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Ombeline Gille a une passion : entreprendre. C’est donc logiquement qu’après son bac, la jeune femme se lance dans des études de commerce. Puis deux expériences vont lui permettre d’affiner son projet professionnel. Un séjour en Inde d’abord, où elle a l’opportunité de travailler avec des personnes en situation de handicap : « Ce sont des gens qui apportent de l’authenticité, de la simplicité et de la joie », résume-t-elle.
Puis un contrat chez un maraîcher, basé à Villeneuve-d’Ascq (59) : « Être dans les champs, ce n’était pas trop mon truc, concède-t-elle. Mais j’ai été interpellée par les problèmes de surplus de production dont le maraîcher ne savait pas quoi faire et qui était parfois perdu… » Une expérience qui tombe en 2020, la même année que la crise sanitaire du covid : « J’ai eu le temps de cogiter, de prendre du recul et de me questionner sur le mode de fonctionnement de notre société. »
C’est ainsi que l’idée de créer une conserverie pour valoriser les invendus et surplus des productions du milieu agricole éclôt. « Et en plus d’aimer entreprendre, j’ai toujours été passionnée par la cuisine. Sans oublier que mes parents étaient grossistes en fruits et légumes, c’est donc un monde dans lequel j’ai baigné et la résilience alimentaire est un sujet qui me touche particulièrement. »
L’ambition d’Ombeline Gille est aussi de travailler avec des personnes porteuses de handicap. Son leitmotiv sera donc : inclure les personnes en situation de handicap dans la société tout en promouvant une alimentation saine et durable. Un concept qu’elle teste d’abord à Nantes dans le cadre d’un projet d’études avec des camarades. « Personne ne souhaitait poursuivre ce projet une fois son diplôme en poche, je suis donc rentrée à Lille avec ! »
En 2022, Ombeline Gille crée donc La cuisine de Jeannette. « Jeannette, c’est un clin d’œil à mon arrière-grand-mère. De là-haut, elle nous guide dans notre mission : construire un monde plus juste, plus sobre et plus joyeux », explique la jeune femme aujourd’hui âgée de 28 ans. Son idée séduit et plusieurs personnes décident de prendre part à cette belle aventure.
L’idée de départ est de fabriquer des confitures à partir de fruits déclassés ou invendus et pourquoi ne pas inclure aussi les légumes dans l’aventure qui peuvent faire du ketchup et autres tartinables.
Pour se fournir, Ombeline Gille se tourne vers les agriculteurs du secteur et les grossistes. « On récupère les fruits et légumes qui ne répondent pas au bon calibre, qui sont trop mûrs ou qui ne trouvent pas preneurs… Nous les achetons à des prix adaptés, il s’agit aussi parfois de dons. Nous avons également un système de troc, où l’agriculteur récupère un quart des confitures ou tartinables que nous avons fabriqué à partir de ses produits. Et nous travaillons également à façon », énumère-t-elle.
Pour ses débuts, La cuisine de Jeannette a pris ses quartiers dans la cuisine des grands-parents d’Ombeline Gille. « C’est aussi mon grand-père qui faisait beaucoup de confitures, qui nous a donné ses recettes secrètes », sourit l’entrepreneuse qui confie tout même qu’elle met « moins de sucre que lui ! » Des recettes qu’elle et son équipe affinent en fonction des arrivages des produits, mais aussi en y ajoutant leur touche afin de proposer des produits qui sortent de l’ordinaire. « Je me suis tournée vers Vitaminherb qui cultive des herbes aromatiques incroyables. » Résultat : des confitures de kiwi ou encore de courgettes, mais aussi des pomme-lavande ou abricot-romarin… Des produits que l’on retrouve dans certaines épiceries et magasins de la région.
En parallèle, Ombeline Gille entreprend les démarches pour obtenir l’agrément d’entreprise adaptée. Il permet d’avoir des subventions pour embaucher des personnes en situation de handicap. Elle l’obtient en 2023.
Aujourd’hui, La cuisine de Jeannette, c’est six salariés, dont quatre personnes en situation de handicap physique ou psychique, mais surtout de la bonne humeur et de la bienveillance. En octobre dernier, Ombeline Gille et son équipe ont déposé leurs marmites et autres ustensiles dans les locaux de la ruche d’entreprises d’Armentières, un retour aux sources pour la jeune femme originaire de la cité de la Toile, mais surtout l’occasion de se structurer davantage. « Nous avons enfin notre propre cuisine, c’est un réel confort, s’enthousiasme Ombeline Gille. L’été est la période de l’année la plus chargée pour nous. C’est donc la première fois que nous allons voir ce que nous sommes capables de faire avec notre propre outil de production. » Depuis sa création, La cuisine de Jeannette a sauvé cinq tonnes de fruits et légumes du gaspillage, « l’objectif est de parvenir à 10 tonnes sur 2024 ».
Et pour l’avenir, la jeune entrepreneuse ne manque pas de projets : « Pour cette année, je me suis donnée comme mission de créer un système de consigne pour nos bocaux et un click and collect pour les particuliers, mais aussi de développer nos partenariats avec les maraîchers. » Alors avis aux intéressés, l’appel est lancé !
Hélène Graffeuille