À Jenlain, sur la route de Sebourg, difficile de rater la ferme du Pigeonnier avec son mur d’enceinte tout en briques et surtout, suspens, son pigeonnier. Plus surprenant, juste devant se trouve un distributeur fermier automatique, mode de vente adopté par Adrien Cimetière et Margot Potez depuis février 2025 dans un but de diversification.
Ce distributeur, c’est une des multiples facettes de cette exploitation tenue par deux jeunes qui ont compris l’importance de se sécuriser financièrement (et ne jamais s’ennuyer). Ainsi, l’application de l’adage « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » est plus que requise aujourd’hui.
Pour l’activité agricole pure, il faut regarder du côté d’Adrien. « J’ai grandi à Toufflers (région lilloise) dans la ferme familiale. Mon père est la sixième génération installée là-bas, explique le jeune homme de 23 ans. C’est une petite exploitation de maraîchage et élevage (12 vaches) qui fait de la transformation. »
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Cadet d’une fratrie de quatre enfants (dont il est le seul garçon), la reprise de la ferme n’a pas toujours été une évidence : « Mes trois grandes sœurs ne sont pas du tout là-dedans et moi, au collège, j’hésitais entre l’agriculture et l’enseignement. C’est après avoir fait ma seconde générale que j’ai réalisé que je voulais poursuivre l’héritage familial. »
Mais tout ne va pas se passer comme prévu : « La ferme du pigeonnier était à mon grand-oncle, côté maternel cette fois. Au départ, le projet était que mes parents la reprennent, un plan B, car avec l’extension de la ville, ça devenait de plus en plus tendu à Toufflers, et que moi je prenne le relais ensuite. Mais finalement, la transmission a un peu traîné et au moment où c’était possible, il ne me restait plus que deux ans d’étude alors la décision a été que ce soit moi qui reprenne directement. »
C’est en janvier 2024 qu’Adrien reprend donc officiellement la ferme du pigeonnier et Margot devient salariée de l’exploitation. « On a ici 56 hectares de cultures dont 13 ha en occupation précaire avec la Safer. Historiquement, mon grand-oncle, Antoine, faisait beaucoup de pommes de terre et puis les cultures de chez nous (céréales, betteraves). »
À son arrivée, Adrien lance un atelier de maraîchage de 5,5 ha car « c’est une activité qui me plaît particulièrement, de par mon parcours ». Il poursuit la culture de céréales et relance la pomme de terre car « si Antoine avait arrêté la culture, il avait conservé une ligne de conditionnement ! Qui plus est, il faisait partie, et j’ai pris le relais, d’une Cuma dédiée au matériel pommes de terre ».
Une diversité de culture qu’Adrien justifie justement par la volonté de s’assurer « une sécurité financière car ça arrive les loupés, les aléas météo… Et puis pour moi ça me permet de varier les occupations ».
Parallèlement, rapidement le projet de faire de la vente à la ferme, d’installer un distributeur pour l’activité maraîchère et d’accueillir des classes se développe. « Pour le Savoir vert, même si je suis également formé, c’est vraiment le projet de Margot. » En effet, la jeune femme de 23 ans également explique : « Je voulais qu’on ait chacun notre activité. J’ai choisi de m’orienter vers le Savoir vert car je pense que c’est important de planter des petites graines dans la tête de nos enfants pour qu’ils comprennent mieux notre travail. »
Ensuite, sur les modes de vente, l’idée d’avoir à la fois de la vente à la ferme et un distributeur a été inspiré par un stage d’Adrien dans l’Oise : « J’avais trouvé ça super de n’être dépendant de personne pour vendre ses produits. Pour ce qui est du distributeur, nous sommes sur une route passante et on s’est dit que ça pouvait marcher. On a décidé d’y mettre nos produits mais aussi des produits de voisins afin d’avoir une gamme un peu complète. » En deux mois d’existence, effectivement, le distributeur a trouvé sa clientèle.
Là aussi, pour le couple, cela permet une sécurité financière mais aussi « d’avoir du contact avec les clients. En ce qui me concerne (Adrien), mes parents font de la vente à la ferme depuis toujours donc je suis habitué à ça. Je crois que je me serais un peu ennuyé si on n’avait pas mis cela en place. » Pour la suite, Margot devrait accueillir les premières classes du Savoir vert en septembre.
Églantine Puel
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