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C’est peu de dire que ce vendredi 11 décembre est source de tensions à la tête du deuxième groupe sucrier mondial. Après le vote de renouvellement, lundi 30 novembre, d’un tiers du conseil de surveillance du groupe Tereos, ce dernier doit élire son président. Lequel doit renouveler – ou non – sa confiance au directoire, avec à sa tête depuis 2012 Alexis Duval.
Mais depuis une semaine, les représentants des salariés se sont comme invités dans l’isoloir. D’abord à coups de communiqués, puis en organisant une grève nationale mercredi 9 décembre, pour soutenir la direction en place.
“Il y a un risque d’implosion du groupe, avec la fermeture d’usines, affirme Lionel Cavennes, délégué syndical CGT de Tereos. De plus, il y a un sérieux problème d’éthique au sein de cette nouvelle gouvernance. Les coopérateurs “frondeurs” opposés à la direction reviennent en force, dont certains ont été condamnés pour dénonciation calomnieuse.”
Ce qui inquiète le délégué syndical, c’est la politique qui risque d’être mise en place si la gouvernance change. “Nous avons rencontré des membres du bureau, une fraction du conseil de surveillance. Leur politique, ils nous l’ont clairement exposée : fermeture des usines d’Artenay (45), d’Haussimont (51), puis de Chevrières (60) dans un second temps. Le tout pour des questions de rentabilité et de remontées de dividendes.” “En aucun cas les nouveaux élus n’ont parlé de fermeture d’usine, répond Christophe Mullie, coopérateur de Tereos et président de la Confédération générale des planteurs de betterave Nord-Pas de Calais. C’est une fake news !”
“En aucun cas les nouveaux élus n’ont parlé de fermeture d’usine.
Christophe Mullie, coopérateur de Tereos et président de la Confédération générale des planteurs de betterave Nord-Pas de Calais
C’est une fake news !”
Pour le syndicaliste betteravier, la situation est simple : “On a instrumentalisé les représentants des salariés. Dans ce genre de situation, mieux vaut rester à sa place. Les syndicats ne sont pas ceux qui dirigent, et ils jouent à un jeu dangereux. Il y a de gros enjeux, mais à leur niveau rien ne va changer.”
“Pour analyser la santé financière du groupe, nous nous appuyons sur des expertises d’un cabinet indépendant, Projexa, réplique Lionel Cavennes. Celui-ci certifie que la diversification qui a eu lieu ces dernières années est profitable. Dans la tempête de la Covid-19 et de la jaunisse, Tereos s’en sort bien mieux que ses concurrents sans avoir eu besoin de fermer d’usines. Au fond, ce qui m’inquiète, c’est le changement de politique. Un coopérateur pourra toujours changer de coopérative. Mais vu la situation de l’emploi dans certaines régions, si on perd les nôtres ce sera très dur d’en retrouver.”
“Pour fermer des usines, il faut des surfaces de betteraves qui diminuent drastiquement, ce qui n’est pas le cas, conclut Christophe Mullie. D’autant plus qu’on a obtenu des dérogations pour les NNI (néonicotinoïdes), ce qui nous donne une garantie agronomique. En revanche, quand vous analysez les comptes de Tereos, ce qu’on voit est grave. On a quand même émis 300 millions d’obligations à plus de 8 % ! Il faut rectifier le tir.”
Lucie De Gusseme