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Les pompiers sont très sollicités cet été avec les risques d’incendies en espaces naturels et les secours à la personne. Le point avec le lieutenant colonel Pierre Declercq, chef du groupement opération et coordination des secours au service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Nord.
Sur tout le mois de juillet, dans le Nord, nous avons comptabilisé 402 opérations contre des feux en milieu naturels. En 2021, il n’y en avait que 59. Les principaux feux concernent les broussailles et herbes en bordure de route. Nous avons agi sur 35 feux dans des parcelles de céréales récoltées et huit pour des cultures sur pied, soit une trentaine d’hectares. Chose nouvelle cette année, nous avons eu un feu de végétation en forêt, dans la tourbe donc rien à voir avec ce qu’on peut voir dans les régions du sud. Nous avons eu également deux feux de végétaux dans les dunes.
Nous tentons de classer les territoires selon les risques potentiels. En cas d’incendie, nous déclenchons un dispositif spécifique pour intervenir rapidement. Depuis quatre ans, certains pompiers dans quelques centres certifiés de la région ont suivi une formation pour lutter contre les feux en espaces naturels et sur les cultures, plus fréquents dorénavant.
Cette spécialisation passe par l’utilisation de véhicules dédiés pour lutter aussi bien en milieu naturel qu’en milieu urbain et l’appui de matériels spécifiques comme des clés de portage pour pouvoir agir au plus près du foyer.
Il faut, aussi, souligner qu’une trentaine de pompiers sont allés porter du renfort à ceux de Gironde, du Finistère et des Bouches du Rhône la deuxième quinzaine de juillet. Même si ce temps est pris sur leurs repos ou leurs congés, les équipes sur le terrain dans notre région sont allégées. Sans compter les congés estivaux de chacun.
Pour prévenir les incendies, nous mesurons tous les jours les risques. Il y a quatre facteurs : la météo, avec la température, l’hygrométrie et le vent ainsi que le facteur humain. Sur ce dernier, nous tentons d’alerter la population via la préfecture et nos réseaux sociaux. Mais nous devons reconnaître que nous sommes un département avec une densité de population très élevée, ce qui cause davantage de risques. Nous ne disposons pas de moyens pour faire de la prévention sur le terrain malheureusement. Par ailleurs, nous suivons l’avancée des récoltes très précisément car les travaux des champs sont des facteurs de risques supplémentaires.
La profession est très bien représentée et il est facile de dialoguer ou alerter les agriculteurs. Lorsque les risques d’incendies en milieux naturels sont très élevés, nous effectuons une réunion interservices à la préfecture pour déterminer les actions à mener. Nous alertons le préfet sur les niveaux de risques et en concertation avec les autres représentants, il décide des mesures à prendre. Ainsi, avec moins de la moitié des céréales récoltées avant le 19 juillet (pic de chaleur dans le Nord, ndlr), et l’importance économique et géopolitique de réaliser la moisson dans les meilleures conditions, aucune restriction n’a été prise cette fois-ci.
La moisson étant terminée, nous avons un point de vigilance en moins. Cependant, l’épisode de sécheresse se poursuivant, nous restons très mobilisés dans le Nord mais aussi pour prêter main-forte dans les autres régions de France. Il ne faut pas oublier que les incendies ne sont qu’une partie des services que rendent les pompiers. Les interventions pour porter secours aux personnes sont très nombreuses, nous comptons plus de 530 interventions chaque jour dans notre département.
Les enjeux sont de former et sensibiliser les pompiers aux nouveaux risques. À ce jour, aucun pompier dans le Nord n’est formé à la gestion des feux de forêt. Le risque d’avoir un feu de forêt chez nous est inexistant pour le moment. Nos forêts sont bien différentes de celles du sud de la France. Il n’empêche, deux personnes vont suivre une formation approfondie.
Mais dans les prochaines années, nous estimons qu’il n’y aura pas vraiment de nouveaux risques mais que toutes les situations que nous vivons depuis le début de cet été seront plus nombreuses et que les niveaux de risques seront plus longtemps élevés. L’avancée des moissons risque d’être un facteur que nous allons prendre encore plus en compte. Nous avons donc besoin d’investir dans des engins performants et polyvalents.
Lucie Debuire
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