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Le Nord et le Pas-de-Calais sont divisés en trois zones. Dans la zone côtière l’automne n’est pas facile pour les agriculteurs en raison des difficultés d’arrachage de pommes de terre, de betteraves, rendant les semis impossibles. « Les bas-champs sont inondés, il ne suffit pas d’avoir cinq jours de beau temps pour ressuyer les sols », fait remarquer Nicolas Foissey de la coopérative Unéal.
Partout ailleurs, les semis sont réalisés mais pas toujours dans de bonnes conditions. Nicolas Foissey estime que le retard est de trois semaines globalement.
Dans les zones de l’Artois, du Cambrésis et des Flandres intérieures, « 90 à 95 % des semis sont faits » annonce Pierre-Benoît Decool, technicien à coopérative La Flandre. Dans certaines zones de l’Artois, « certains ont commencé leurs labours d’hiver, signe qu’ils sont à jour dans leurs semis », fait remarquer Caroline Thuilliez du groupe Carré. Tout le monde n’est donc pas logé à la même enseigne.
Lorsque les semis ont lieu en décembre, l’agriculteur doit s’assurer que le cycle de développement de la plante se fait sans encombre. L’enjeu est double : le blé doit épier sans difficulté et il ne doit pas subir de stress jusqu’à la fin du cycle.
« On peut encore semer du blé jusqu’en mars sans problème. Le tout est d’adapter les variétés semées. À partir de maintenant, il faut arrêter de semer celles avec des notes d’épiaison inférieures à 6. »
Thierry Denis, ingénieur chez Arvalis-Institut du végétal
Cette note détermine la précocité des variétés. Plus elle est élevée, plus la variété précoce. Il faut donc bannir les variétés tardives telles que Fructidor, Extase, Chevignon, Fluor ou Boregar. « Autre critère à prendre en compte : l’alternativité de la variété, conseille l’ingénieur. Il faut que leurs notes soit supérieure à 1. » Cette note traduit l’aptitude à épier en l’absence de période fraîche. Avec un semis tardif, le froid potentiel que va subir la plante est réduit.
Avec ces semis tardifs, les rendements de la récolte prochaine sont mis en question. « En moyenne, le potentiel de rendement diminue de 3 à 4 % tous les quinze jours à partir de mi-octobre, explique Thierry Denis. En décembre, on estime donc une réduction de rendement de l’ordre de 20 %, d’où l’importance de choisir les bonnes variétés. »
Avec des variétés tardives, en décembre, la baisse du rendement potentiel est estimée à 30 % voire 40 %. Toutefois, l’ingénieur le rappelle, « c’est souvent lors des derniers mois du cycle de développement que les rendements se jouent ». Mieux vaut retarder les chantiers et privilégier les bonnes conditions.
Le décalage de la date de semis impacte directement la dose. « Alors que début octobre, on sème à une moyenne de 180 grains par mètre carré, à cette époque de l’année, il faut l’augmenter à 350 grains/m2, conseille Thierry Denis. À compter de maintenant, il faut ajouter un grain par jour dans la densité de semis. »
Cela demande plus de semences que prévue certes, mais avec une densité plus élevée, le fait que la plante talle moins est compensé. Augmenter la densité permet également de réduire le risque de pertes à la levée causées par des dégâts de limaces, par l’hygromorphie et par la lenteur du développement. Le travail du sol est également à modérer selon les sols. « Dans tous les cas, s’il est possible de labourer la parcelle, il vaut mieux le faire », explique l’ingénieur Arvalis.
Lucie Debuire