parcours ? ». »
Le diocèse de Lille – 106 paroisses – est divisé en 12 doyennés et autant de personnes qui accompagnent ceux qui accompagnent les catéchumènes au quotidien : prêtres, curés et autres diacres. La préparation dure en moyenne un an à un an et demi, « mais devenir chrétien, c’est un mouvement perpétuel », relativise Anne-Laure de La Roncière, qui précise tout de même que « ce qui fait la structure, l’ossature de ce parcours, ce sont les rites d’intégration incarnés par les sacrements : baptême, confirmation, eucharistie ».
La première étape, le baptême donc, peut se faire à tout âge, étant entendu qu’il sera plutôt subi pour les plus jeunes et clairement choisi pour les autres : « C’est l’appartenance à la grande famille des enfants de Dieu », formule-t-elle. La confirmation est donnée par l’évêque dans un second temps, ou le même jour que le baptême concernant les adultes. L’eucharistie, enfin, est « le sacrement de la route », dit la responsable diocésaine : ce partage de l’hostie à la messe – « ceci est mon corps » – qui permet de redire au quotidien l’appartenance à une histoire commune.
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Concernant le regain de baptêmes de jeunes et d’adultes ces dernières années, Anne-Laure de La Roncière avance plusieurs explications possibles parmi lesquelles le rôle que jouent les influenceurs sur les réseaux sociaux (et quel meilleur prosélyte qu’un influenceur ?) à l’image de sœur Albertine (285 000 abonnées sur Instagram et 160 000 sur TikTok). Surnommée « la bonne sœur des réseaux sociaux », cette religieuse de 28 ans dépoussière les poncifs sur la religion catholique. Idem pour frère Paul-Adrien, autoqualifié de « prêtre catholique, dominicain, créateur de contenu », et ses 485 000 abonnés sur YouTube.
Le calendrier, qui a fait tomber la période du carême – les 40 jours avant Pâques – en même temps que le ramadan, a pu jouer aussi. « Et comme les musulmans vivent souvent leur foi et leur pratique de manière plus décomplexée, cela a peut-être éveillé la curiosité ou l’envie de s’exprimer d’autres religions », hasarde la responsable diocésaine.
À distinguer des conversions, impliquant le passage d’une religion à une autre, les apostasies, ou reniement de la foi chrétienne, se traduisent par la demande de radiation des listes. Ces débaptisations, à la marge, ne font naturellement pas l’objet d’une communication très ouverte. Sur le diocèse d’Arras, qui a bien voulu partager ses chiffres, le nombre de demandes de débaptisations avoisinait les 20 entre 2014 et 2016. Il s’est stabilisé autour de 50 ces dernières années (52 en 2024, 49 en 2023 et 2022) après un pic en 2020 (147) et 2019 (131).
Justine Demade Pellorce
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par Justine Demade Pellorce
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