« C’était gagnant pour l’industrie, perdant pour l’agriculture. On se dirige vers du gagnant – gagnant« , reconnaît Denis Bollengier au sujet des compensations environnementales. Le coprésident de la section dunkerquoise de la FDSEA salue le travail et les orientations de l’État « avec qui le dossier a pu avancer au prix d’une mobilisation constante« , pense l’élu syndical tout en prévenant aussitôt : « Il y a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête des agriculteurs du Dunkerquois. » Façon de ne surtout pas lâcher de terrain.
« Les agriculteurs ne sont pas contre le développement économique, tient-il à répéter. Mais on observe beaucoup de choses. Sur l’ERC (éviter, réduire, compenser, ndlr) notamment, c’est tellement facile d’aller à la troisième lettre. » C’est d’ailleurs un petit projet d’implantation d’unité de méthanisation qui avait fait déborder le vase mi-décembre et conduit la FDSEA à manifester devant le siège de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD). « Une construction sur moins d’un hectare, qui serait compensée sur sept hectares. Tout ça en commençant les travaux avant même que le permis ne soit définitif« , croit savoir l’élu syndical qui dénonce une absence de règles – comment en est-on arrivé à ces sept hectares ?- et un manque de communication, les agriculteurs ayant appris la chose par hasard. Une goutte d’eau, quelques petits hectares, qui venaient ajouter à l’incertitude.
L’agriculteur à Esquelbecq prévient qu’il « ne veut pas que l’agriculture soit la surface d’ajustement« , rappelant qu’outre les compensations du port de Dunkerque, qui lui semblent gérées, viendra le temps du développement, encore, des logements et des services permettant d’accueillir les 20 000 postes annoncés sur le territoire. L’élu syndical a entendu, et il salue, le parti pris de l’État de ne plus toucher aux terres agricoles, et invite à regarder du côté des friches ou des terrains délaissés comme cela se fait.
Sur les surfaces destinées à l’activité agricole du grand port maritime de Dunkerque, Denis Bollengier estime que cela « pourra servir de complément à quelques-uns, déjà installés« , sans plus. Une position différente pour la Confédération paysanne qui voit dans ces surfaces destinées à l’agriculture raisonnée « une opportunité » puisque les jeux sont faits sur l’artificialisation de cette zone. « Peut-être ces surfaces permettront-elles d’installer quelques maraîchers – d’autant plus pertinent sur ce bassin de population encore amené à s’accroître – et quelques éleveurs, même s’il y en a très peu sur la côte« , imagine et relativise en même temps Jean-Luc Bardel.
Lui est maraîcher retraité dans les Flandres, membre du syndicat paysan. Il se souvient comment « les expropriations sur le port, en 1973, avaient concouru – avec la pomme de terre et les Belges, complète-t-il – à renchérir le foncier agricole sur ce territoire. Les agriculteurs avaient alors été très bien indemnisés et certains étaient venus racheter des parcelles dans les terres« , rappelle-t-il. Les mêmes agriculteurs qui, avec leurs baux d’occupation précaire, ont continué à cultiver pendant 50 ans, un beau sursis reconnaissent les uns et les autres. Pour ce qui est de la pomme de terre, le problème n’a fait que s’aggraver avec l’implantation de l’usine Clarebout sur le port, rappelle Jean-Luc Bardel : « Ce symbole de l’agro-industrie, pour ne pas dire de la malbouffe, pose des problèmes de sols et de gestion de l’eau. Depuis 20 ans, la Confédération paysanne, qui a été la seule à s’opposer à ce projet, lutte contre le libre-échange : pour nous, Clarebout c’est le Mercosur à l’envers« , ne peut occulter le représentant.
Ceci dit, pour lui, les 262 hectares de surfaces à vocation agricole du port de Dunkerque, ce n’est pas accessoire, « c’est aussi l’opportunité de faire valoir d’autres pratiques, à condition d’accompagnement« . Financier, il s’entend, on a trop souvent attendu après le chèque de la PAC sur les mesures compensatoires pour ne pas se dire vigilant là aussi. Sur cette question, le grand port maritime de Dunkerque se dit prêt à un accompagnement financier.
Sur la convention signée avec le Conservatoire du littoral enfin, Denis Bollengier rappelle : « Partout dans les grandes villes, des projets de 50 ou 100 hectares ont pu être compensés, des solutions ont été trouvées. Ici nous sommes les premiers à avoir des projets de telle envergure, il faut trouver d’autres solutions et cette convention va dans le bon sens », analyse l’élu FDSEA. Des idéologies différentes mais une volonté de s’inscrire dans le mouvement.
J. D. P.
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