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Ne dites pas à Benoît Cailliez qu’il a été élu président de la Fédération colombophile française (FCF) dans un fauteuil, sous prétexte qu’il a raflé 65 % de suffrage, le 20 mars. « J’ai fait campagne ! Je suis allé dans toutes les régions. » Même si, comme il le reconnaît, sa large victoire dans le Nord-Pas de Calais, dont il a été élu à sa tête le 26 février avec 73 % des voix, lui garantissait un succès quasi automatique au niveau national. En effet, la moitié des adhérents de la FCF habite ces deux départements. Outre sa campagne de terrain, Benoît Cailliez – « et mon équipe », insiste-t-il – a remporté la mise grâce à un programme en dix points.
« Tout d’abord, nous voulons arrêter de vivre caché et rendre la colombophilie visible. Le siège de la FCF se trouve à Lille, nous voulons y créer une Maison de la colombophilie, animée, ouverte sur le monde et y proposer un pigeonnier permanent. »
Deuxième axe : une modernisation de la fédération avec un nouveau site internet et des outils marketing pour promouvoir cette passion. « Nous sommes l’un des sports les plus modernes. Le numérique est entré chez nous il y a 10-15 ans. Nous sommes incontestablement le sport traditionnel du nord de la France qui a le plus évolué en dix ans. Et ça, peu de gens le savent. »
Dans la foulée, Benoît Cailliez veut également réformer les statuts de la fédération et simplifier la colombophilie qui reste très administrative, héritage de l’armée dont elle est issue. « Les dirigeants de la FCF ne sont pas élus par les colombophiles, mais par des délégués. Je veux instaurer le scrutin universel direct. » Toujours au niveau des instances, le nouveau président souhaite une réforme des régions. « Notre fédération est découpée en 21 régions. Nous voudrions que ce découpage repose sur la politique sportive, en s’appuyant sur les demandes de la base. »
La nouvelle équipe veut aussi profiter des Jeux olympiques, organisés en France pour faire de 2024 une « année colombophile » et souhaite une plus grande présence de la France dans les instances internationales.
Le point suivant : « un débutant, un parrain, un colombier », tient une place de choix dans le cœur du président. « Beaucoup de jeunes retraités se mettent à jouer au pigeon, mais quand un jeune démarre, il n’a pas les moyens de se construire un colombier. La fédération va fabriquer un petit pigeonnier mobile qu’elle va prêter aux nouveaux adhérents avec 20 pigeons et désigner un parrain, un colombophile aguerri, pour accompagner le nouveau pratiquant. »
Autre point du programme : la réforme des règles du contrôle antidopage. « Aujourd’hui, ce sont les colombophiles qui contrôlent des colombophiles. On veut professionnaliser les contrôles avec des vétérinaires, comme pour les chevaux de course. » Car, même si « c’est un mal très minoritaire, il est essentiel de lutter contre ce fléau au nom de l’équité sportive et du respect du bien-être animal. »
Autre lutte au programme : celle contre les rapaces. « C’est une vraie problématique, explique Benoît Cailliez. On a réimplanté en France des rapaces qui n’ont pas de prédateurs. Nous subissons, tous les jours, des attaques, plus particulièrement de trois espèces : l’épervier d’Europe, le faucon pèlerin et l’autour des palombes. Nous avons des cas de prédateurs qui se fixent sur nos pigeonniers qui sont des garde-mangers extraordinaires et nous ne pouvons pas agir dans le cadre de la loi car ces espèces sont protégées. Nous voulons discuter avec les pouvoirs publics d’une éventuelle intervention sur les rapaces. »
La Fédération, d’utilité publique, est rattachée au ministère de l’Agriculture et reçoit une délégation de l’État pour organiser la colombophilie en France. « De nombreux colombophiles de Belgique, des Pays-Bas et d’Allemagne organisent des lâchers depuis notre pays. Certains week-ends, il y en a plus de 100. C’est la fédération qui donne l’autorisation pour ces lâchers » et qui emploie, pour ça, trois salariés. « Nous œuvrons pour obtenir une dérogation européenne pour permettre aux Anglais de rejouer chez nous, eux qui ne peuvent plus depuis le Brexit. »
Hervé Vaughan
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