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Mis à jour le 20 juillet 2021
«Au 1er janvier 2022, tous les couvoirs de poules devront avoir installé ou avoir commandé des machines permettant de détecter le sexe des poussins dans l’œuf, avant éclosion», a déclaré Julien Denormandie dans un entretien au Parisien daté de dimanche. Objectif : mettre fin à l’élimination par broyage de «50 millions de poussins mâles juste après leur naissance chaque année en France».
Début 2020, la France avait annoncé vouloir «interdire d’ici fin 2021» le broyage des poussins. L’Allemagne a voté en mai une loi interdisant le broyage des poussins mâles à partir du 1er janvier 2022.
En France, «le Conseil d’État sera saisi à la fin de l’été d’un projet de décret précisant ces nouvelles obligations», a assuré M. Denormandie, et les appareils «devront obligatoirement être installés et mis en service dans le courant de l’année» dans les cinq couvoirs concernés.
Selon lui, «les machines seront installées pour deux tiers de la production» du pays «dès la fin du premier trimestre 2022». Pour accompagner les professionnels dans un investissement de «plusieurs millions d’euros», «l’État accordera 10 millions d’euros sous forme de subventions, dans la limite de 40% du montant de chaque investissement», dans le cadre du plan France Relance.
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Des réflexions sont en cours au sein de l’interprofession de l’oeuf (CNPO) pour compenser le surcoût (+1 à 4 ct sur une boite de six œufs) induit par l’interdiction du broyage des poussins. Deux options sont sur la table. La première est la création d’un fonds interprofessionnel assis sur une cotisation volontaire étendue (CVE), qui a notamment la faveur des éleveurs de la CFA (FNSEA).
Même si les fédérations de commerce y seraient favorables sur le principe, «nous en sommes au tout début des discussions», modère le président du CNPO Philippe Juven. «Il y a tout un travail juridique à réaliser pour vérifier la compatibilité avec les règles de commerce et de concurrence», précise-t-il.
La seconde option est celle d’une contractualisation qui mobiliserait les nouveaux outils mis en place par la future loi Egalim 2. Mais elle s’appliquera difficilement sur le marché très concurrentiel des ovoproduits, craint l’éleveur : «Au moindre écart de prix, les clients iront s’approvisionner ailleurs en Europe».
C’est pour cette raison que l’interprofession pousse le gouvernement à demander une interdiction sur le marché européen (lire ci-dessous).
Soutien européen
Le 19 juillet, lors du Conseil des ministres de l’Agriculture des Vingt-sept, la France et l’Allemagne ont porté La proposition d’interdire au niveau de l’UE la mise à mort systématique des poussins mâles. Cette proposition a reçu le soutien d’une dizaine d’États membres (Luxembourg, Finlande, Chypre, Irlande, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Grèce, Slovaquie, Portugal).
Mais un certain nombre d’autres ministres ont aussi souligné les coûts que cette interdiction pourrait avoir sur les producteurs et en bout de chaîne sur les consommateurs. Ils ont également mis en avant le risque de concurrence de produits venant de pays tiers. Sans s’engager formellement, la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a répondu que le sujet serait évalué dans le cadre de l’étude d’impact qui accompagnera ces propositions de révision de l’ensemble de la législation communautaire sur le bien-être animal attendues pour 2023.