À Mingoval, dans l’Artois (62), la ferme des Painblan est une référence dans le village depuis quatre générations. « C’est en réalité la ferme familiale d’Hélène, mon épouse », explique Jean-Charles Painblan. S’il vient lui-même d’une famille d’agriculteurs, c’est sa sœur aînée qui a repris l’exploitation. En fait, ce duo s’est personnellement créé au début des années 2010 mais n’existe professionnellement que depuis 2016.
Car auparavant, Hélène ne voulait pas franchement de Jean-Charles sur l’exploitation et Jean-Charles n’y tenait pas non plus. Mais « une opportunité et la volonté d’avoir une vie de famille plus importante ont pris le dessus ».
Mais revenons un peu en arrière. En 2005, Jean-Charles obtient un BTS production animale puis une licence en gestion à l’institut de Genech. « Après ça, j’ai travaillé quatre ans à la FDSEA du Nord puis j’ai été enseignant de gestion à Genech. » De son côté, Hélène obtient un BTS ACSE également à Genech, mais en 2001, puis part à Paris pour réaliser une « maîtrise en agroalimentaire. Je voulais m’installer vite et cette maîtrise en un an était donc le mieux ! Je me suis installée sur la ferme avec mes parents en décembre 2002 ».
C’est au début des années 2010, à l’occasion du « relancement » des Jeunes agriculteurs d’Aubigny-en-Artois que les deux se rencontrent puis se marient en 2013.
À ce moment-là, la venue de Jean-Charles sur l’exploitation n’est pas au programme. « Moi, j’avais la sécurité du revenu de Jean-Charles et mon père était encore là, je n’avais pas vraiment besoin de quelqu’un en plus », explique Hélène. Mais c’est la naissance d’Henri, en 2014, qui va venir chambouler les plans du couple : « J’avais l’impression de ne pas profiter de mon fils. Je me levais à 6 h 30, je partais au travail et quand je rentrais le soir il avait déjà fait ses devoirs… », raconte Jean-Charles.
C’est alors qu’en 2016, un oncle de Jean-Charles lui propose sa ferme. Les époux achètent l’exploitation non loin de Frévent et créent le Gaec des Rosiers, « pour faire plaisir à ma maman qui adore les fleurs », sourit Hélène.
À ce moment-là, l’exploitation est composée d’une centaine de vaches holstein et de 240 ha de polyculture. Mais en 2021, un cousin d’Hélène propose aux époux sa ferme composée d’une soixantaine d’hectares mais surtout, de 20 rouges flamandes. Le couple accepte et commence une nouvelle aventure.
En effet, ce cousin, Didier, met comme condition à la reprise de sa ferme de conserver ces rouges flamandes. « C’était dans le contrat de cession. Didier faisait partie de l’UPRA Union rouge flamande (dont nous faisons partie aujourd’hui). Elles produisent moins c’est sûr, mais on s’y est vite attaché mine de rien. Elles ont un caractère à part. Contrairement aux holstein, il faut construire la relation avec les rouges, on a un autre rapport à l’animal… », décrit Hélène.
« Notre côté un peu chauvin a aussi contribué à cet attachement, reconnaît Jean-Charles. Le fait que ce soit une race locale menacée nous a encouragés aussi à les garder. Et puis il y avait également tout l’historique : le cousin d’Hélène nous a beaucoup parlé de ces vaches, de son taureau préféré Roro. Petit, mon grand-père avait eu des flamandes aussi… »
Ce côté chauvin, c’est pour les Painblan surtout une envie de faire vivre le territoire : adjoint de Mingoval, vice-président à l’institut de Savy-Berlette, président de la caisse locale du Crédit Agricole d’Aubigny, élue FDSEA… Chacun assume des responsabilités car « c’est important de s’investir aussi dans notre région ».
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Côté concours, au départ, c’est Didier qui les a assurés : « C’est lui qui nous a proposé d’aller au SIA mais nous, on ne connaissait pas encore bien les animaux alors on lui a dit d’y aller. Il était très heureux car cela faisait plusieurs années qu’il ne faisait plus de concours (voir encadré). Mais cette année, il nous a tendu la perche en disant que cette fois, il n’irait pas toute la semaine… Notre fils Henri a sauté sur l’occasion ! »
Décision est alors prise qu’Henri et son père iront au SIA les quatre premiers jours avec Onde et Tradition (les deux championnes) puis Didier prendra le relais car « Henri a école même s’il l’avait visiblement oublié », plaisante Hélène. Henri qui est d’ailleurs à la manœuvre : « C’est lui qui le mercredi et le week-end m’incite à aller entraîner les vaches. Il est à fond, c’est gratifiant ! On peut prendre ce temps-là grâce au fait qu’on est bien entouré par nos deux salariés, notre famille mais aussi des voisins compréhensifs il faut le souligner », ajoute Jean-Charles.
S’ils n’ont jamais gagné de prix, les Painblan l’affirment, « c’est toujours une fierté d’être à Paris, même si ce n’est que pour la participation. Montrer nos vaches d’une race locale, c’est déjà super ! »
Eglantine Puel
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