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Elles s’appellent Myriam, Perrine, Séverine, Stéphanie, Wenghia ou Ekaterina. Elles sont gestionnaire administrative, responsable transport, gestionnaire de flux ou responsable de département. Salariées ici depuis 44 ans ou depuis 2 ans, douze femmes étaient à l’honneur, mardi, au siège arrageois de la Prospérité fermière – Ingredia, lors d’une matinée consacrée à la mixité et à l’égalité femmes-hommes, en présence de Louis Le Franc, préfet, et de Jacqueline Maquet, députée, du Pas-de-Calais. Matinée célébrant la journée internationale des droits des femmes. Lors de trois tables rondes, ces douze ambassadrices ont retracé leurs parcours professionnel et mis en exergue l’engagement de l’entreprise pour la promotion de la mixité et de l’égalité femmes-hommes.
La Prospérité fermière peut être fière du chemin parcouru. « En 1979, quand j’ai commencé ici, il n’y avait pas de femme cadre, a rappelé Myriam qui a effectué des recherches. En 1982, sur 45 cadres, il n’y en avait qu’une. En 2012, 30 % des cadres étaient des femmes ». En 2021, elles étaient 45 % grâce à une politique volontariste qui a vu la société recruter trois fois plus de femmes que d’hommes depuis six ans. Conséquence : ses effectifs féminins ont augmenté de 30 % entre 2014 et 2021 (+ 60 % de femmes chez les cadres) pour passer de 23 % à 27 % des 442 salariés en CDI. Enfin, l’index égalité femmes/hommes a progressé de 10 points en 2021 pour atteindre la note de 93 sur 100 quand la moyenne nationale est de 86 points.
Même si aucune des « ambassadrices » ne l’a formulé ainsi, on peut affirmer que la plupart d’entre elles sont, en quelque sorte, les filles spirituelles de Sandrine Delory, directrice générale de la coopérative. Dans son propos liminaire, cette dernière a avoué : « C’est la première fois que je prends la parole pour parler de l’égalité femmes-hommes ». Pourtant, Sandrine Delory travaille depuis plusieurs années pour la cause des femmes, en jouant le rôle de pionnière dans un monde très masculin. Elle a gravi tous les échelons de l’entreprise en vainquant « le syndrome de la Belle au bois dormant » qui « consiste, pour les femmes, à attendre qu’on vienne les chercher » pour prendre des responsabilités.
Le préfet s’est dit « impressionné » par les témoignages, avant de pondérer : « Vous êtes un miroir et un prisme. Or, un prisme, c’est déformant. La situation vécue ici est loin d’être répandue dans le Pas-de-Calais, dans les entreprises et les collectivités. Celles-ci aussi doivent engager des plans d’actions en faveur de la mixité. Or 33 communes et quatre structures intercommunales n’ont toujours pas fait parvenir leur plan », a affirmé Louis Le Franc. Il a ajouté : « Nous allons opérer des vérifications et des sanctions seront prises. Nous espérons qu’elles produiront un effet salutaire sur ceux qui refusent encore de respecter les lois. »
Quittant le monde du travail, le représentant de l’État a pointé « les dossiers les plus graves de violences faites aux femmes qui remontent chaque semaine des services de police. » Enfin, comme Serge Capron, président de la coopérative, qui l’avait évoquée dans son mot d’accueil, le préfet est revenu sur la guerre en Ukraine, mais par le prisme des femmes. « De nombreuses femmes ont fui. Certaines sont déjà arrivées en France, d’autres suivront. Le Pas-de-Calais devra prendre sa part dans l’accueil digne de ces réfugiées ».
Hervé Vaughan
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