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Portrait : Julien Tourtelot, le footballeur maraîcher

29-05-2024

Grand format

Hors-champ

À 27 ans, Julien Tourtelot porte plusieurs maillots. Celui de footballeur à l’US Vimy en National 3, la cinquième division française, et celui de maraîcher fraîchement installé à Ablain-Saint-Nazaire. De quoi avoir des journées bien chargées…

Des salades, un ballon rond et un maillot de football : voilà le quotidien de Julien Tourtelot. © K. S.

C’est un nom connu des amateurs de football du Nord-Pas de Calais. Tourtelot, comme Julien et Clément, tous deux passés par les clubs de Béthune, Arras ou encore l’US Vimy. C’est ce maillot que porte aujourd’hui Julien Tourtelot, en plus d’un autre costume : celui de maraîcher.

Une situation pas banale qui résume pourtant bien le profil d’un jeune homme passionné à la fois par le football et le monde agricole ! Les deux accompagnent depuis (presque toujours) le natif d’Ablain-Saint-Nazaire, pourtant pas issu de parents paysans. Mais s’il confie que son « rêve de gosse était de devenir agriculteur », c’est d’abord le ballon rond qui va occuper une grande partie de sa jeunesse.

À 7 ans au RC Lens

Avec son frère jumeau, Julien est repéré dès l’âge de 7 ans par le Racing club de Lens. Il y restera de nombreuses années, faisant l’expérience du centre de formation et des lourdes charges de travail, entre entraînements quotidiens et école, puis cours au collège et au lycée. Jusqu’à ses 17 ans, l’ambition de passer footballeur professionnel est bien là, puis, « avec l’âge, j’ai vite compris que c’était quasiment impossible ». Alors, il finit par quitter le club Sang et or et choisit de rebondir à Vimy, club de niveau régional.

Tout en continuant le football, il poursuit ses études. Avec un baccalauréat S en poche, il revient vers son rêve de gosse en s’orientant vers un BTS en machinisme agricole, avant une licence en agronomie et développement durable puis un master en génie industriel.

Il n’est jamais loin du monde agricole au quotidien et il s’occupe, aussi, d’un petit potager sur le terrain de son grand-père, à quelques mètres de chez lui… Jusqu’en 2021 où l’occasion de se mettre à son compte se dessine finalement. Ni une ni deux, il saute le pas : « À l’origine, je m’imaginais en grandes cultures sur 50, 60 hectares. Un peu comme tout le monde » rigole-t-il. Problème : lorsqu’on n’est pas du milieu, difficile d’avoir accès à des terres.

Partir de zéro

Pour l’Ablainois, il faut partir de zéro ou presque. En creusant, il finit par dégoter des terres familiales : deux petits hectares. Pas grand-chose, mais suffisant pour débuter. En 2022, il passe une formation à Savy-Berlette pour pouvoir s’installer et les premiers légumes sortent de terre à l’été 2023. Le bio jardin de Julien, en ch’ti dans le texte, est né.

C’est le début de l’apprentissage de la dure vie de maraîcher pour le jeune homme qui prône une approche « 100 % naturelle » sans produits phytosanitaires entre le semis et la récolte. Pour autant, il ne s’engage pas dans la démarche de certification en agriculture biologique qu’il juge trop complexe à mettre en place et trop peu rentable financièrement dans le contexte actuel.

Son objectif, « c’est le circuit court, le local. On ne vend pas pour vendre, on vend pour avoir du contact humain ». Il fait déjà de la vente directe à des particuliers et quelques restaurateurs, essentiellement d’Ablain-Saint-Nazaire, mais aussi quelques copains du foot.

L’attaquant porte le numéro 10 à l’US Vimy. © K. S.

Le jeune homme de 27 ans a toutefois connu « une première année compliquée ». Alors, depuis janvier, il s’est mis à la prestation de services et travaille pour plusieurs agriculteurs en parallèle. « C’était soit ça, soit je reprenais un emploi hors du monde agricole. » Avec le football, l’attaquant de l’US Vimy joue ainsi sur trois tableaux : il jongle entre le maraîchage, la prestation et les entraînements (trois fois par semaine) puis les matchs le week-end. De quoi avoir un emploi du temps bien chargé. « Je n’arrête jamais, mais j’ai l’habitude » relativise-t-il, en souvenir des années au centre de formation lensois.

Julien Tourtelot garde ainsi le sourire de ceux qui sont motivés comme jamais et affirme ne pas regretter pas son choix. « J’adore ce que je fais. Je suis passionné comme pas possible ! » Avec plein de projets en tête, il regarde la suite avec optimisme. Son objectif ? Produire prochainement des légumes d’été comme d’hiver et faire en sorte que le foot ne soit « que du bonus » dans les années à venir. Et pourquoi pas se faire un petit nom chez les amateurs de bons fruits et légumes comme chez les passionnés de football nordiste ?

Julien Tourtelot en quatre dates

2004. Son frère, Clément, et lui sont repérés par le Racing club de Lens. Ils iront jusqu’au centre de formation.

2015. Julien Tourtelot quitte le club lensois pour rejoindre Vimy. Il obtient dans le même temps son baccalauréat général.

2022. Après avoir joué pour Arras et Béthune, l’Ablainois revient à l’US Vimy. Il se lance en fin d’année dans le maraîchage avec Le bio jardin de Julien.

2024. Il débute la prestation de services chez les agriculteurs, en parallèle du maraîchage et du football.

Kévin Saroul

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