Née en bord de mer (du Nord), Manon Lenain traverse la France en 2010 pour atteindre une autre côte et le bord de mer (Méditerranée). La Dunkerquoise apprentie psychologue, « passionnée par le fonctionnement cérébral et cognitif », se spécialise en neuropsychologie à l’université de Nice avant de reprendre, un master en poche, la route du nord.
De retour à Lille, elle participe à une étude épidémiologique. Constances – c’est le nom de cette cohorte exceptionnelle de 200 000 personnes – suit ce groupe à l’échelle individuelle pendant de nombreuses années et recueille des données sur leurs expositions à de potentiels facteurs de risque de maladies ainsi que sur les pathologies qui surviennent et leur évolution. Manon Lenain prend en charge les tests cognitifs.
En 2018, elle rejoint officiellement l’institut Pasteur et son centre d’examens de santé. C’est ici que certains dirigeants, en partance ou de retour d’expatriation, sont reçus avec leurs familles en consultation. C’est ici aussi que certains patients, à l’issue d’un bilan de santé, sont reçus plus particulièrement autour de leur santé mentale : alimentation, sommeil, etc. Car santé physique et santé mentale sont « indissociables », assure l’experte.
Manon Lenain s’occupe en particulier des troubles du sommeil. S’il n’y a pas de « portrait type » ni d’âge plus représenté que d’autres parmi les « insomniaques », le facteur stress joue énormément. Le sommeil – et notamment sa qualité – impacte la santé mentale, les capacités cognitives, le moral, les maladies cardiovasculaires, d’où l’importance d’en prendre soin. « Comment les gens dorment en ce moment ? Mal ! », réagit la spécialiste.
En consultation, elle commence par déconstruire les idées reçues, notamment, au sujet du « rythme qui est en fait très individualisé », dit celle qui élargit les « huit heures de sommeil » souvent préconisées à sept à neuf heures par nuit.
De façon générale, « la santé mentale a tendance à se dégrader », reprend Manon Lenain pour qui il y a « beaucoup de choses à faire en prévention de mal-être. On a tous un biais cognitif de négativité. En changeant son angle de vision, on peut renforcer cette capacité à percevoir ce qui va bien en un facteur protecteur. » S’attacher à ce qui va bien plutôt que décortiquer ce qui va mal.
Parmi les éléments encourageants constatés par la neuropsychologue, « parler de santé mentale permet de briser certaines idées reçues ». Déstigmatiser la santé mentale, c’est justement l’un des buts recherchés par la journée mondiale qui lui est dédiée chaque 10 octobre.
« On associe tout de suite des problèmes de santé mentale à des troubles, on a tendance à tout vouloir pathologiser ». Mais ce n’est pas toujours le cas. S’il y a un trouble psychique – dont les plus communs sont l’anxiété et la dépression – « il faut se faire accompagner. Ce qui est encourageant est que l’on consulte plus vite », d’après la spécialiste. « Une personne sur quatre fera l’expérience d’un trouble psychique au cours de sa vie. » Il faut se faire accompagner, répète-t-elle, « pour ne pas laisser l’état de santé mentale se dégrader ».
« Si on ressent un état de mal-être, un sentiment de tristesse, une perte de plaisir, que nos inquiétudes prennent trop de place dans notre vie, toute interrogation sur sa santé mentale est déjà un premier pas pour se faire soigner. Il ne faut vraiment pas hésiter. »
En milieu rural, Manon Lenain note certains facteurs protecteurs et d’autres, en revanche, de risques.
D’un côté, les campagnes permettent « l’accès à la nature » et son « effet bénéfique », l’éloignement à certaines pollutions citadines, sonores, etc. Les liens sociaux peuvent également être « plus forts en milieu rural » et « plus qualitatifs » et sont des « facteurs de bien-être qui contribuent à une meilleure santé mentale. »
Avec le revers : cela peut engendrer parfois des difficultés à consulter, « parce qu’il y a moins de professionnels, et moins d’anonymat », note l’experte. D’où le « plein essor » de l’ouverture à la téléconsultation distancielle.
La ruralité est le thème qu’a justement choisi l’institut Pasteur pour son prochain Printemps de la prévention en 2026.
Louise Tesse

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