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Lutter contre le gaspillage alimentaire, c’est l’ambition de la société Atypique. Un objectif parti d’un constat, celui de Simon Charmette. Ce dernier, l’un des fondateurs de l’entreprise, est fils d’agriculteurs. Ses parents possédaient une exploitation en Ardèche et y cultivaient notamment des pommes de terre et des châtaignes bio dans les années 1980. Pour des problèmes de calibre, une partie de leur production servait de nourriture… aux cochons !
En 2021, après des études d’ingénieur et un projet humanitaire, il décide de trouver une solution pour aider les producteurs de fruits et légumes, à la source du gaspillage. C’est là que Thibault Kibler s’associe à ce projet. Plus de 13 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année en France, selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique, dont près de 30 % sont des fruits et légumes. « On estime que 11 % de la récolte d’un producteur est gaspillée. Il a utilisé du temps et de l’énergie pour un produit que l’on ne mangera même pas. Cela représente un manque à gagner d’un milliard d’euros », martèle Thibault Kibler.
L’idée de départ est de créer une market place à destination des particuliers qui y passeraient commande : « Mais nos produits sont vivants, il fallait donc être rapides. Nous nous sommes donc plutôt orientés vers les professionnels. C’était aussi le moyen d’avoir un plus gros impact pour lutter contre le gaspillage alimentaire », explique Thibault Kibler.
C’est ainsi qu’est né, à Lyon, Atypique qui se présente comme le premier grossiste de fruits et légumes déclassés. Selon l’entreprise, depuis 2021, 3 000 tonnes de fruits et légumes ont ainsi été sauvées du gaspillage, permettant d’économiser 900 tonnes de CO2 et 1,8 million de litres d’eau.
Le principe : Atypique se fournit directement auprès des agriculteurs ou des coopératives. Quelque 120 producteurs, dont la Ferme d’Arnaud à Coutiches (59), entre Orchies et Douai, approvisionnent ainsi l’entreprise. Des produits qui sont ensuite revendus à des professionnels de la restauration, notamment des groupes de restaurations collectives (restaurant d’entreprise, scolaire, médical, social…) mais aussi de la restauration commerciale comme l’hôtellerie, des traiteurs, des épiceries…
Atypique achète majoritairement des fruits et légumes déclassés qui ne peuvent pas être valorisés dans les circuits classiques, permettant de cette manière de soutenir les agriculteurs français en leur apportant un complément de revenus. « Des fruits et légumes déclassés ne veulent pas forcément dire moches, précise le co-fondateur. Ils peuvent avoir un défaut esthétique, de calibre – ils sont trop petits ou trop grands – ou de forme. »
Chez Atypique, il n’est donc pas rare de trouver des oignons de 500 grammes, des patates douces de 2 kg, ou encore des pastèques de 400 grammes ! Mais pas seulement : « Nous prenons également les marchandises que les producteurs n’arrivent pas à vendre faute de clients », détaille Thibault Kibler. Et de prendre l’exemple des salades : « En France, une salade sur deux part à la poubelle, avance l’entreprise lyonnaise. Elles sont parfois mises de côté car elles sont hors calibre ou que leurs feuilles sont un peu abîmées, mais il arrive aussi que la demande ne soit pas assez forte, la météo a une influence sur les achats des consommateurs. Pour des raisons économiques, les producteurs ont donc plus intérêt à ne pas les ramasser plutôt que d’essayer de les vendre. » Mais ça, c’était avant Atypique !
Un système qui permet ainsi d’avoir « des produits 100 % français et 100 % de saison », met en avant Thibault Kibler. Et de poursuivre : « Nous avons 50 % de bio, 30 % de HVE et 20 % de conventionnel. C’est donc une opportunité pour les restaurations collectives de respecter la loi Egalim qui exige un minimum de 20 % de produits bio dans les repas servis, et ce, à moindre coût. » Car chez Atypique, les prix peuvent aller jusqu’à 70 % de réduction par rapport aux distributeurs traditionnels.
Une fois les fruits et légumes achetés, ils sont stockés dans l’un des quatre entrepôts de la marque : le premier a ouvert à Lyon en 2021, suivi d’une deuxième à Paris en 2022, d’un troisième à Marseille en 2023, avant un quatrième qui vient d’ouvrir à Carvin (62). Les clients peuvent faire leur marché, sur le web. « Tous nos produits sont pris en photos, pour que les clients sachent à quoi s’attendre. Il est expliqué pour quelles raisons ils sont déclassés et de quel département ils proviennent », indique le co-fondateur. Puis ils sont livrés.
Avec l’entrepôt à Carvin, « nous sommes capables de livrer deux tiers de la France », souligne Thibault Kibler.
Mais le grossiste de fruits et légumes déclassés ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « L’objectif est aujourd’hui d’aller chercher le grand est, le grand ouest et le sud ouest », poursuit-il.
L’entreprise, qui compte aujourd’hui une trentaine de salariés (la partie logistique étant sous-traitée), réfléchit également à élargir son offre « peut-être sur les produits laitiers ou encore sur la viande. » L’entreprise lyonnaise ne manque pas d’idées pour la suite !
Hélène Graffeuille