Annette Masson, présidente de Tourisme & handicaps : « Il faut être un peu partout pour que, petit à petit, ça avance »

Annette Masson est la présidente de Tourisme & handicaps, association dont l’objectif est l’accessibilité aux loisirs et au tourisme des personnes en situation de handicap. Elle multiplie ainsi les combats avec l’envie de faire évoluer la société. Portrait forcément engagé.

« Personnellement, je ne suis pas en situation de handicap et je n’ai pas de conjoint ni d’enfant en situation de handicap », explique d’emblée Annette Masson. La présidente de l’association Tourisme & handicaps souhaite mettre fin à première idée reçue et passer un message : « Ce n’est pas parce qu’on n’est pas soi-même concerné par le handicap qu’on ne peut pas se préoccuper de ce sujet. »

Avec cette mentalité, la Francilienne façonne depuis plusieurs années sa vie autour de ses multiples engagements envers les autres. Le premier d’entre eux est donc le combat qu’elle mène pour l’accès aux loisirs et au tourisme des personnes en situation de handicap avec l’association Tourisme & handicaps, qu’elle a cofondée en 2001. Annette Masson était alors à la tête de la FFTST, la Fédération française des techniciens et scientifiques du tourisme. Des associations l’ont contactée pour améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap au tourisme et aux loisirs.

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Elle n’a pas hésité et en plus de 20 ans, l’association a fait beaucoup pour l’accessibilité des personnes en situation de handicap. Deux marques d’État ont vu le jour et plus de 4 000 établissements touristiques sont aujourd’hui labélisés et donc accessibles.

Mais Annette Masson ne s’est pas arrêtée là et a multiplié en parallèle les casquettes. DRH pendant longtemps pour le groupe suisse Kuoni, elle est partie au Maroc dans les années 2000 pour aider au développement de l’offre touristique locale.

Engagée contre le tourisme sexuel

Elle s’est engagée, dans le même temps, contre le tourisme sexuel, l’autre grande cause qu’elle défend. Face à ce fléau qui sévit en France, comme ailleurs, elle fait de l’information et de la sensibilisation. Devenue formatrice, elle intervient dans des BTS tourisme pour sensibiliser les jeunes professionnels aux problématiques qui lui tiennent à cœur : « Il faut être un peu partout pour que, petit à petit, ça avance. » Son nom apparaît ainsi au conseil d’administration de l’association des Acteurs du tourisme durable.

Femme engagée, Annette Masson s’investit aussi pour ses pairs. Elle est l’une des cofondatrices de l’association Femmes du tourisme en 2005. « Je fais partie d’une génération où ce n’était pas facile en tant que femme, raconte la Francilienne. J’ai eu de la chance d’avoir des patrons ouverts qui m’ont donné des responsabilités, mais c’était compliqué. »

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Elle décrit les années 1990 quand, lors de grandes messes réunissant les cadres européens des entreprises du tourisme, elles étaient deux femmes pour 70 collègues masculins. Si la société avance dans le bon sens selon elle, « il faut que les jeunes femmes d’aujourd’hui continuent de faire avancer les choses », affirme Annette Masson.

Toujours aussi active à 67 ans, elle envisage de lever un peu le pied, « dans un ou deux ans ». En attendant, 2024 est une année importante à ses yeux, parce qu’olympique.

Paris 2024 : « Quand même, ne nous ratons pas ! »

Avec Tourisme & handicaps, elle a soutenu les candidatures françaises, celle perdue de 2012, puis Paris 2024, consciente de ce que vont apporter les Jeux olympiques et paralympiques sur plusieurs plans. « Pour nous, c’est faire évoluer les mentalités, déjà. C’est aussi l’amélioration des infrastructures, l’accessibilité des piscines, des transports publics… Il y a des tas de choses qui sont positives. » Malgré tout, Annette Masson était mitigée lors de sa venue sur le salon Tourissima, fin janvier 2024 à Lille.

« Je ne parle pas des sportifs, mais je parle du visiteur et de l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap. » Zones inaccessibles, problèmes de surcharges des transports, oubli de places réservées dans certains cas… Tout un tas de problèmes étaient loin d’être réglés quand, parallèlement, l’avenir des marques portées par son association était en suspens.

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Annette Masson insiste ainsi à propos de ces rendez-vous olympique et paralympique : « Quand même, ne nous ratons pas ! On est la première destination mondiale du tourisme, il faut qu’en termes d’accueil et de logistique, on soit très bon. »

Kévin Saroul