Votre météo par ville

Sécurité : Prévenir et gérer les feux d’espaces naturels

06-04-2023

Actualité

C’est tout frais

Dans notre région, les feux de moissons représentent plus de 80 % des départs de feux d’espaces naturels chaque année. Un dispositif déploie, depuis 2020, prévention et actions afin de les juguler. Une nécessité absolue.

Le colonel Olivier Desquiens pilote le plan Orsec feux d’espaces naturels et feux de forêts depuis 2020. À ses côtés, la nécessaire présence des services concernés ici incarnés par Éric Boursin, de la Draaf. © J. D. P.

2019. Un été caniculaire comme ils se multiplient depuis. Dans les Hauts-de-France, 3 675 départs de feux d’espaces naturels sont observés, plus de 3 000 hectares de récoltes brûlés. Surtout, un homme décède. Un agriculteur pris par un feu de moisson sur son tracteur, dans l’Oise. Ce drame et cet été 2019 marquent un tournant dans la prise de conscience que les zones nord, jusqu’alors épargnées par les feux estivaux, sont et seront exposées désormais. C’est ainsi qu’est créé en 2020 le dispositif Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) feux d’espaces naturels et feux de forêts dans la région.

Piloté par le colonel Olivier Desquiens, pompier adjoint au chef d’état-major de la zone de défense et de sécurité Nord (les contours des Hauts-de-France), il implique la collaboration étroite des différents acteurs concernés à commencer par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf).

Prise de conscience

L’objectif est de centraliser les informations, de favoriser la prévention et d’anticiper, puis coordonner les réponses en cas de crise. Treize actions sont développées, allant de la formation à l’acquisition de matériel sans oublier l’ancrage de pratiques et de réflexes.

Les feux d’espaces naturels cultivés, autrement dit les feux de moissons, représentent plus de 80 % de ces départs de feux dans nos contrées densément habitées et pas moins cultivées. «  Les deux tiers du territoire régional sont cultivés quand la moyenne nationale tourne autour de 50 %. Et sur cette surface agricole utile (SAU), 88 % sont dédiées aux grandes cultures  », contextualise Éric Boursin, chef de mission de défense et de sécurité à la Draaf Hauts-de-France.

De vastes étendues cultivées, avec des végétations au plus haut et au plus sec – à fort potentiel combustible – lors des mois les plus chauds, il n’en faut pas beaucoup plus pour un départ de feu. Ne manque plus que le « coup de silex  ». En clair, la rencontre entre la lame d’une machine agricole avec une pierre dans la terre et c’est l’étincelle. « Dans ce cas, soit le départ de feu est maîtrisé rapidement, soit il déborde », prévient Olivier Desquiens.

Un bulletin météo spécial

Pour maîtriser au plus vite ces départs de feux, une démarche coordonnée de planification pour les mois critiques, du 15 juin au 15 septembre (dates ajustées en fonction du contexte météo) est mise en place. « La clef de voûte est le bulletin météo quotidien spécialisé sur les risques d’incendies liés à la végétation  », indique le colonel. En 2021, sur 53 départs de feux, 52 concernaient des cultures sur pieds ou de chaume.

Ce bulletin se base sur des indicateurs de sensibilité des végétaux (les céréales brûlent davantage que les arbres et autres végétaux vivants, ou verts) en fonction des températures, de l’humidité, des vents. Des indicateurs couplés à des cartes de recueil des assolements à l’échelle régionale (issus des déclarations PAC), ainsi qu’à un état d’avancement des moissons bihebdomadaires (transmis par les principales coopératives céréalières). Avec ces cartes, indiquant en temps réel et à la parcelle près la nature des cultures et leur stade d’avancement, les secours parviennent à une réponse plus rapide et précise.

Prévenir, et agir vite

Mais le mieux, c’est encore de prévenir. Là, les agriculteurs et les entrepreneurs ont leur rôle à jouer. En étant à l’écoute des coopératives ou des chambres consulaires qui ont les informations. En révisant le matériel avant la campagne, pour éviter l’excès de poussière ou les fuites, par exemple. Et quand la période de la moisson arrivera, il faudra prendre le réflexe de ne pas stationner une machine qui aura chauffé toute la journée au bout des champs.

Idem, il faudrait toujours avoir garé, en bord de parcelle, un tracteur équipé d’une déchaumeuse qui pourra permettre de « faire la part du feu », c’est-à-dire le circonscrire en traçant un cercle autour sans se mettre en danger, c’est la règle numéro 1. Aussi, une tonne à lisier remplie d’eau, qu’on pourra aller déverser au plus vite, car « la clef de réussite est l’attaque des feux naissants  », rappelle le pompier en chef.

Et un champ qui part en fumée, c’est d’abord une perte de revenus agricoles. Cette réserve d’eau, même minime, sera d’autant plus utile en période de sécheresse comme annoncé cet été de nouveau, et de difficulté accrue pour les pompiers à trouver des zones naturelles d’approvisionnement. Ces mesures de bon sens peuvent, le cas échéant, être imposées par arrêtés préfectoraux dans les périodes de risques accrus, le tout dans l’optique de repousser à l’ultime limite la décision d’interdiction de moisson dont tout le monde mesure l’impact. « L’objectif premier reste la sécurité des personnes », rappelle Olivier Desquiens s’il le fallait.

