Pour l’instant, il ressemble à un simple camion, même si les fenêtres aux rideaux tirés laissent entrevoir sa spécificité. Dans une semaine, il sera floqué d’un portrait de femme dessiné en fleurs rose, violet et bleu, pour être repérable de loin. Le bus « Camion Nord santé » prendra les routes dans un mois avec à son bord une équipe médicale qualifiée afin de réaliser sa mission principale, aller à la rencontre des femmes susceptibles d’être touchées par un cancer du sein, mais qui ne se rendent pas aux rendez-vous de dépistages.
En attendant, c’est à une poignée de journalistes qu’il est présenté ce matin du 1er octobre, dans le brouillard d’Avelin. La visite est possible car à son bord, tout est déjà prêt. À l’instar des vans aménagés pour partir en road trip, le camion possède l’eau et l’électricité, mais aussi des équipements bien plus précieux. Tout le matériel de mammographie et de radiologie est concentré dans les trois salles d’examens, qui permettent un bilan complet en plusieurs étapes pour s’assurer de la bonne santé de la poitrine des femmes qui se présenteront. Le camion vise celles qui sont éligibles, c’est-à-dire les femmes âgées de 50 à 74 ans qui n’ont pas réalisé leur dépistage dans les six mois après une première invitation de l’Assurance maladie.
Le dispositif, élaboré avec l’Agence régionale de santé, le centre régional de coordination des dépistages des cancers des Hauts-de-France et l’Assurance maladie, veut encourager les femmes sorties du circuit de santé à se réinsérer, et cela commence en prenant rendez-vous avec le bus pour l’une des huit dates réparties dans le département. « Celles qui ne peuvent pas prendre rendez-vous via Doctolib peuvent être accompagnées directement par téléphone, car l’Assurance maladie a accès à la plateforme et peut faire la prise de rendez-vous », explique Saliha Grévin, directrice de l’offre de soin du Département du Nord.
Et l’enjeu est grand dans le département où 5 000 nouveaux cas sont recensés chaque année et où plus de 400 000 femmes sont concernées par le dépistage. Il est nécessaire pour diagnostiquer la maladie à des stades précoces, et permettre de la soigner facilement (9 cas sur 10 lorsque le cancer est traité dans ses premiers stades).
Dans le département, où près de 50 % des femmes ne se font pas dépister, la surmortalité est élevée, plus de 25 % par rapport à la moyenne nationale, avec de fortes disparités territoriales dans des secteurs comme le Cambrésis et l’Avesnois qui sont plus délaissés par les structures médicales.
« Ici, il s’agit bien d’être dans « l’aller vers », on ne cherche pas des femmes qui font déjà leur dépistage, mais bien celles qui n’y vont pas », assure Christian Poiret, président du Département du Nord. « On vise des zones blanches pour être en complémentarité avec les services qui existent déjà », termine le président.
Chaque date proposera une quarantaine de rendez-vous, gratuits à condition d’être éligible, c’est-à-dire en présentant l’invitation envoyée par l’Assurance maladie (elle pourra être retrouvée sur place via l’espace Ameli de la patiente). La prise de rendez-vous se fait en ligne via Doctolib, dès maintenant même si les premiers créneaux ne sont prévus qu’à partir du 5 novembre, puis jusqu’à fin décembre.
À chaque rendez-vous, un médecin généraliste, un manipulateur radio, un radiologue, une infirmière formée en pratique de soins avancés, une secrétaire et une assistante médicale seront présents pour accompagner les patientes.
Le dispositif devrait être pérennisé avec de nouvelles dates courant 2026, avec un objectif de 4 000 consultations annuelles. « Ça fait trois ans qu’on se bat pour mettre en place ce dispositif », relate Christian Poiret qui souligne que le Département a investi « 1,5 million d’euros ». Un « travail colossal » pour rapprocher les dispositifs de santé des 2 700 000 habitants du Nord.
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Anaëlle Charlier

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