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Chose promise, chose due. Après les actions en supermarchés vendredi 19 août, les FDSEA du Nord et du Pas-de-Calais, les Jeunes agriculteurs (JA) du Nord-Pas de Calais, l’Association des producteurs de lait (Adpl) du Pas-de-Calais ainsi que la Section spécialisée des producteurs de lait du Nord ont manifesté devant la laiterie Danone de Bailleul (59) et la centrale d’achat d’Intermarché à Avion (62). Objectif, toujours le même : une revalorisation du prix d’achat du lait au producteur, qui tourne autour de 400 € les 1 000 litres. Les producteurs en réclament au moins 480 €.
En effet, pour eux, les contrats signés ne sont plus alignés sur la réalité du marché : “Nos coûts de production ont bondi avec la guerre en Ukraine (+50 %, tous coûts confondus). Là-dessus s’est ajoutée la sécheresse et le manque de fourrage. Il y a eu un effet ciseaux“, explique Simon Ammeux, secrétaire général de la FDSEA 59, présent à Bailleul. “Il y a urgence, insiste Charles Inglard, président de l’Adpl 62 et présent à Avion. Il faut essayer d’avoir des hausses le plus vite possible pour éviter que les éleveurs ne se dégoûtent, n’achètent des fourrages trop chers et jettent l’éponge. On a obligation de réussite.”
Pour les FDSEA et les JA, le problème est d’autant plus criant qu’une concurrence s’est installée avec les autres producteurs européens, notamment nos voisins belges. “Chez eux, le prix du lait a été revalorisé et les 1 000 litres sont achetés autour de 520 €. Résultat, lors de l’achat de fourrage et de complément alimentaire, ils auront un poids plus important que nous puisqu’ils pourront mettre de l’argent sur la table, décrit Quentin Destombes, président des JA du Nord-Pas de Calais. Ça se voit déjà. Un collègue m’a expliqué qu’il a dû acheter du fourrage chez son fournisseur habituel et cette année, c’est un Belge qui a tout raflé.” Simon Ammeux prévient, “s’il n’y a pas un geste, rien ne nous empêche d’aller vendre notre lait ailleurs…“
Face à cette situation, le responsable des achats lait de Danone Bailleul a reçu Simon Ammeux, Quentin Destombes et Christine Delefortrie, vice-présidente de la FDSEA 59 pour discuter. “On a pu lui exposer la détresse dans laquelle on était et on lui a expliqué qu’il fallait certes réagir structurellement sur les contrats mais aussi conjoncturellement avec une prime“, raconte Christine Delefortrie.
Parallèlement, Danone nous a indiqués “(avoir) ainsi été amenés à retravailler au sein de (leurs) contrats avec (leurs) organisations de producteurs concernées, une approche adaptée localement, permettant une revalorisation du prix du lait et la valorisation des démarches d’agriculture régénératrice au sein de contrats long terme. Des accords ont été trouvés dans ce sens avec la majorité de (leurs) organisations de producteurs concernées. Des discussions ont débuté depuis quelques semaines avec l’organisation de producteurs du Nord suite à leur récente demande de revalorisation du prix du lait. Des réunions de travail doivent être organisées dans les prochaines semaines.”
De son côté Intermarché a, dans un communiqué de presse, indiqué être ouvert à une réunion tripartite avec les laiteries et les producteurs. “On va prendre la balle au bond, on va la faire cette réunion“, a prévenu Simon Ammeux. “On sent qu’ils jouent la montre, rétorque Charles Inglard. On a demandé qu’ils maintiennent la brique de lait à 1 € en attendant des solutions de ces rencontres tripartites.”
Le matin, une délégation est allée relever les prix du lait de consommation aux magasins Intermarché de La Gorgue (59) et Sainte-Catherine (62). “Le point positif est d’occuper le terrain et d’alerter, conclut le président de l’Adpl 62. Nous devons continuer et convaincre les éleveurs qu’aller sur le terrain n’est pas du temps perdu : c’est la seule solution.”
Louise Tesse et Eglantine Puel