« Il faut s’organiser »

Dans la liste des bons réflexes, celui de s’équiper d’un petit pulvérisateur (pas l’extincteur obligatoire qui vise essentiellement à protéger les machines) peut être intelligent. « Les assureurs travaillent à l’idée d’imposer des petits réservoirs d’eau de 150/200 litres sur les machines  », dévoile encore Éric Boursin. En 2022, « seulement » 777 départs de feux ont été enregistrés, détruisant 1 969 hectares dont 800 pour la seule journée du 19 juillet qui a marqué le pic de chaleur pendant les moissons. Une coordination des secours, couplée à une prise de conscience des premiers concernés, à savoir les agriculteurs, semble faire son œuvre.

D’autres réflexes sont à prendre encore, comme la possibilité de se localiser immédiatement auprès des secours. Pour ça, avoir son téléphone sur soi et son GPS activé. Une appli gratuite peut aussi être installée, qui permet de se localiser en cas d’urgence : GPS-DFCI.

En périodes de risques, prendre le temps de faire un ou deux passages au milieu de la parcelle afin de créer un tunnel qui stoppera le feu et facilitera l’accès des secours en cas de besoin. « On perd souvent plus à vouloir gagner du temps », philosophie le colonel du Sdis

Les feux de forêt, aussi une réalité

À cette prise en compte progressive des feux de moissons s’ajoute celle, inévitable, des feux de forêts. Si la région est plus pauvre en zones boisées que d’autres (3 % des forêts françaises) et si on y trouve moins de résineux (plus combustibles) qu’ailleurs, c’est une réalité qui augmente à mesure que le thermomètre s’affole. Des protocoles et formations se déploient, avec l’ONF notamment. « On y est, il faut s’organiser », exhorte le colonel Desquiens au sujet du réchauffement climatique et de ses conséquences directes sur nos vies.

Justine Demade Pellorce

Lire aussi : Incendies : Pierre Declercq, du Sdis du Nord, témoigne de la situation sur le terrain

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Pourquoi la rivière de la Ternoise a été reméandrée ?
La Ternoise, affluent de la Canche, a été reméandrée à hauteur de la commune d'Huby-Saint-Leu. Si au départ l'ambi [...]
Lire la suite ...

Dunkerque et son port à l’Exposition Universelle d’Osaka 2025 !
Dunkerque et son port représenteront la France lors de la quinzaine thématique du Pavillon France intitulée « Ville [...]
Lire la suite ...

Téléchargez les mesures prises dans votre arrondissement suite aux inondations
Onze mois après les violentes inondations dans le Pas-de-Calais, Thomas Degos, préfet délégué en charge de la gesti [...]
Lire la suite ...

Innovations alimentaires : qu’est-ce qu’on mange demain ?
Food Creativ récompense les produits agroalimentaires innovants créés dans la région. La remise des prix a eu lieu l [...]
Lire la suite ...

DOSSIER : Gestion des eaux et environnement
Explorez les solutions durables pour la gestion de l’eau, la prévention des inondations et la protection de l’envir [...]
Lire la suite ...

Les contrôles de la Dreal renforcés
Dans les Hauts-de-France, 130 inspecteurs de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Log [...]
Lire la suite ...

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la “pâtissière du confinement”
La treizième saison du Meilleur pâtissier démarre jeudi 10 octobre sur M6. Parmi les 14 candidats sélectionnés sur [...]
Lire la suite ...

Le patrimoine, trésor des territoires
Chacun s’accorde à affirmer l’importance du patrimoine local, mais quand il s’agit de passer à la caisse, c̵ [...]
Lire la suite ...

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole
L'entreprise Cocolodge propose une formation pour accueillir du logement insolite sur les exploitations agricoles. Très [...]
Lire la suite ...

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité
Ce mardi 24 septembre, la première édition des Rencontres biodiversité était organisée. L'objectif était notammen [...]
Lire la suite ...

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait
Dans un communiqué de presse publié jeudi 26 septembre 2024, le géant Lactalis confirme les rumeurs : la collecte de [...]
Lire la suite ...

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?
Le président de la chambre d'agriculture du Nord-Pas de Calais a présenté son budget rectificatif 2025 couplé d'un p [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Au lycée horticole de Raismes, on forme à faire et défaire
Le lycée horticole de Raismes compte près de 330 élèves formés en aménagement paysager, fleuristerie, horticulture [...]
Lire la suite ...

Le relais des Sources : Une ferme en danger après les inondations
Les inondations de l'hiver dernier ont laissé des traces... et notamment au Relais des sources, la ferme pédagogique b [...]
Lire la suite ...

Nouveaux établissements scolaires labellisés « Ici je mange local »
Le Département du Nord s'est engagé il y a plusieurs années en faveur d'une restauration de qualité pour l'ensemble [...]
Lire la suite ...

Comment se préparer aux risques d’inondation ?
Au SmageAa, Alexia Fostier est chargée du risque inondation. Elle accompagne non seulement les élus dans la production [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires