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Le pessimisme des agriculteurs se maintient à un niveau élevé (même si un peu en-deçà de 2021) : la moitié (50%) se disent pessimistes dans le contexte actuel. Les opinions positives sur le contexte actuel continuent de s’effriter et passent sous la barre des 10 % des avis exprimés (9 %, soit -4 points par rapport à 2021).
Un pessimisme plus marqué auprès des éleveurs qui sont plus de 6 sur 10 à se dire pessimistes (61 % contre 51 % en 2021). Les agriculteurs en grandes cultures sont eux plus attentistes avec environ la moitié (47 %) qui se dit ni pessimiste ni optimiste, et une part d’avis négatif à 41 % qui a tendance à se réduire par rapport à la dernière édition (-12 points qu’en 2021).
« On sent des exploitants qui subissent de plein fouet la flambée des cours des matières premières, hausse qui va directement impacter leur outil de production et mettre en péril pour certains leur activité, avec énormément d’incertitudes pour garantir la pérennité de l’exploitation » analyse Nicolas Vogel, spécialiste Agriculture chez Ipsos France.
Les raisons de ce pessimisme ? Sans surprise, les inquiétudes se concentrent sur la hausse des coûts de production et des charges, avec en parallèle la crainte de ne pouvoir répercuter ces hausses sur le prix de vente de leurs productions en dégradant de fait la rentabilité de l’exploitation : 48% des répondants citent spontanément la hausse des coûts de production, des approvisionnements et des charges comme raison d’être pessimiste.
Les agriculteurs ressentent des conséquences directes de la guerre en Ukraine à leur niveau depuis le mois de février. Ils font face à une multitude de hausses des coûts, avec deux principaux postes identifiés : la hausse des prix du carburant citée par 95% des exploitants, et la hausse du coût des engrais pour 8 agriculteurs sur 10 (81%). A noter que 84% des éleveurs doivent aussi composer avec la montée des coûts pour les aliments destinés à nourrir leurs animaux.
En face seul un agriculteur sur 2 arrive à amortir quelque peu cet effet haussier, déclarant bénéficier de prix de vente revalorisés par le contexte économique (53%).
Les agriculteurs ont peu d’options pour faire face à la crise ukrainienne : 26% déclarent n’avoir aucune solution lorsque 39% se disent obligés de réduire voire de stopper la consommation d’intrants (engrais, produits de protection des cultures, carburant…) et anticipent des rendements pour la récolte 2022 en recul.
Les agriculteurs en grandes cultures sont à nouveau plus susceptibles de faire face à la situation en diversifiant leur assolement (76%) ou en augmentant leur production de manière générale pour plus de la moitié d’entre eux (54%). La production d’électricité sur l’exploitation est envisagée par plus d’un agriculteur sur deux (56%).
La campagne de l’année prochaine s’annonce difficile pour les agriculteurs : plus de 8 sur 10 (86%) anticipent une flambée des coûts de production, une baisse du pouvoir d’achat (70%) des Français et des situations de pénurie pour les engrais ou produits de protection des cultures (64%).
Les agriculteurs attendent de la filière ou des acteurs publics des aides principalement financières. Parmi les mesures plébiscitées : la répartition des coûts sur l’ensemble de la filière (47%), une baisse exceptionnelle des impôts (42%) ou encore un blocage des prix d’achat d’intrants et d’aliments (42%). Les priorités diffèrent cependant du type d’exploitation. Assurer la livraison des produits commandés (intrants, matériel agricole) est l’attente n°1 des agriculteurs en grandes cultures (56%). Pour les éleveurs, c’est la répartition des coûts de production sur l’ensemble de la filière qui est prioritaire (53%), mais aussi le blocage des prix des aliments pour animaux (43%). Le conseil et l’aide à l’exportation n’intéressent à l’inverse que 6% des répondants, avec une grande disparité entre les répondants : 12% des exploitants en grande culture, contre 3% des éleveurs.
« Les exploitants agricoles se retrouvent aujourd’hui en grande précarité pour un certain nombre d’entre eux, et plus encore totalement démunis face au contexte haussier : ils sont amenés à devoir amortir la hausse des coûts de production à leur niveau, et réclament d’urgence un soutien de la part de l’ensemble de la filière et du gouvernement pour soutenir l’activité et les aider à passer cette période difficile, en prévision notamment de la campagne 2022/2023 » souligne Damien Barnier, Directeur de département en charge des études Agriculture et Industrie-service chez Ipsos France.
Quelques chiffres clés :
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